Le commentaire de ce nouveau roman de ROTH me pose un problème de conscience. De nos jours, on dirait plus volontiers « d'éthique », dès lors qu'il n'est plus guère question de ces bonnes vieilles notions d'honnêteté et de probité, lesquelles ont été englouties par ce vocable qui, venu du Grec, a transité par l'Anglo-saxon changeant au passage de sens et est devenu le cache-sexe de tout politique qui se respecte (il est bien le seul à le faire), lui qui ne peut plus guère qu'être transparent.
Dilemme terminologique, car, au deuxième acte de ce roman qui en comporte trois, le protagoniste tombe successivement en amitié puis en amour avec une jeune femme qui n'a d'inclination, à l'horizontale, que pour ses semblables. Or, il y a parmi l'audience de ce carnet des lecteurs/trices que la terminologie habituelle -- qu'on retrouvera horresco referens dans la présentation de l'éditeur -- offense, ou pis encore chagrine, ce qui fait que, voulant éviter un surcroît d'émotion à mon rare, mais si distingué, public, j'ai résolu, à l'initiative du même ami qui m'a suggéré le très ferroviaire Le passager de Jean-Christophe GRANGÉ, et dont fertile est l'imagination ainsi qu'ardent l'esprit, de recourir à une pudique métaphore potagère, laquelle préviendra l'offense, mais semblera obscure au reste de ce bon public. Je vous prie donc de vous rapporter à l'article Je ne suis pas une laitue damascène pour l'explication.
Fort de ce préambule, je pourrai en toute quiétude traiter du roman lors d'un prochain article.
Présentation :
« Avec ce roman, Philip Roth poursuit sa méditation sur la vieillesse, la mort et la sexualité , seule capable de rendre à l’être vieillissant un semblant de vigueur. Simon Axler est l’un des acteurs les plus connus et les plus brillants de sa génération : une gloire célébrée jusque dans les provinces reculées. Il a maintenant 65 ans, il a perdu son talent, son assurance, la magie qui, tel Prospero, dans La Tempête, le faisait vivre. Axler n’arrive plus à croire en ses rôles, en lui-même, en la vie qui s’en va. Il se regarde être un acteur, un mauvais acteur de surcroît. Ce sentiment d’extériorité le mène à la dépression ; sa femme le quitte, son public aussi, et son agent, un vieillard de 80 ans, ne peut plus rien pour lui, pas même le convaincre de retourner en scène. Obsédé par le suicide, Axler entre à l’hôpital psychiatrique, ce qui accroît son impression d’échec et d’humiliation. Mais Axler va rencontrer, coup de théâtre, une jeune lesbienne, Pegee, qui pourrait être sa fille (il a été très proche de ses parents, acteurs eux aussi, mais acteurs ratés) ; elle va lui inspirer une passion érotique et, ainsi, le ramener à la vie, au sexe, le seul remède. Cependant, loin d’avoir transformé Pegee comme il le croyait, loin d’avoir été son Pygmalion et de l’avoir comblée, Axler s’est nourri d’illusions, creusant ainsi son propre malheur. Car Pegee, l’amoureuse des femmes, reste surtout fidèle à un père possessif. Un roman fort et intense, surprenant, audacieux, comme tout ce qu’écrit Roth.»
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