mardi 25 juin 2013

Autour de Scott Fitzgerald

Roger GRENIER, Trois heures du matin - Scott Fitzgerald, L'un et l'autre - Gallimard, Paris, novembre 1995 (260 pages).

Qui trop embrasse mal étreint... les nouveautés, le reprises, et quelques états d'âme comme assaisonnement m'auront fait oublié, dans mes brouillons, ce livre magnifique de Roger Grenier sur Scott Fitzgerald que je destinais à accompagner l'article sur Gatsby le Magnifique. Roger Grenier est l'un de mes auteurs favoris de chez Gallimard, un de mes grands anciens, et pourtant un de mes contemporains capitalissimes. Ne me tenez pas rigueur de cet oubli.

Je vous lasse sans doute avec mes perpétuelles recommandations : « Qui êtes-vous pour.... ? » m'a naguère asséné telle dame du micro, et il n'est pas une page que j'écrive, en scolie ou en apostille, sans que je me répète cette obsédante question. Comment partager ce goût, pourquoi partager ce goût ? Pourquoi et comment vous assurer que les quelques heures que vous passeriez à lire le bel essai de Grenier valent mille fois, et ici les mots valent mille images, le film clinquant de Baz Luhrman ?

Trois heures du matin : belles esquisses d'une vie de succès et d'échecs : « Quand je suis à jeun, je ne peux pas supporter le monde, quand j'ai bu, c'est le monde qui ne peut plus me supporter » écrit Scott. Et Zelda « la folle », et Hemingway le rival jaloux, et tant d'autres de ces premiers cinquante ans du vingtième siècle. Et aussi le déchirement entre la « bonne » littérature, ticket pour la postérité, et la littérature « facile »... indispensable pour le compte en banque.

J'écris d'un jet, peu importe. Une citation qui résume Gatsby :
« Gatsby le miséreux a réussi à posséder Daisy, la fille de milliardaires, grâce à la guerre et à son uniforme d'officier. Mais il a eu l'impression de commettre à la fois une escroquerie et un sacrilège. Il aura beau conquérir une immense fortune et étaler son opulence, pour retrouver celle qu'il aime, sa tentative aboutit à l'écrasement et à la mort. Il suffit à Tom Buchanan [l'époux ce Daisy], le vrai riche, de prononcer quelques phrases pour liquider Gatsby. Il n'a qu'à faire allusion aux origines de Gatsby et à son argent mal acquis. Aussitôt Daisy, malgré son amour, se retrouve d'instinct du côté de Tom. »
C'est toute l'Amérique qui se retrouve dans ce résumé, celle de l'argent qui distingue et qui tue.

J'écris trop rapidement ; tant pis. 

Présentation

« Quelle image surgit au nom de Francis Scott Fitzgerald ?
Le Fitzgerald de la défaite, de La Fêlure ?
L'excentrique de l'âge du jazz qui éprouve toujours le besoin de se faire remarquer et de se rendre insupportable ?
Le romancier respectueux de son art, mais qui gaspille son talent à écrire des nouvelles pour les magazines, parce que les besoins d'argent le prennent à la gorge ?
Le compagnon de Ring Lardner, de Hemingway, de Dos Passos, toujours prêt à aider les autres de ses conseils et à faire jouer son influence en leur faveur ?
Celui qui a la folie de trop demander à la vie et la sagesse de préférer l'écriture à tout le reste ?
Celui qui croit que l'on peut "tenir en équilibre le sentiment de la futilité de l'effort et le sentiment de la nécessité du combat ; la conviction de l'inéluctabilité de l'échec et pourtant la résolution de réussir" ? »

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