mercredi 30 mai 2007

Passer à autre chose

Inutile de s'acharner sur le roman de Michel Tremblay, sans doute alimentaire, que nous rangerons dans la liste de ses oeuvres mineures.

La lecture d'un essai sur de David Lodge, tiré de Dans les coulisses du roman, sur Daisy Miller de Henry James m'a amené à lire cette « nouvelle ». J'avoue avoir renoué avec la fiction avec grand plaisir. En attendant de lire L'auteur l'auteur, du même Lodge sur le même James. J'y reviendrai.

Prochain message, on y parlera d'ours.

mercredi 23 mai 2007

Révolution


Je m'en voudrais de vous laisser plus longtemps sur le dernier commentaire. Je vous reviens donc avec un livre qui aura été une des plus agréables lectures du mois écoulé.

Il s'agit de la relation de la prise du pouvoir en 1762 par Catherine II à la suite d'une conjuration qui a abouti à la déposition, puis à l'assassinat de son mari, le czar Pierre III.

Ce récit, qui fit les belles heures du salon de Mme Geoffrin, circula rapidement sous forme manuscrite dans toute l'Europe, ce qui inquiéta fort l'impératrice, qui fit tout pour le supprimer. L'auteur, bon prince, accepta de ne le publier qu'après la mort de celle-ci, et il ne le fut, finalement, qu'après la sienne, en 1797.

Pour moi, le français a atteint au XVIIIe siècle le plus haut niveau de perfection, poussant à un raffinement extrème la langue austère et rugueuse, on pourrait même dire baroque, du siècle de Louis XIV. Langue des Lumières, de la diplomatie, et, en un mot, du Monde à son zénith.

L'exemple suivant donne la mesure de cette élégance dans la relation d'un fait, somme toute divers, presqu'un commérage, à propos d'un des protagonistes de l'histoire :
Le comte Poniatouski avait pris en Pologne d'intimes liaisons avec cet ambassadeur [d'Angleterre], si intimes même, que l'un étant fort beau, l'autre fort dépravé, on en avait médit. Peut-être que l'exactitude de ce détail n'est pas de mon sujet; mais M. de Poniatouski étant devenu roi, il y a toujours plaisir à reconnaître les chemins qui mènent au trône.
Combien les gazettes ont déchu depuis !

Claude Carloman De RUHLHIÈRE, Anectodes sur la Révolution de Russie en l'année 1762, Le promeneur, Paris, 2006 (131 pages)

lundi 21 mai 2007

Transition

Un de mes amis me l'ayant prêté il y a déjà quelques temps, et souhaitant un peu de fiction, j'ai abordé ce week-end inconstant le plus récent Michel Tremblay.

Pour tout dire, je trouve que cela commence mal; primo, on nous l'a fait le coup du « ceci n'est pas destiné à être publié, mais c'est un témoignage d'une époque révolue »; deuzio -- pour faire, comme l'auteur, langue populaire --, le roman à la première personne, on a déjà vu et revu, et il faut être autrement fort pour que ça tienne la route; et troisio, on a beau être vert, il y a quand même des limites au recyclage : elle est un peu usée la galerie de la Main, au point de devoir trouver refuge dans une taverne fantôme dans les dessous du Monument national.

On sent, par ailleurs, le texte le cul entre deux chaises : théâtre (ou même téléthéâtre) et roman. Évidemment, si la Duras a poussé au suprême degré l'art de nous repasser les plats, on ne saurait en tenir rigueur à la Tremblay.

La chose est donc grasse et molle, comme les frites qu'affectionne le narrateur, et les femmes qu'aime Gloria,un des personnages.

Pour filer la métaphore alimentaire, recommandons à Tremblay une cure aux Words Watchers et un abonnement aux Adjectifs et Adverbes Anonymes.

Je poursuis la lecture (chapitre IV), sait-on jamais. L'espoir est au bout, sinon du livre, du moins du chemin.

Michel TREMBLAY, Le trou dans le mur, Leméac/Actes Sud, 2007 (243 pages)

samedi 19 mai 2007

De retour


Je me suis permis de faire le carnet buissonnier ces dernières semaines, non que j'aie moins lu, quoiqu'assez irrégulièrement, mais parce que le passage à l'écrit ne se produisait pas; l'idée du texte y était, point l'envie du clavier.

