Jean-Noël JEANNENEY, Concordance des temps, France Culture, samedi 30 mars 2013.
Jean-Noël Jeanneney reçoit l'historien Michel Winock à l'occasion de la publication de sa biographie de Gustave Flaubert. Une très intéressante émission qui nous offre un survol tant du Flaubert romancier que de la personnalité et des idées de l'homme, et montre l'importance qu'il conserve et qui ne se dément toujours pas.Présentation
« Michel Winock est devant moi ce matin, pour nous parler de l’actualité de Gustave Flaubert. Après s’être saisi naguère de Clemenceau et de Madame de Staël, dans le cours de biographies qui ont été fort remarquées, voici qu’il s’attache dans un beau livre qui paraît ces jours-ci, à cet autre personnage de haute facture, et qu’il y donne le goût de considérer ce que celui-ci a encore à nous dire. Je ne parle pas bien sûr, en disant cela, ce serait d’ailleurs stupide, de ce que son œuvre, en termes littéraires, peut offrir indéfiniment de bonheurs extrêmes, mais je parle de ce que son personnage d’écrivain dans son siècle peut représenter dans le nôtre de moderne ou de désuet, de dépassé ou de familier. On pense, bien sûr, à l’idée que Flaubert peut se faire, et qu’il peut promouvoir, des relations de l’homme de lettres avec ce que nous appellerions la notoriété médiatique, avec la politique, avec le peuple et avec les élites, avec la gauche et avec la droite. Fut-il vraiment, comme l’a cru Jean-Paul Sartre, « le plus radical désengagé qui se trouve dans la littérature » ? On pense à la conception de la morale personnelle ou civique qui fut la sienne, la conception des rapports des hommes et des femmes, des bornes de la décence qu’un romancier doit accepter ou qu’il doit refuser, on pense au commerce qu’il a entretenu avec sa patrie et d’autre part avec le rayonnement universel des principes que la France a pu se targuer de promouvoir. On pense à la modernité de ce célèbre Dictionnaire des idées reçues, catalogue des bêtises de son temps, dont on serait bien fou de dire qu’elles appartiennent toutes au passé. Flaubert disait vouloir « vivre en bourgeois et penser en demi-dieu. » Par quoi il signifiait probablement à la fois une ambition et une contradiction qui ne sont pas complètement étrangères à notre temps. Jean-Noël Jeanneney »
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