dimanche 28 juin 2009
Citation
Ah, l'esprit français !
samedi 27 juin 2009
Un film vingt ou trente ans plus tard
Étrange journée que ce samedi de fin juin, lourd d'orages qui n'auront été qu'annoncés, et de cette chaleur humide qui rend hébété. Songeant à m'en débarrasser, il ne s'en fait plus, et, sauf peut-être aux États-Unis, il n'y en a guère eu, ce support n'ayant jamais eu beaucoup de succès, faisant la transition entre la cassette vidéo et le dvd, j'ai commencé hier soir, vendredi déjà fort chaud, à faire le tri dans ma collection de Laser Discs, m'arrêtant aux Woody Allen, de Interiors à Mighty Aphrodite. J'en ai mis un dans le lecteur, autre vestige des années 90, après l'avoir branché sur le téléviseur, Interiors, justement, dont mon ancien patron m'avait parlé il y a deux ou trois jours, qui l'avait vu à la télévision, capable qu'il est de citer des pans complets du dialogue, et qui m'avait marqué à sa sortie, – je ne connaissais pas le premier Woody Allen, le comique – et d'ailleurs je faisais au milieu des années 70 mon initiation cinématographique, des amis se chargeant de me sortir de mon inculture, et, après quelques hoquets l'appareil a bien voulu fonctionner et j'ai regardé le film – un assez mauvais transfert, analogique, et en version plein écran. Puis, il n'était pas encore très tard, Purple Rose of Cairo, qui m'a toujours semblé être le plus fin des Allen. J'ai terminé la soirée dans un livre, comme il se doit, un livre d'entretiens avec Allen datant de la fin des années 90 et j'ai lu le chapitre sur Interiors, puis, au hasard, celui sur September, que je voulais regarder ce soir, ne l'ayant vu qu'une ou deux fois, mais j'ai finalement choisi Another Woman, de 1986, un des films qui m'a le plus marqué – les moments forts de mon analyse --, et avec le personnage principal duquel, interprété par Gena Rowlands, je me suis toujours identifié. Elle atteignait la cinquantaine, j'en avais alors à peine 33, j'en ai maintenant 55. Ce n'était pas à l'âge que je m'identifiais, c'est évident, mais à la carence affective de cette femme : toute raison, et rien dans le cœur. Oui, maintenant, je comprends, qui encore fort cérébral, ai appris à ne plus laisser mon « cœur en hiver » ou, pour être plus précis, à qui celui qui est maintenant dans ma vie, même s'il n'est pas encore dans mon quotidien, a révélé l'importance, la grande importance, des sentiments. Les pochettes sont éparpillées sur la moquette, est-ce que je me laisse aller à la sentimentalité ? J'ai 55 ans et j'aime. L'analyse a pris fin, le thérapeute – et moi aussi – a pris sa retraite. Cet homme de 33 ans…celui de 55 ans : et demain ?
Stig BJÖRKMAN, Woody et moi, Cahiers du Cinéma, 1993
lundi 22 juin 2009
Le bateau libre - émission littéraire
L'internet a libéré Frédéric Ferney : et nous profitons de cette liberté. Tout d'abord le blog, maintenant l'émission. Et sans réclame.
Vivement recommandé : pour lire libéré.
Résidence des étoiles
Angelo RINALDI, Résidence des Étoiles, Fayard, Paris, 2009 (321 pages).
Me voici bien entré dans le nouveau roman de l'académicien – certains diraient académique – RINALDI, ci-devant critique littéraire, et me voici, encore cette fois pris sous le charme de cette écriture ample. On compare celle-ci à celle de PROUST, elle en a, certes, le souffle, mais, pour moi, je la comparerais davantage à l'effervescence du champagne dont les bulles montent innombrables du fond de la coupe jusqu'à la surface; ainsi les souvenirs du passé atteignent le présent, celui du personnage principal, Antoine, et de ceux qui revivent, avec lui, dans cette impasse du XVIIe arrondissement où il revient.
Et pourtant, hasard de la bibliothèque, me revient l'essai Le moment fraternité de Régis DEBRAY, que j'avais dû rapporter sans l'avoir terminé; il semble bien que celui qui l'aura emprunté après moi ou bien aura pratiqué la lecture rapide, ou bien ne l'aura pas aimé, car c'est le même exemplaire que je tiens aujourd'hui et reprends là où je l'avais abandonné. Je vais donc alterner de l'un à l'autre.
