dimanche 16 mars 2008

La Saint-Barthélemy


Arlette JOUANNA, La Saint-Barthélemy -- Les mystères d'un crime d'État, Paris, 2007 (416 pages).

Un ami m'a demandé, qui me voyait lire ce nouveau titre, paru dans la belle collection Les journées qui ont fait la France, ce qu'il y avait bien encore à apprendre de cet horrible crime découlant de l'absolutisme monarchique et du fanatisme religieux. Certes, les faits sont connus (voir ci-dessous). Mais la lecture qu'on en fait, et surtout de celle des historiens des deux côtés, catholiques et protestant, a quelque peu évolué.

Présentation de l'éditeur :
Le 18 août 1572, Paris célèbre avec faste le mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre, événement qui doit sceller la réconciliation entre catholiques et protestants. Six jours plus tard, les chefs huguenots sont exécutés sur ordre du Conseil royal. Puis des bandes catholiques massacrent par milliers « ceux de la religion » – hommes, femmes, vieillards, nourrissons...

Comment est-on passé de la concorde retrouvée à une telle explosion de violence ? Comment une « exécution préventive » de quelques capitaines a-t-elle pu dégénérer en carnage généralisé ? Quel rôle ont joué le roi, la reine mère, les Guises, le très catholique roi d'Espagne ? De ces vieilles énigmes, Arlette Jouanna propose une nouvelle lecture.

La Saint-Barthélemy n'est l'œuvre ni des supposées machinations de Catherine de Médicis, ni d'un complot espagnol et encore moins d'une volonté royale d'éradiquer la religion réformée. Charles IX, estimant sa souveraineté en péril, répond à une situation d'exception par une justice d'exception. Mais en se résignant à ce remède extrême, il installe, sans en faire la théorie, une logique de raison d'État.

Cette tragédie, vécue comme une rupture inouïe, suscite une réflexion foisonnante sur les fondements du pouvoir, les limites de l'autorité, la légitimité de la désobéissance ; sur le danger aussi que font courir les divisions religieuses aux traditions du royaume. Mais cet effort de restauration politique va se heurter à la sur-sacralisation du roi, qui ouvre la voie à l'absolutisme des Bourbons.
Ainsi constate-t-on que notre époque n'a rien inventé en ce qui a trait à ce qu'on appelle maintenant la frappe préventive. Ni en ce qui touche la construction de l'opinion publique.

Ni, hélas, en ce qui touche la barbarie meurtrière, quand elle ne peut supporter la présence de l'Autre.

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