Michel TREMBLAY, La Traversée du continent, Leméac/Actes Sud, Montréal, 2007 (284 pages)
Voici un petit roman qui se laisse lire sans déplaisir; serait-il d'un nouveau venu à l'écriture, on lui promettrait sans doute un certain avenir. D'un auteur parvenu à la maturité, on se dit qu'il a beaucoup de loisirs et que dans son extrémité de la Floride il lui faut bien occuper ses après-midis.
Il succombe aussi à la mode américaine de donner une suite « par le début » à une oeuvre déjà publiée, ce qu'au cinéma on nomme un prequel. Ainsi, les Chroniques du Plateau Mont-Royal se verront précédées par trois nouveaux titres qui en constitueront, en quelque sorte, l'archéologie.
Cette addition nous conte dont la vie de celle qui est « la grosse femme d'à côté », Rhéauna, dite Nana, placée par sa mère chez ses grands-parents dans la lointaine Saskatchewan, puis réclamée par celle-ci, et qui, en 1912, l'année du naufrage du Titanic, traversera le pays par étapes pour rejoindre Montréal -- la grande ville de l'Est.
Récit, donc, d'une sortie de l'enfance jalonnée d'étapes chez différents membres de sa famille, dont on découvrira, avec la jeune et toujours naïve héroïne, la personnalité officielle, mais pour chacun, également, le côté du « placard » dont la porte, parfois, s'entrouvre.
Cela, dis-je se laisse lire sans déplaisir. On imagine sans mal une adaptation au théâtre, et on reconnaît sans difficulté le monde et la griffe de Tremblay, la matante sèche au talent musical secret, la guidoune à l'enfance sacrifée, la môman autoritaire et généreusement égoïste; peu d'hommes, des esquisses, excepté celui qui est plutôt du côté des femmes...
Et il y en aura deux autres.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire