mercredi 23 mai 2007

Révolution


Je m'en voudrais de vous laisser plus longtemps sur le dernier commentaire. Je vous reviens donc avec un livre qui aura été une des plus agréables lectures du mois écoulé.

Il s'agit de la relation de la prise du pouvoir en 1762 par Catherine II à la suite d'une conjuration qui a abouti à la déposition, puis à l'assassinat de son mari, le czar Pierre III.

Ce récit, qui fit les belles heures du salon de Mme Geoffrin, circula rapidement sous forme manuscrite dans toute l'Europe, ce qui inquiéta fort l'impératrice, qui fit tout pour le supprimer. L'auteur, bon prince, accepta de ne le publier qu'après la mort de celle-ci, et il ne le fut, finalement, qu'après la sienne, en 1797.

Pour moi, le français a atteint au XVIIIe siècle le plus haut niveau de perfection, poussant à un raffinement extrème la langue austère et rugueuse, on pourrait même dire baroque, du siècle de Louis XIV. Langue des Lumières, de la diplomatie, et, en un mot, du Monde à son zénith.

L'exemple suivant donne la mesure de cette élégance dans la relation d'un fait, somme toute divers, presqu'un commérage, à propos d'un des protagonistes de l'histoire :
Le comte Poniatouski avait pris en Pologne d'intimes liaisons avec cet ambassadeur [d'Angleterre], si intimes même, que l'un étant fort beau, l'autre fort dépravé, on en avait médit. Peut-être que l'exactitude de ce détail n'est pas de mon sujet; mais M. de Poniatouski étant devenu roi, il y a toujours plaisir à reconnaître les chemins qui mènent au trône.
Combien les gazettes ont déchu depuis !

Claude Carloman De RUHLHIÈRE, Anectodes sur la Révolution de Russie en l'année 1762, Le promeneur, Paris, 2006 (131 pages)

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