dimanche 30 mars 2008

Henry Bauchau

Je viens d'entreprendre la lecture du récent roman de cet auteur, Le boulevard périphérique, et j'ai crû bon, avant de le commenter, de vous suggérer de lire l'entretien qu'il a accordé à EVENE.

INTERVIEW DE HENRY BAUCHAU - Actualité Livres - EVENE

samedi 29 mars 2008

Pleut-il ?

Franz BARTELT, Pleut-il ?, Gallimard, Paris, 2007 (225 pages).

Je crois avoir trouvé, pour mon plus grand plaisir, un digne successeur à mes chers Alexandre Vialatte et Daniel Boulanger. Et qui se retrouvera à leurs côtés sur mes tablettes. J'espère que vous saurez l'apprécier également, et qu'ainsi la réputation que j'ai de ne recommander que des titres austères ou difficiles sera démentie.

De l'araignée comme métaphore de l'artiste marginal à la cueillette des champignons comme image de la littérature en passant par l'illustration littéraire de la gaufre et la révolte devant l'injuste jeu d'origine anglo-saxonne qu'est le Scrabble, tout y est un plaisir de finesse et de raffinement. Que dire de la suite de cinq dialogues qui ferment le volume, et qu'on aimerait voir monter au théâtre -- je laisse à chacun le soin de trouver les voix idéales.

Que de la fraîcheur et de la légèreté, mais sans aucune mièvrerie dans le genre Delerm, ni prétention à jouer au moraliste. Je recommande particulièrement à tous les économistes patentés qui nous bassinent de leur jargon le chapitre sur l'externalisation du poète. Un bijou de drôlerie. Je ne résiste pas à la tentation de vous donner un extrait :
À vrai dire, j'écris comme je vais au champignons. J'effleure la page blanche comme j'effleure le tapis d'aiguilles compactées, sans stratégie, dans cette précarité très souple de la divagation. Je n'attends rien. Mais, à force, je finis par découvrir le champignon, la phrase, le début de poème ou de nouvelle. Et si je ne le trouve pas, je trouve tout de même que la promenade valait d'être promenée. Quoi qu'on fasse, on va toujours sur le chemin qui va là où on veut aller après avoir compris qu'on n'ira jamais là où on voulait aller.

dimanche 23 mars 2008

En cours...


Jean-Claude MICHÉA, L'empire du moindre mal -- Essai sur la civilisation libérale, Climats Flammarion, Paris, 2007 (211 pages)

Présentation de l'éditeur
L'ambition du libéralisme est d'instituer la moins mauvaise société possible, celle qui doit protéger l'humanité de sa folie idéologique. Pour ses partisans, c'est la volonté d'instituer le règne du Bien qui est à l'origine de tous les maux accablant le genre humain. C'est en ce sens que le libéralisme doit être compris, et se comprend lui-même, comme la politique du moindre mal. Il fait donc preuve d'un pessimisme profond quant à l'aptitude des hommes à édifier un monde décent. Cette critique de la " tyrannie du Bien " a un prix. N'exigeant rien de ses membres, cette société fonctionne d'autant mieux quand chaque individu se consacre à ses désirs particuliers sans céder à la tentation morale.

Comment expliquer alors que cette doctrine, à mesure que son ombre s'étend sur la terre, reprenne, un à un, tous les traits de son plus vieil ennemi, le meilleur des mondes, jusqu'à se donner, à son tour, pour objectif final la création d'un homme nouveau ?

Ce livre décrit ce processus, et son aboutissement, tant dans sa version économiste, centrée sur le Marché et traditionnellement privilégiée par la " Droite ", que dans sa version culturelle, centrée sur le Droit, et dont la défense est désormais la seule raison d'être de la " Gauche ". Il saisit admirablement la logique libérale dans le déploiement de son unité originelle tout en élaborant les fondements d'une société décente coïncidant avec la défense de l'humanité elle-même. D'une densité et d'une ambition exceptionnelles, il redonne toute sa place à la figure de l'homme révolté à un moment où beaucoup la souhaiteraient voir disparaître.

mardi 18 mars 2008

Précision

Pour les lecteurs de la francophonie, qui ont peu de chance d'être au fait de l'existence de telle ou telle célébrité de clocher de « chez nous », Mlle Denise Bombardier, ma tête de turc favorite (ce n'est pas gentil pour les Turcs, j'avoue...) est une femme médiatique du Québec qui se dit journaliste parce qu'elle sévit dans un quotidien de Montréal et qui, ayant eu une enfance à l'eau bénite, est surtout une de ces innombrables donneuses d'avis, moralisatrice et en rien moraliste, sur tout et sur rien, grande resssasseuse de lieux communs. Elle commet aussi, de loin en loin, des textes, dits littéraires, qui constituent d'exellents modèles d'anti-grammaire et sémantique françaises.

