Emmanuel de WARESQUIEL, Cents jours - La tentation de l'impossible mars-juillet 1815, Fayard, Paris, 2008 (687 pages).
Mon déménagement à Montréal l'été dernier aura été la cause de bien des soucis. Le chapitre Ottawa, un quart de siècle au ministère fédéral de la Justice, refermé, il s'agissait, filons la métaphore, de tourner la page. Las, certaines des commodités qui contribuent à rendre la vie quotidienne sinon plus confortable, du moins plus facile ont décidé qui de se mettre en grève, qui de rendre leur âme d'objet inanimé. Ordinateur et chaîne hifi m'ont laissé coupé du monde et sans musique. Cette dernière vient de m'être rendue depuis peu. C'est en écoutant le disque Versailles - l'île enchantée, dirigé par Skip Sempé, que je vous écris.
Versailles donc. Ou pour être plus précis, les Tuileries où je vous ai laissé, lecteurs (j'ai toujours quelque réticence à utiliser le pluriel tant vous êtes discrets) l'an dernier peu après le départ de Louis XVIII et l'arrivé de Napoléon.
Chacun connaît l'épisode des Cent-Jours. Le vieux roi podagre reprenant le chemin de l'exil, dindon de la farce, chassé par l'Aigle (toujours la métaphore) acclamé par son peuple en liesse. Histoire ? Légende plutôt, ou une des plus belles réussites des dir-com de l'empereur.
L'intérêt du livre de de Waresquiel est de déplacer l'objectif, ce qui nous dévoile un portrait bien différent. S'il est indéniable que les Bourbons ont beaucoup perdu dans l'échec de la première Restauration, on ne peut affirmer que Napoléon, hors la légende construite par la suite, y aura beaucoup gagné. Car s'il est vrai qu'il aura pu sans coup férir revenir de son premier exil, réussissant ainsi son second coup d'État, il ne parviendra pas à se réinstaller au pouvoir : la France dans son ensemble, à l'exception de l'armée, jugera urgent de ne rien faire. Selon l'auteur, c'est l'installation d'une monarchie libérale - un peu à l'anglaise - qui aura été définitivement manquée, et que Louis XVIII aurait pu conduire. Après Waterloo, revenu sur le trône dans les bagages des puissances étrangères, donc relativement discrédité dans l'opinion, celui-ci ne saura plus manoeuvrer entre les libéraux et les ultras-royalistes. Charles X lui succédera avec le résultat que l'on sait. Dans l'intervalle, les partisans de Napoléon sauront construire la légende dorée de l'exilé de Sainte-Hélène.
Triple échec donc que ces Cent Jours. Celui de la branche aînée des Bourbons, celui de Napoléon et, avec la défaite de la France, celui d'une possible démocratie parlementaire.
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