Jean BASILE (né Bezroudnoff), Lorenzo, Éditions du Jour, Montréal, 1963 (122 pages).
Le nom de Jean Basile, dans Prendre le large d'André Major.Une conférence qu'il a donnée autrefois, étais-je au collège ou à l'université ? à la fois oubliée mais présente; le sujet ? je ne saurais dire, mais je me souvient très bien d'avoir été séduit par l'homme, par son verbe. Petite recherche en ligne, quelques mots à peine dans l'Encyclopédie canadienne. Né en 1932, mort en 1992. Critique littéraire au Devoir : métier qui n'existe plus que dans le titre, l'époque n'en permet plus l'exercice, ni l'inculture officielle. Éditeur aussi, fondateur de Mainmise.
Quelques jours plus tard, de passage à ma librairie pour y prendre l'essai sur Aragon qui m'y attend, je m'offre le luxe de bouquiner. Sous les « B », Lorenzo de Jean Basile. 1963 : cinquante ans dans quelques semaines -- qui s'en souvient encore ? Premier roman d'un jeune homme d'origine russe récemment débarqué ici. Les Éditions du Jour, pas complètement massicoté, la page fragilissime tenant plus de la gaufre que du papier, qu'on prend le temps de lire, coupe papier à la main. Une belle typographie, comme je les aime et n'en vois plus guère, les signes de ponctuation haute étant précédés d'un demi espace et non, comme dans la typographie anglaise, agglutinés à la lettre qui précède, mais de bien étranges coquilles quand même : « Vous êtes-vous demandez ce que c'est que la vie ? », signe d'une certaine hâte -- déjà -- dans l'édition. Une sucrée odeur de poussière. La couverture criarde.
« Vous connaissez Basile » me demande le libraire ? Je m'embrouille dans une phrase modianesque d'explications torturées, déjà ma phrase écrite penche vers le labyrinthe, imaginez l'orale ! Et de me présenter un autre titre, fort cher, dans un édition originale.
Étrange jeu du temps : quatre-vingts ans (naissance), cinquante ans (premier roman) vingt ans (mort) font collision en ce début de décembre 2012. Oui, ce sont des moments Modiano : « Plus de passé, plus de présent, un temps immobile. », L'herbe des nuits. Certains se perdent dans les rues, pour moi, c'est dans les livres et ces moments que je me perds; ce qui, au vrai, constitue sans doute la seule manière par laquelle je pourrais jamais me trouver.
La quatrième de couverture (je reproduis la présentation originale) :
« LORENZO, sous l'habit d'un roman de moeurs etparfois même de mauvaise moeurs, est cependant lecontraire d'une histoire. Jean Basile a semé à l'intérieurd'un récit attrayant les clés de son monde. Au lecteur dedécouvrir, à travers une foule de personnagespittoresques ou touchants, le secret de la vie et dela mort. Il y parviendra sans peine pourvu qu'il consenteà passer avec Jerry derrière la "porte bleue", cette portequi donne accès, ainsi que l'explique lamaîtresse des lieux, sur le "bordel de notre âme..." »
Aucun commentaire:
Publier un commentaire