jeudi 28 octobre 2010

La nuit juste avant la forêt

J'ai vu, il y a une dizaine d'années, cette pièce de KOLTÈS, également mise en scène par Brigitte HAENTJENS, mais interprétée par James HYNDMAN, puis à Ottawa en 2008, dans une mise en scène hallucinante, comme dirait LUCHINI, de Kristian FRÉDRIK, avec Denis LAVANT. Sébastien RICARD reprend maintenant le rôle.

Je n'hésite pas à recommander la pièce, le texte de KOLTÈS est vraiment très puissant.

lundi 25 octobre 2010

Un peu de sérieux

Ma petite crise littéraire dans mon dernier billet faite, je reviens, chassez le naturel, à mes lectures « prises de tête ». Voici donc les livres, un roman et un essai, que j'apporterai avec moi la semaine prochaine à Cuba :

J. M. COETZEE, L'été de la vie, traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Catherine Lauga du Plessis, Seuil, 2010, titre original Summertime, (320 pages).

 Présentation de l'éditeur :
« Après Scènes de la vie d'un jeune garçon et Vers l'âge d'homme, voici le troisième volet de l'entreprise autobiographique de Coetzee : il a atteint la trentaine et, de retour au pays natal, partage avec son père vieillissant une maison délabrée dans la banlieue du Cap. Autobiographie fictive puisque l'auteur confie la tâche d'un portrait posthume à un jeune universitaire anglais qui recueille les témoignages de quatre femmes et d'un collègue qui auraient compté pour l'écrivain en gestation dans les années 1970. Ce quintette de voix laisse entrevoir un homme maladroit, mal à l'aise, brebis galeuse de la famille afrikaner qui peine à ouvrir son cœur. La femme adultère, la danseuse brésilienne, la cousine chérie, l'universitaire et la maîtresse française s'accordent à faire de lui un amant sans chaleur, un amoureux indésirable, un enseignant sans charisme. Ces entretiens sont encadrés de notes et fragments extraits de carnets où l'écrivain s'interroge et se cherche. Dans ce récit où se mêlent le comique et le ridicule, la mélancolie et le désespoir, Coetzee se livre avec prudence et dévoile peu à peu un coeur en souffrance sous la cuirasse. Il invite une nouvelle fois le lecteur à une superbe méditation sur la condition humaine. »
Vincent CESPEDES, Magique étude du bonheur, Larousse, Paris, avril 2010 (238 pages).

Présentation de l'éditeur :
« Malgré nos déclarations et nos déplorations, nous avons peur du bonheur. Il nous fait peur parce qu'il est subversif par essence, et doublement : il bouleverse continûment notre rapport aux autres et il nous transforme sans cesse. Rien à voir avec l'hébétude éthérée que l'on nous vend, étiquetée « bonheur ». Le bonheur est une bonne « digestion » du monde et des autres, qui entrent en nous et se mélangent facilement avec notre mythologie intime, nos émotions, nos profondeurs. Tout lui est « aliment », la peine comme la joie. Le signe du bonheur ne serait donc pas le sourire (qui peut être factice), mais la bienfaisance, la bonté qui jaillit naturellement d'un être heureux. »

dimanche 24 octobre 2010

La maison des morts étranges

Margery ALLINGHAM, La maison des morts étranges et autres aventures d'Albert Campion, préface de François RIVIÈRE, Police at the Funeral, traduction de P. SAUREL complétée par Gabriel REPATTATI, 1931, Omnibus, Paris, mai 2010 (1015 pages).
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On me reproche parfois d'avoir des lectures, comment dire, qui prennent la tête. Comme SAGAN avec la vitesse et l'argent, je laisse courir, il est trop tard, toute dénégation entraînant des sourires entendus. Il est vrai que je me méfie des listes « coups de cœur » des marchands, qui nous vantent des produits culturels d'élevage. Et que j'ai, la messe est dite, un faible pour PROUST. Ce qui m'irrite le plus c'est qu'il n'y a rien à faire contre les clichés et rien à dire aux Bouvard et Pécuchet contemporains.

Cela dit, comme beaucoup, j'ai un faible pour les romans policiers, dont j'aime à admirer l'architecture et, surtout, pour l'univers parallèle qu'ils créent et où tout doit se résoudre. Un article du Monde m'a, récemment, mis sur la piste du recueil, publié chez Omnibus, des principaux romans de Margery ALLINGHAM, dont je termine la lecture de La maison des morts étranges. On dit qu'elle fut la rivale d'Agatha CHRISTIE et de quelques autres dames un peu oubliées du genre. Il n'en demeure pas moins que si elle n'a plus la renommée de celle-ci, elle possède ce style si incisif qui fait le charme des ces vieilles dames indignes (je reconnais volontiers qu'elles n'ont pas toujours été vieilles...) de la littérature britannique.

À quoi bon parler de l'intrigue ou de son héros, le détective Albert Campion, elle est convenue, comporte assez de retournements pour égarer le lecteur et, à la fin, le coupable sera châtié; et lui réunit toutes les caractéristiques indispensables de l'emploi. Mais quel style, jugez-en par ces quelques extraits :
« Il semblait trouver tout naturel d'être appelé pour résoudre un drame et d'être reçu avec un morceau de jambon froid. »

« Il s'agit d'un meurtre, mon garçon !... Un meurtre tout ce qu'il y a de plus contrariant. »

« Toute la demeure respirait cette magnificence collet monté qui marquait le bon ton sous le règne de la reine Victoria. [...] un foyer de vices où se reproduisent ces sombres rejetons de l'esprit civilisé que les scientifiques décrivent comme le résultat naturel de frustrations et d'inhibitions, et, à présent, un volcan en ébullition [...].»

Un clic sur le tire ouvre l'article (en anglais) de Wikipedia sur le roman.

Le commentaire sur La carte et le territoire est toujours en gestation...

lundi 18 octobre 2010

Une forme de vie

Amélie NOTHOMB, Une forme de vie, Albin Michel, Paris, août 2010 (169 pages).

Avant de mettre en ligne le commentaire sur La carte et le territoire, je vais expédier celui du NOTHOMB 2010, petit cru de l'annuelle récolte de belge romancière. Expédié, pour la lecture, en un peu plus de deux  petites heures, allegro sostenuto, mais sans me presser, entre deux films du Festival du Nouveau Cinéma, que je fréquente avec assiduité cette année ayant gagné un laissez-passer, je crois l'avoir déjà mentionné.

On se demande s'il y a un rapport quelconque entre le titre et la photo de la couverture, tant celle-ci évoque pour moi, par le traitement de l'image et de la couleur, les undead chers au cinéma d'horreur américain. De quelle forme de vie peut-il en effet s'agir ?

Je renoue avec l'auteur, que j'avais fréquenté, naguère, en même temps qu'un romancier d'ici, amoureux que j'étais, alors, de l'idée d'être amoureux d'un littéraire -- j'en suis revenu assez rapidement, de l'idée et du scribe, lequel est, par la suite, pardonnez la digression, devenu le nègre d'une personnalité politique -- et dont j'avais lu les premiers ouvrages jusqu'à la Métaphysique des tubes. NOTHOMB ne provoquait pas alors l'agacement qu'elle a suscité depuis dans le milieu littéraire parisien, et on pouvait encore la lire, et en parler, sans passer pour un plouc. Elle était toutefois sortie de ma vie et de ma bibliothèque, passée par pertes et profits de ma brève liaison littéraire.

Roman en partie épistolaire, donc, que je qualifierais davantage de longue nouvelle. Surtout avec la chute, une espèce de pirouette, de la fin.  Comme nous n'avions qu'un tout petit sujet pour notre opus de la rentrée, nous y ajoutâmes notre commentaire sur notre imposante correspondance d'auteur célèbre, et le tour fut joué. Un salut à la Princesse de Clèves, actualité oblige, ainsi qu'une petite digression sur la prétérition, l'Académie appréciera si jamais nous songions à devenir le deuxième fauteuil belge, et ite missa est. En tout état de cause, le lecteur s'y laissera prendre, encore qu'il puisse trouver la métaphore de l'obésité -- filons celle-ci un peu plus -- un peu lourde.

Un clic sur le titre vous ouvrira la page Wikipedia sur Amélie NOTHOMB.

samedi 16 octobre 2010

La carte et le territoire I

Michel HOUELLEBECQ, La carte et le territoire, Flammarion, Paris, Septembre 2010 (428 pages).
HOUELLEBECQ auteur et personnage de ce roman, déjà propulsé dans la stratosphère des ventes (en France du moins) et promis au Goncourt (c'est le tour de Flammarion). Cela dit, je n'ai vu personne en train de le lire dans le bus ou le métro, ni dans aucun café, ni même à la bibliothèque. Quand on achète un livre : le lit-on ?

Mon commentaire sera pour le prochain billet, mais, d'entrée, regardez la photo de la quatrième de couverture. Peut-on photo plus « anti-photo » ? Lucide, HOUELLEBECQ se décrit, dans le roman, comme « une vieille tortue malade ». On ne peut que corroborer.

vendredi 15 octobre 2010

Pause

J'ai terminé la lecture du HOUELLEBECQ, et commencé celle du NOTHOMB, mais voici que je viens de gagner un laissez-passer pour le Festival du Nouveau Cinéma et je vais sans doute passer beaucoup de temps dans la pénombre. Ce soir j'ai vu Mammuth à l'Impérial, en voici la bande annonce.

mardi 12 octobre 2010

FOGLIA sur HOUELLEBECQ : « Y m'énarve »

