dimanche 12 mai 2013

Vanité

Louis-Ferdinand CÉLINE, Lettres à Henri Mondor, Le Cercle de la Pléiade - Gallimard, Paris, mars 2013 (170 pages).

Les éditions Gallimard viennent de faire imprimer 2 000 exemplaires hors commerce sur Rives Vergé, réservés aux membres du Cercle de la Pléiade, de ce qui constitue l'édition originale des lettres de Céline à Henri Mondor. J'en ai dit quelques mots dans l'Apostille n°24.

Beau papier en effet que ce Rives Vergé, belle composition : un vrai livre à l'ancienne !

Vanité, vanité : celle des grands hommes, mais des petits aussi, pas d'illusions là dessus, surprendra toujours. Les premières lettres voient Céline, encore dans son exil danois, communiquer avec le Dr Henri Mondor, lui aussi chirurgien et homme de lettres, qui se propose de l'aider à faciliter son retour. Quelques années plus tard, revenu en France, Céline fera tout pour entrer de son vivant dans la Pléiade, du moins ses deux premiers romans, le Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit. Mondor accepte de signer la préface, que de récriminations contre les atermoiements reprochés à Gaston Gallimard... Le volume ne paraîtra finalement qu'en 1962.

Intéressant, et important, passage, en post-scriptum, sur son « style » :
« L'essentiel, je crois, tout au moins il me semble !... il m'a semblé !... L'origine de cette façon, de ce style un petit peu nouveau... du petit « truc »... La tradition veut qu'au « début était le verbe » : je dis non ! « au début était l'émotion » ! L'amibe qu'on effleure ne parle pas, elle se rétracte, elle est émue... Notre parler est beaucoup trop verbeux à mon sens et nos écrits... [...] La toute petite nouveauté du « Voyage » est peut-être cette façon de retrouver l'émotion du langage parlé à travers l'écrit... Le fond, l'histoire à mon sens, importe peu, je ne suis que styliste tout au moins j'ai essayé de l'être. Évidemment, il faut un fond, une histoire, hélas ! je le regrette, mais il le faut ! Je n'ai pas éludé, triché... [...] Quant à la vocation littéraire, je ne l'avais pas du tout... j'avoue... j'étais médecin, je le suis encore... Il parait que je sais faire tourner les tables, tant s'en vantent et ne savent pas ! Mais pour cela dois-je aimer faire tourner les tables ? que non ! don et vocation sont deux choses... espèce de chroniqueur je suis devenu par l'effet des événements. Cette petite malice de style horripile bien des personnes... je ne vais point pour cela me comparer à Cézanne ou Van Gogh... ces gens que j'horripile ont peut-être raison... »

Post-scriptum qui n'a rien à voir :

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C. B.

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