J'écris « Mademoiselle », car c'est ainsi, qu'en Français, on s'adresse au femmes des milieux du théâtre, mariées ou non.

Les curieux peuvent toujours vérifier dans le site Wikipedia, cette notice n'étant pas dénuée de mauvaise foi...

lundi 17 mars 2008

Les Grand-mères



Doris LESSING, Les Grand-mères, traduit de l'anglais par Isabelle D. Phillippe, J'ai Lu, Paris, 2007, (95 pages).

Dans les nouveautés reçues à la Bibliothèque d'Ottawa.

Texte bref, tiré d'un recueil de nouvelles, dans ce style anglais que j'aime tant, celui de ces dames anglaises où la concision est incisive, l'économie vertueuse. Je pense notamment à Jean Rhys et Elizabeth Taylor que l'on aurait avantage à redécouvrir.

En l'espèce, deux mamies entourées de leurs fils et de leurs petites-filles soudées par les liens d'une amitié ancienne et de la famille. Et c'est, pourtant, par l'une des brus que le drame arrive. Livre de femmes, car les hommes, surtout s'ils sont pères, sont sans qualité. C'est donc l'histoire de cette longue amitié fusionnelle -- certains les croient lesbiennes -- entre deux femmes et de leur liaison, croisée, avec le fils de l'autre. Pas banal, voyez-vous.

Présentation de l'éditeur :
Un texte sulfureux et dérangeant sur des amours scandaleuses. Doris Lessing est connue dans le monde entier pour ses luttes contre le racisme, le capitalisme et pour son féminisme, la plume de la grande dame des lettres anglaises résonne encore haut et fort.

dimanche 16 mars 2008

La Saint-Barthélemy


Arlette JOUANNA, La Saint-Barthélemy -- Les mystères d'un crime d'État, Paris, 2007 (416 pages).

Un ami m'a demandé, qui me voyait lire ce nouveau titre, paru dans la belle collection Les journées qui ont fait la France, ce qu'il y avait bien encore à apprendre de cet horrible crime découlant de l'absolutisme monarchique et du fanatisme religieux. Certes, les faits sont connus (voir ci-dessous). Mais la lecture qu'on en fait, et surtout de celle des historiens des deux côtés, catholiques et protestant, a quelque peu évolué.

Présentation de l'éditeur :
Le 18 août 1572, Paris célèbre avec faste le mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre, événement qui doit sceller la réconciliation entre catholiques et protestants. Six jours plus tard, les chefs huguenots sont exécutés sur ordre du Conseil royal. Puis des bandes catholiques massacrent par milliers « ceux de la religion » – hommes, femmes, vieillards, nourrissons...

Comment est-on passé de la concorde retrouvée à une telle explosion de violence ? Comment une « exécution préventive » de quelques capitaines a-t-elle pu dégénérer en carnage généralisé ? Quel rôle ont joué le roi, la reine mère, les Guises, le très catholique roi d'Espagne ? De ces vieilles énigmes, Arlette Jouanna propose une nouvelle lecture.

La Saint-Barthélemy n'est l'œuvre ni des supposées machinations de Catherine de Médicis, ni d'un complot espagnol et encore moins d'une volonté royale d'éradiquer la religion réformée. Charles IX, estimant sa souveraineté en péril, répond à une situation d'exception par une justice d'exception. Mais en se résignant à ce remède extrême, il installe, sans en faire la théorie, une logique de raison d'État.

Cette tragédie, vécue comme une rupture inouïe, suscite une réflexion foisonnante sur les fondements du pouvoir, les limites de l'autorité, la légitimité de la désobéissance ; sur le danger aussi que font courir les divisions religieuses aux traditions du royaume. Mais cet effort de restauration politique va se heurter à la sur-sacralisation du roi, qui ouvre la voie à l'absolutisme des Bourbons.
Ainsi constate-t-on que notre époque n'a rien inventé en ce qui a trait à ce qu'on appelle maintenant la frappe préventive. Ni en ce qui touche la construction de l'opinion publique.

Ni, hélas, en ce qui touche la barbarie meurtrière, quand elle ne peut supporter la présence de l'Autre.

