La bibliothèque réserve parfois des surprises. Ce Job-là a séjourné chez un fumeur; un grand fumeur. Il s'est bien imprégné de l'odeur de la cigarette, ouvert, j'ai l'impression de tenir un cendrier. Plusieurs coins sont cornés. Pour certains, nulle différence entre bien public et bien privé.
Ensuite, il faut y revenir, plusieurs semaines ont passé depuis que je l'ai rapporté avant d'en avoir terminé la lecture. Si j'avais publié un bref commentaire, je n'ai pas pris de note : la mémoire me fait défaut : est-ce que je vais reprendre au début ? Non, je reprendrai où je m'étais arrêté, cela reviendra bien; et en effet cela revient. C'est que, oui, j'y étais « entré » dans ce roman, même si trois cents pages plus tard, je ne comprenne toujours pas cette désignation pour ce qui me semble davantage un récit. Le récit de la biographie en train de se faire d'un personnage, d'un mythe. Je comprends toutefois l'usage du pluriel pour le mot vie, car si le Job de l'Ancien Testament a sans doute deux mille cinq cents ans, chacune des religions du livre, chaque époque depuis a eu son Job. Et la mort de dieu n'y a rien changé : Job est aussi présent aujourd'hui qu'à l'esprit de son auteur -- ou son biographe originel -- et pas seulement dans le langage : pauvre comme Job. Job est celui qui demeure face à dieu, celui qui demeure face à l'autre, mais peut-être encore plus celui qui demeure face à lui-même. Job, c'est moi, et la condition humaine.
Voici ce qu'en dit l'éditeur :
« Job est l'un des personnages les plus fascinants et énigmatiques de la Bible. Couché nu sur son tas de cendres, couvert de blessures, privé des siens et dépossédé de ses biens, il est le symbole de l'homme arbitrairement condamné qui affronte seul la justice divine.
» Depuis que le Livre de Job a été écrit, cette histoire a passionné et intrigué plus qu'aucune autre. Pourquoi ? C'est la question à laquelle Pierre Assouline a voulu répondre en partant sur les traces de Job, remontant près de vingt-cinq siècles jusqu'aux sources de ce texte dont l'auteur est inconnu, puis interrogeant les innombrables commentaires et représentations qu'il a suscités.
» De cet immense parcours, qui l'a conduit dans les bibliothèques et musées du monde entier, et l'a fait partir à la rencontre d'êtres ordinaires et extraordinaires, est né un livre à mi-chemin entre biographie et roman. Déchiffrant les multiples visages de Job, Pierre Assouline en révèle l'importance dans notre civilisation, et surtout la manière dont l'histoire de Job nous aide à vivre.
» Vies de Job se lit en creux comme le récit d'une quête intérieure. Celle d'un écrivain hanté par son personnage.»
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