Je termine la lecture de Biffures, le premier livre de La règle du jeu de Michel LEIRIS. Quel plaisir.
Le mot « bifur » n'est pas attesté dans les dictionnaires. C'est sur des panneaux des chemins de fer que Leiris a vu cette abréviation de « bifurcation ». Leiris l'utilise en parallèle avec biffures pour expliquer sa démarche autobiographique. Bifur vise l'action de dévier que fait la pensée « emportée par les rails du langage » et biffures le travail « d'éliminations successives de valeurs illusoires » de sa vie. Pour faire une œuvre.
Bifur : hier soir, je bavardai -- clavardai -- avec un jeune dramaturge qui m'invita à assister à une représentation de sa prochaine pièce en janvier. Dramaturge, comédien, metteur en scène et romancier. Je le flattai en évoquant, avec un certain sourire, Cocteau. Biffures : le contexte de notre conversation virtuelle. Bifur : apprenant le sujet de la pièce -- la perte de la voix d'un chanteur à la mue -- j'évoquai Pascal Quignard, dont je me rappelai qu'il avait traité de la question. Corneau et Quignard, Tous les matins du monde. Biffures : ce que je fais pendant et après la conversation, le chat incessant en ligne, comme une ivresse mâle. Bifur : je trouve le livre dans ma bibliothèque, La leçon de musique; je feuillette, et trouve de très belles pages. L'auteur, à ma question de la source de son inspiration, me répond qu'il s'agit pour l'essentiel d'auto-fiction. Biffures : le jour même, dans un article du Magazine littéraire sur Patrick Modiano, quelques mots sur la pratique de ce genre. Sévère. Modiano, ou la mémoire. Bifur : ce matin, à l'émission Les nouveaux chemins de la connaissance, le sujet : le temps.
Ceci est un exercice. Pourrai-je écrire ainsi ? Il faudrait travailler. Et du temps.
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