Jean-Pierre LUMINET, Le bâton d’Euclide, JC. Lattès, Paris, 2002 (302 pages) édition de poche en 2005.
En 642, les troupes du général Amrou Ben al-As investissent la ville d’Alexandrie. Il a reçu ordre de détruire par le feu les livres de la célèbre bibliothèque.
En effet, depuis Médine, le calife Omar, successeur de Mahomet, a décrété qu’il faut éliminer tout ce qui va à l’encontre de l’Islam.
Un vieux philosophe chrétien (Jean Philopon), un jeune médecin juif (Rhazès) et une mathématicienne païenne (Hypatie) vont tenter de dissuader Amrou de détruire le temple du savoir universel.
Ils vont tour à tour lui raconter la vie des savants, poètes et philosophes qui ont vécu à Alexandrie et ont contribué à sa gloire : ainsi Euclide, Archimède, Aristarque de Samos, qui le premier établit, au péril de sa vie, que la terre tournait autour du Soleil.
Et c’est sous la forme la plus classique, celle de l’histoire racontée par un personnage, comme dans les Mille et Une Nuits, que l’astrophysicien Luminet tisse sa toile millénaire et nous donne à réfléchir sur la grandeur et la décadence des civilisations passées.
Et sur la nôtre.
Jean MARCEL Hypatie ou la fin des dieux, (premier volume du Triptyque des Temps perdus), Leméac, Montréal, 1989.
Voici un roman qui, après qu’on l’a lu, vous donne l’impression d’être meilleur, de vivre une époque formidable.
Pas qu’il soit facile, mais comme au gym, on est récompensé par l’effort.
C’est un roman épistolaire « par lettres », qui se passe au IVe siècle, à la Renaissance et de nos jours et qui constitue un véritable tour de force.
En un mot, c’est l’histoire, à partir d’un personnage bien réel, la philosophe Hypatie (vers 370-415), de l’invention d’une sainte ; cette sainte que tous les Montréalais connaissent, qui a donné son nom à une artère principale : Sainte Catherine d’Alexandrie ; laquelle, si elle est toujours rue, n’est plus guère sainte.
L’extraordinaire avec ce roman est que même si l’histoire semble ancienne, qui peut dans un roman s’intéresser à la fin de l’Empire romain, c’est la façon dont on peut, par le jeu de la métaphore, reconnaître notre époque, ses fanatismes, ses phantasmes.
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