Un mois sans roman, et je ne m'en porte pas plus mal. Essais et récits qui ont nourri l'esprit autant qu'il l'auront diverti. Bref, un bon mois. Et pour vous (je pourrais sans doute me contenter du singulier, sauf votre respect, tant votre nombre, mon lectorat et mince), ce sera une rafale de billets.

Chronologiquement donc.

J'ai toujours lu avec délectation Jean Daniel, tant ses éditoriaux du Nouvel Observateur, que ses essais et rares romans. C'est un incontournable témoin du XXe siècle, pour qui s'intéresse un tant soit peu à l'histoire politique et intellectuelle de la France.

Jean Daniel a connu Camus, dont il est proche, ce qui ne l'a pas empêché de se séparer de lui à propos de la guerre d'Algérie. Il nous offre donc une admiration, pour l'homme, pour l'oeuvre. Je serais tenté de dire qu'il nous en offre deux; car il a, chez lui, une façon de se placer par rapport à son sujet qui tend à le mettre en valeur : il a, en quelque sorte, l'humilité ostentatoire, pratiquant un genre inusité, l'auto-hagiographie.

On apprend ainsi que c'est bien lui qui est à l'origine de la boutade selon laquelle il est préférable d'avoir tord avec Sartre plutôt que d'avoir raison avec Aron. La formule a fait des émules, par exemple chez André Blanchard, dont je parlerai sous peu, dans Contrebande : « On dirait que la déchristianisation a des lettres : vieux vaut avoir tord avec Satan que raison avec Dieu. »

Ce petit travers mis de côté, Jean Daniel prend rappelle la carrière journalistique de Camus, et les exigences de celui-ci dans l'exercice de ce métier. Il nous parle d'un temps où la presse n'était pas encore avant tout un commerce. D'un temps où écrire un article était autre chose que la fonction copie/colle, où « il vaut mieux être les seconds à donner une information vraie que les premiers à en publier une fausse ».

Imagine-t-on de nos jours un directeur de journal déclarer à un de ses rédacteurs : « Désormais, inspirez-vous plus de Chamfort que de Chateaubriand » ?

Une précieuse introduction pour qui aimerait retourner à Camus, ou, simplement, aller vers lui, car il semble bien que celui-ci aura échappé au purgatoire, cinquante ans après sa mort, où semblent être tombés son contemporain Sartre, pour ne pas parler des Mauriac et Malraux. Et, pour nous aussi qui l'avons, naguère ou autrefois, étudié au collège, dans l'inconscience et la naïveté de l'adolescence.

Jean DANIEL, AVEC CAMUS -- COMMENT RÉSISTER À L'AIR DU TEMPS, Gallimard, Paris, 2006

mercredi 16 mai 2007

Retraite


Je reviens de passer quelques jours dans un hâvre (dans tous les sens du terme) de paix : à l'Oasis de Port-au-Persil. Je ne saurais trop vous recommander ce merveilleux gite au coeur du pays de Charlevoix.

Le lien suivant vous conduira à la page de l'Oasis : http://www.oasisduport.com/

Et maintenant, je retourne à mes notes pour reprendre non pas le temps perdu, car j'ai beaucoup lu au cours de ces vacances, mais le cours de mes récits de lecture.

vendredi 4 mai 2007

Qui trop embrasse...

Petit retard à mettre à jour le blog. Un peu de fatigue, les aléas du quotidien qui accaparent, et puis, je l'avoue, ma tendance à la procrastination.

Ainsi qu'une certaine dispersion. Ainsi qu'un certain « qui trop lit point n'écrit ». Car si j'ai terminé la lecture de Avec Camus de Jean DANIEL, de Entre chien et loup d'André BLANCHARD et de Varennes - La mort de la royauté de Mona OZOUF, trois livres qui m'ont passionné, je peine un peu à donner forme à mes commentaires. J'ai en effet le passage à l'écriture assez lent.

Cela pourtant va venir. Patience.