« Cette impression jamais atteinte de profusion, de gigantisme, de métastase devant la production romanesque de la rentrée, cette sensation, si splendidement résumée par Jean Paulhan, de lire des " livres-que-c'est-pas-la-peine ", en voici, lumineuse comme l'éclair sur fond de nuées grises l'explication !
Les candidats aux prix d'automne, si brillants qu'ils se montrent, si émus, si impatients de s'exprimer, ont terriblement l'air de concourir à date fixe, de tâter du roman parce que c'est l'époque et le moment, de publier pour la seule raison que leur position dans l'édition ou les médias leur en donne le droit, pour calmer un ego en manque d'image d'artiste... »
Ceci a été publié le 18 septembre dans Le Monde. Le 18 septembre 1987 ! Écrit par Bertrand Poirot-Delpech.
Il m'arrivant, avant Internet, de découper des articles dans les journaux. Celui-ci est tombé du roman dont il est la critique, Ève, de Guy HOCQUENGHEM. Livre que je replaçais dans ma bibliothèque selon l'ordre alphabétique que j'avais, en vidant les boîtes, un peu malmené.
Vingt-et-un ans tout juste.
Sur le coup, vous connaissez mon sentiment sur l'agitation de la rentrée, j'ai décidé de le relire. Je m'en souvenais, l'histoire n'est pas banale, mais le titre de l'article de BPB, comme on l'appelait parfois, a piqué ma curiosité : « Enfin un roman nécessaire ! »
Hormis quelques gadgets techniques -- introduisez l'omniprésence du téléphone, et le récit est chamboulé --, il ne semble pas avoir vieilli. Au contraire.
Après une cinquantaine de pages, c'est comme s'il était tout neuf. C'est dire, aussi, que je le suis un peu moins. Je vais donc délaisser un peu Onfray pour ce roman. À suivre, comme on dit parfois.
Guy HOCQUENGHEM, ÈVE, Albin Michel, Paris, 1987 (321 pages) (L'édition de poche date de 1992, il y a eu une nouvelle édition en 2000)
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