Il a lu Mlle Bombardier.


Franz BARTELT, Pleut-il ?, Gallimard, Paris, 2007 (225 pages).

En vérité, oui, l'auteur, Franz BARTELT, dont j'avais il y a deux ans tant apprécié le recueil de nouvelles Le bar des habitués (repris depuis en Folio), aurait lu Mlle Bombardier. J'en veux pour preuve, comme elle le dirait sans doute, mais je ne puis en témoigner car je ne sais guère si, et quand, elle sévit à la télé ou sur quelques autres ondes, le passage suivant :
On s'ennuie à lire, quelquefois. C'est vrai qu'il m'arrive de déchiffrer des romans sans intérêt et d'y puiser une satisfaction trouble, très confuse, comme d'être occupé à des pratiques d'une extrême futilité, plus inutiles même que l'inactivité totale.
Il ne la nomme pas, évidemment, mais chacun l'aura reconnue.

C'est peu dire que je vous recommande vivement ce livre, ni roman, ni essai, surtout pas biographie ni, horreur, auto-fiction, mais pensées, organisées en sept chapitres, sur la littérature, la poésie, la vie.

Mais, à lire plus avant, un doute me vient : cet ennui de lire le rend heureux, or comment, fût-ce par ennui, la prose de la demoiselle de Très Grande Vertu du Devoir pourrait-elle rendre heureux ?

Peut-être ai-je, trop rapidement, prêté un lecteur à celle-ci ?

samedi 8 mars 2008

Pérégrinations informatiques

Au hasard d'une recherche, je suis arrivé à la page de la librairie bordelaise Mollat, laquelle tient, ô joie, un podcast littéraire, que je vous recommande vivement. Entre autres recommandations, trois titres de Franz BARTELT, dont j'avais, naguère, beaucoup apprécié le recueil de nouvelles Le bar des habitudes.

Voici les titres, ainsi qu'une présentation du libraire David VINCENT :

Pleut-il ?, Les Noeuds, La belle maison

Pour les anxieux, les ratiocineurs, les coupeurs de cheveux en quatre et autres chercheurs de poils sur les œufs, Franz Bartelt ébauche ici un vademecum idéal. Répondant à quelques unes des mille questions que la langue et sa réalité nous posent à chaque instant, il s’inquiète avec humour de l’absence de statistiques sur la gaufre, de l’avenir de la jeune création (la vieille création) et de l’imperfection manifeste d’une nature que l’on dit pourtant parfaite. Ses réponses, pour absurdes qu’elles puissent paraître n’en sont pas pour autant sottes et recèlent d’avantage de vérité qu’un cartésien obtus pourrait le croire. Derrière cet auteur et son livre, se dissimulent une ironie voltairienne de la meilleure veine. Du même Franz Bartelt, David Vincent recommande également la lecture des Nœuds et de La belle maison.

Bêtise (suite)

Un article du Monde des Livres commentant la publication du Bréviaire de la bêtise d'Alain ROGER. Dans la suite du Petit lexique de la bêtise actuelle.

Le Monde.fr : Alain Roger : aux sources de la bêtise - Livres

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jeudi 6 mars 2008

Histoire de la laideur


Umberto ECO (sous la direction d'), Histoire de la laideur, Flammarion, Paris, 2007 (453 pages).

Emprunté à la bibliothèque, donc à lire en trois semaines. Bigre.

mercredi 5 mars 2008

Petit lexique de la bêtise actuelle

Christian GODIN, Petit lexique de la bêtise actuelle - Exégèse des lieux communs d'aujourd'hui, Nantes, Éditions du Temps, 2007 (223 pages)

Petit lexique bien ficelé, mais pourtant petite déception à la lecture. Si les articles « de civilisation » citant des lieux communs sur, notamment, le boudhisme, la liberté de choix, la conscience, l'égalité, tombent en plein dans le mille, ceux où il est question de morale me semblent nettement moins réussis.

À dire le vrai, j'ai, en effet, eu l'impression, à lecture de ceux-ci, que l'auteur voudrait être la dénonciation de ce qu'il tient pour des lieux communs (libéralisation des mœurs et préférences sexuelles en particulier) constitue le regret de l'ancien lieu commun... ah ! le temps heureux où les gays étaient des pédés. Décidément, il flotte là-dessus un parfum de religion catholique.

Bref, pas bête du tout, mais un peu tendancieux; c'est à dire qu'on le trouvera sans doute un peu bête avant longtemps. À lire, mais se méfier des travers idéologiques.