Je serai auparavant, encore une fois par jeu du hasard, revenu au XVIIe siècle et à la Phèdre de RACINE, dont je verrai jeudi, au cinéma, la représentation. Eh oui ! c'est désormais au cinéma que l'on voit du théâtre. Et si je n'aurai pas la joie d'imaginer la BERMA, j'aurai celle de voir la MIRREN interpréter le rôle de la reine incestueuse et adultère. Une production du National Theatre de Londres. Il est encore temps de vérifier s'il reste des billets… J'avoue avoir eu un grand plaisir à relire ce texte, depuis longtemps enfoui dans les souvenirs de collège, et d'une lointaine représentation au Théâtre du Nouveau Monde, mais également l'appareil critique qui l'accompagne dans l'édition de la Pléiade.
Mot de l'éditeur :
« Une vie, ça se raconte comment, quand on a le ridicule d'y consentir ? Avec un ramasse-miettes ? N'est-ce pas aussi vain que d'affronter à contresens l'escalier mécanique du métro ? »
Marc-Antoine, juriste, célibataire, doit consulter un chirurgien. Son rendez-vous le ramène dans ce quartier du 17e arrondissement de Paris où il a vécu, plus jeune, dans une de ces impasses appelées «villas», enserrées entre des immeubles haussmanniens où s'est désormais installé un mouroir pour vieillards fortunés, la résidence des Étoiles.
Sa déambulation, du bar-tabac du coin transformé depuis lors en supérette jusqu'au logement en rez-de-chaussée de l'ex-gérante sur le départ, est l'occasion d'un kaléidoscope de souvenirs à la chronologie bouleversée, tournoyante, dans un quartier où de la proximité des êtres et des choses naît un romanesque aussi quotidien qu'exacerbé, aliment d'une mémoire en spirale, en forme de «trou noir».
Magicien des détails auxquels il sait faire un sort, Angelo Rinaldi embarque son lecteur sur un manège dont on s'extrait étourdi, éberlué par tant de maîtrise et de virtuosité.
mardi 16 juin 2009
Le vertige du visible
Je viens de terminer la lecture de Vies minuscules; juin est encore doux, hésitant encore, dans une lumière calme, à s'engager dans les chaleurs de l'été; la cour de l'école retentit encore de la sonnerie de la récréation et des cris des enfants; les nuages suivent lentement le cours du fleuve. Une tasse de thé de Chine, le théorbe de de Visée, le chat sur son coussin.
« Avançons dans la genèse de mes prétentions. »
J'ai déjà évoqué la vive émotion que m'a donnée la lecture de ce récit de huit vies minuscules, que je mettrai en écho avec le récit Les disparus de Daniel MENDELSOHN, dans un tout autre registre, certes, mais l'un et l'autre en mode mineur. Mélancolie, douce mélancolie. Se tenant loin de l'autofiction, Pierre MICHON, le narrateur innommé caché sous le « je » de la mémoire, donne une vie posthume à ces vies enfouies de personnages de sa famille et de ses proches, et, à travers cette résurrection, la douloureuse naissance de l'écriture.
« Loin des jeux serviles, je découvrais qu'on peut ne pas mimer le monde, n'y intervenir point, du coin de l'œil le regarder se faire et se défaire, et dans une douleur réversible en plaisir, s'extasier de ne participer pas : à l'intersection de d'espace et des livres, naissait un corps immobile qui était encore moi et qui tremblait sans fin dans l'impossible vœu d'ajuster ce qu'on lit au vertige du visible. Les choses du passé sont vertigineuses comme l'espace, et leur trace dans la mémoire est déficiente comme les mots : je découvrais qu'on se souvient. »
J'ai rarement trouvé une lecture aussi bien ajustée à la saison, au combat des commencements.
J'attends maintenant le plus récent ouvrage de MICHON, réservé à la bibliothèque, Les onze, et, pour tout de suite, toujours à ma mélancolie, j'entre dans La Résidence des Étoiles, d'Angelo RINALDI, un autre des enchanteurs de mémoire.
lundi 15 juin 2009
Feu la grammaire
« Dimanche soir, vers 19h15, la victime discutait avec une quinzaine de jeunes, angle des rues Duquesne et Allée des pruches, quand un homme s'est approché et a fait feu. Le décès a été constaté à son arrivée à l'hôpital. »
Si l'on fait l'analyse grammaticale de la seconde phrase (pratique reléguée, avec la culture générale, aux oubliettes de l'histoire), l'antécédent de l'article possessif « son » est le mot « décès ». Ce qui n'a aucun sens. On écrira plutôt « Le décès de celle-ci (sous-entendre « la victime ») a été constaté...». Chacun comprend, m'opposerez-vous; certes, mais, je tiens que le respect de la grammaire marque le respect de la langue et, partant, celui des autres. Souvenez-vous du « Bien parler c'est se respecter ».
