Robert LÉVESQUE, Digressions, Papiers collés - Boréal, Montréal, avril 2013 (184 pages); également sous format ePub ou PDF.
« Comment commence-t-on un livre ? » est l'incipit du nouvel opus de Robert Lévesque -- que je savoure déjà. Pour ce qui est de la réponse de l'auteur, le premier chapitre, qui porte notamment sur le vilain Docteur Destouches, nous donne quelques pistes; pour ce qui est de celle du lecteur, je vous dévoilerai bien un jour comment je procède, mais pour l'heure, et pour vous donner une idée du style, et du ton, dont je m'éjouis, en voici un extrait, grâce auquel j'ai appris que c'est à Yves Navarre que l'on doit la création du suavissime sobriquet de la dame de Très Grande Vertu du J. de M. : « Venise Bombardée », que j'avais, ignorantissimus, attribué à Pierre Foglia de La Presse. L'auteur narre tel de ses cauchemars :« ...ou bien je ne retrouve pas la porte, la seule qui me permettrait de m’évader d’un lancement où je viens de voir arriver une pisseuse à cornette, un huissier à carnet et un squelette en baskets qui se fusionnent en une seule identité absolument répugnante et dont la voix de harengère de plus de cinquante ans éclate et monte en vrille alors que je la reconnais : c’est celle qu’Yves Navarre dans son carnet du Devoir, un jour d’inspiration, appela Venise Bombardée… Née dans l’eau bénite… (Je trouve la vie bonne quand, bien éveillé un matin de mai 2012, je lis le brillant Éric Chevillard, l’auteur de Scalps et de Démolir Nisard, qui, dans sa chronique du Monde, s’amuse gaiement et avec une exquise méchanceté de la plumitive de L’Anglais, du phrasé cucul de son vécu non cuvé… ; une affaire, écrit-il à propos de ce babil de triple divorcée ayant trouvé mari à Dublin [« cet homme désarçonnant qui m’attachait à lui », écrit-elle ; il la cite], dont la littérature, il faut la comprendre, a choisi de ne pas se mêler.) »Ne vous privez pas de lire in extenso la critique d'Éric Chevillard dans Le Monde du 17 février dernier et reproduite dans mon article Citation de la même date.
Je vous laisse, en réponse à l'incipit de l'auteur, sur la question : « Comment finit-on un livre ? ». Pour celui-ci, ça ne saurait tarder...
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