À chaque saison son livre. C'est bien connu.
Ainsi l'été, même si nul ne veut bronzer idiot, ramène les pavés sur le sable, d'histoires sentimentales, le roman de plage ayant remplacé celui dit de gare, forts volumes que traînent dans leur sac les mêmes lecteurs qui se plaignent des longueurs de Proust.
Au mois d'août, soleil ou pas, survient le déluge. C'est le temps des à lire toute affaire cessante, des attention chef-d'oeuvre et autres incontournables coups de coeur.
Puis vient l'automne, chez nous avec ses couleurs et les ultimes douceurs d'un soleil de plus en plus oblique.
Pour moi, l'automne n'a jamais été une saison triste. Les feuilles mortes et les jours de plus en plus courts ne m'ont jamais évoqué la fin de quelque chose mais plutôt une attente de l'avenir... Même quand il pleut.L'automne est, pour moi, d'autant plus agréable qu'il m'apporte le nouveau Modiano.
Cette année, je me le suis procuré, profitant d'un passage à Paris et d'une grande chance, le jour même de sa sortie, le 4 octobre, alors qu'il lui faudra normalement plusieurs semaines, caprices de la distribution, pour franchir l'Atlantique.
Il y a de l'électricité dans l'air, à Paris, les soirs d'octobre à l'heure où la nuit tombe.Un Modiano se lit avec un plan de Paris; on se promène dans la ville qu'on y soit ou qu'on qu'on vive aux antipodes. Mais il faut un plan. Or, justement, le mien, je l'ai laissé à Paris, je crois, à la table d'un café. Un café de la rive droite, dans le quartier Beaubourg, où j'habitais. Oubli qui me force à solliciter mes souvenirs du quartier de l'Odéon, celui du Condé, mais d'un quartier qui à la fois à cessé d'exister et est présent, aujourd'hui, sous mes yeux plus que sous mes pas, dans les lignes de Modiano. C'est aussi un Paris que j'aime.
Citation, qu'il est étonnant de trouver en exergue, qui donne le ton au roman. Qui n'a pas, bien qu'agité par un pragmatisme tout nord-américain, passé de lents moments dans un café de la montagne Sainte-Geneviève, à y lire, à y rêver, à regarder des inconnus de passage, se croyant alors parisien de toujours ?
À la moitié du chemin de la vraie vie, nous étions environnés d'une sombre mélancolie, qu'ont exprimée tant de mots railleurs et tristes, dans le café de la jeunesse perdue. Guy Debord
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