Jean-Christophe GRANGÉ, Le passager, Albin Michel, Paris, août 2011 (750 pages).
Avec la métaphore du chemin de fer à l'esprit, j'ai avalé hier les deuxième et troisième parties du roman de GRANGÉ, rendant les armes, c'est à dire l'essentiel de mon sens critique, et enfilé les chapitres les uns après les autres; la locomotive du thème principal fonce à toute vitesse, même si elle peut s'égarer dans les aiguillages des histoires secondaires.
L'auteur ne fait plus dans la dentelle, mythologie, perte d'identité, laquelle est au moins double, relents de complot -- pour une fois, pas juif, mais catholique et bourgeois, et de Bordeaux s'il vous plait, c'est dire qu'on est entre gens biens. Et ratisse large : armement illicite, industrie des produits chimiques, l'industrie pharmaceutique et ses pilules magiques, torture, et j'en passe, puis nous fait explorer les bas-fonds de Marseille, la lie du peuple et les égouts mêlés, et touche, enfin, à la folie et à l'art, le second n'étant authentique que s'il est lié à la première. Le lecteur passera outre quelques effluves homophobes et antisémites, cela va avec le genre.
Je vous ai parlé hier d'une structure en poupées russes, quelle clef apparaît dans la deuxième partie ? matriochka. En plus, attention à ne pas manquer l'indice, le protagoniste s'appelle désormais Janusz -- à une lettre près, on a le dieu Janus des Romains, à la double tête; puis Narcisse -- il devient alors artiste peintre, allez savoir ! Revient en leitmotiv (aurai-je les Walkyries demain ?), une douleur « point lancinant au fond de l'orbite gauche » et l'image d'un corps de femme nue et pendue, Anne Marie Straub.
Toujours à suivre, mais je commence à avoir hâte d'arriver à destination.
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