Un peu comme le respect des arrêts et des feux de circulation...
dimanche 14 juin 2009
Accord
Poursuivant la lecture de Vies minuscules de Pierre MICHON, je crois avoir trouvé l'équivalent, pour la lecture, de l'accord plat-vin : William BYRD et My Ladye Nevells Booke interprété au virginal par Christopher HOGWOOD.
jeudi 11 juin 2009
Le corps et l'esprit
mercredi 10 juin 2009
Transition
La lecture du livre de Junot DIAZ – dans son horrible traduction – m'ayant épuisé, je me suis lancé dans un livre, assez agréable bien qu'un peu vieille France, ce qui n'est pas a priori désagréable, de Renaud CAMUS, Répertoire des délicatesses du français contemporain : Charmes et difficultés de la langue du jour (Poche), sur les heurs et malheurs du français actuel, tel qu'on le parle, accompagné de quelques réflexions, fort sages, sur la grammaire et l'importance, fort dommageable, de l'usage.
J'ai, par ailleurs, dû rapporter à la bibliothèque, où quelqu'un l'avait réservé, l'essai de Régis DEBRAY, que j'avais un peu mis de côté. Je devrai donc attendre quelques semaines avant d'en terminer la lecture.
Pour le moment, je suis absolument sous le charme des Vies minuscules (Folio) de Pierre MICHON, dont j'attends le nouveau Les onze (Éditions Verdier). Comment n'ai-je pas entendu parler plus tôt de cet auteur ? En tout état de cause, je suis en état de choc.
mardi 9 juin 2009
Vies minuscules
Pierre MICHON, Vies minuscules, Gallimard Folio, Paris, 1984 (250 pages).
Ce livre est du genre qui vous arrête de stupeur tant est belle l'écriture, et qu'on s'en veut de n'avoir pas plus tôt découvert. Ces vies dites petites, mais qu'on les envie d'être passées sous la loupe de l'auteur, qui les magnifie en les faisant entrer dans la littérature. On les envie, car nos jours ;a nous, si petits, filent avec pour seul espoir littéraire l'inscription sur un pierre.
dimanche 7 juin 2009
Branchitude
Junot DIAZ, La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao, Plon – Feux croisés, Paris 2009 (295 pages); traduit de l'anglais (É-U) par Laurence Viallet; titre original : The Brief Wondrous Life of Oscar Wao.
Je n'ai pas pu. Ou bien je le lirai en anglais. La traduction en français mi verlan mi branché. Sans doute, cela passe en version originale, mais je trouve cela tout à fait insupportable en « français ». C'est comme entendre, au cinéma, Humphrey Bogart avec la voix de Jean Gabin...
Dommage, cela semblait, si je me fie à la critique, prometteur.
mardi 2 juin 2009
Un homme très recherché
John Le Carré, Un homme très recherché, Seuil, Paris, 2008 (361 pages). Traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle PERRIN, titre original A Most Wanted Man, 2008.
Un aveu (pas besoin d'avoir recours aux grands moyens pour me l'extorquer), je viens de terminer mon premier Le Carré. Je l'avais ramassé à la bibliothèque, littéralement car l'exemplaire était tombé par terre de son présentoir des nouveautés, et me suis dit, me rappelant la bonne critique entendue à la radio, « mais pourquoi pas ? ». J'avais bien envie d'un roman qui me changerait de mes essais, le Régis DEBRAY est fort intéressant, mais reprend un peu des idées déjà développées dans ses essais précédents, mais ne pouvais me résoudre à entreprendre le RINALDI.
Voici la quatrième de couverture :
Présentation de l'éditeur
Issa, jeune musulman russe affamé, arrive clandestinement à Hambourg en pleine nuit, avec autour du cou une bourse renfermant une somme substantielle d'argent liquide et les reliques d'un passé mystérieux. Annabel, jeune avocate idéaliste travaillant pour une association d'aide aux immigrés, se jure de sauver Issa de l'expulsion, au point de faire passer la survie de son client avant sa propre carrière. Tommy Brue, patron sexagénaire d'une banque anglaise en perdition sise à Hambourg, détient les clefs de l'héritage interlope du père d'Issa. Ces trois âmes innocentes forment un triangle amoureux désespéré, sur lequel vont fondre les espions de trois nations différentes, tous résolus à marquer des points pour leur camp dans la guerre avouée contre le terrorisme et la guerre inavouable entre leurs services respectifs. Peuplé de personnages inoubliables, Un homme très recherché fait la part belle à un humour caustique, tout en entretenant une tension croissante jusqu'à une scène finale poignante. Cette œuvre pleine d'une profonde humanité, ancrée dans les turbulences de notre époque où des forces en constante mutation se percutent partout dans le monde, révèle une vision d'ensemble réfléchie, sombre, impressionnante de logique et d'acuité.
À suivre donc.
lundi 1 juin 2009
En transition
Je continue à lire, mais n'arrive pas à transcrire sur ces pages mes commentaires. J'ai d'ailleurs l'esprit vagabond. Patience donc, lecteur.