Le jeudi 7 octobre, le billettiste de La Presse, Pierre FOGLIA, donnait, avec sa verve habituelle, son commentaire du nouveau roman de Michel HOUELLEBECQ, La carte et le territoire. J'ai pensé intéressant de partager avec vous. Un clic sur le titre de l'article vous ouvrira le texte intégral du billet en cause : « Y m'énarve ». J'en suis, pour ma part, arrivé à la moitié de l'ouvrage, et, si je ne suis pas en complet désaccord avec FOGLIA, je serais plus nuancé. À suivre dans quelques jours.
« Jean Daniel, l'éditorialiste en chef du Nouvel Observateur - qui ne passe pas pour un rigolo -, commençait pourtant une de ses récentes chroniques en s'amusant du «grand événement culturel» de la rentrée: Michel Houellebecq.

» Je ne vois pas pourquoi, sourit Jean Daniel, je serais le seul à ignorer le plus grand événement de ces jours derniers...

» Moi aussi d'abord, je ne vois pas pourquoi je serais le seul à ignorer M. Houellebecq, très certainement le prochain Goncourt, j'ai fini ce matin son roman, un peu rasséréné par les dernières pages de l'épilogue, les plus inventives.

» Comment cela un peu rasséréné ? Étiez-vous donc agacé ? Ce ne serait pas le grand roman que la critique célèbre presque unanimement?

» Si, c'est un bon roman. Mais il serait encore meilleur s'il avait été écrit par quelqu'un d'autre.

» Vous voulez dire mieux écrit ?

» Non, je veux dire écrit tel qu'il est là, à la virgule près, mais par quelqu'un d'autre qui ne me chaufferait pas les oreilles, tandis que je le lis. Un auteur sans le brouhaha que nous apporte toujours M. Houellebecq avec ses livres, un auteur qui écrirait exactement le même roman sans que cela devienne un "événement". Un Américain tiens, Roth ou Moody, même Ford et je serais là à m'exclamer et à vous envoyer chez le libraire: courez acheter le dernier Moody, The Map and the Inland - La carte et le territoire.

» Un bon roman dont l'art est "l'objet" central, à moins que l'objet central soit M. Houellebecq lui-même, en grande conversation avec lui-même, sur l'art, l'amour, le travail, l'économie, la fonction des objets, etc. Il y a au moins trois ou quatre Houellebecq dans ce roman de Michel Houellebecq, si bien que lorsque Michel Houellebecq se fait assassiner, cela ne dérange pas du tout, il en reste tout de même deux ou trois pour terminer le livre.

» Le truc a beaucoup plu aux lecteurs et aux critiques: dans ce livre de Michel Houellebecq, il y a effectivement quelqu'un qui assassine Michel Houellebecq. Cela nous vaut 100 pages d'une enquête policière à la Maigret mais sans la pipe; franchement, je n'ai pas très bien compris le pourquoi de cet assassinat.

» Un bon roman mais qu'est-ce qu'il peut m'énerver à flatter ses amis (Beigbeder), à picosser les journalistes (ces nuls). Qu'est-ce qu'il m'énerve avec ses clins d'oeil aux initiés, comme ce flic qui lit Gérard de Nerval à la cafétéria, ben tiens! Pourquoi pas! Après tout, ma grande soeur, celle qui est toiletteuse pour chiens, a bien fait sa thèse sur Giambattista Tiepolo entre deux poodles. Et Emmanuel Bove bien sûr, qui traînait par hasard dans les rayons d'une bibliothèque. Vous savez qui est Emmanuel Bove ? Ah non ? Je vous le prêterai, vous allez tellement vous amuser.

» Il m'énerve surtout dans ses petits couplets libertariens, ainsi quand il rêve qu'un jour les Français seront "animés d'un vif appétit d'entreprise, aux convictions écologiques modérées, commercialisables", et qu'ils seront enfin pénétrés "d'une connaissance précise des lois du marché, lucidement acceptées".

» Lucidement. On dirait du Lucien Bouchard. »

jeudi 7 octobre 2010

Présentation

Tout compte fait, je préfère revenir à l'ancienne présentation. Merci à ceux et celles qui m'ont communiqué leurs commentaires. En revanche, vous aurez désormais la possibilité de vous inscrire à mon blog à l'aide d'un lecteur de flux.

mercredi 6 octobre 2010

Présentation

Tout compte fait, je préfère revenir à l'ancienne présentation. Merci à ceux et celles qui m'ont communiqué leurs commentaires.

Présentation

Je viens de modifier la présentation du chapeau en y plaçant, en arrière plan, une photographie de ma bibliothèque. Cela rend-il le texte difficile à lire ? Lecteurs, prononcez-vous.

Éclectisme

Le hasard des réservations à la bibliothèque fait qu'arrivent le même jour sur ma table deux ouvrages phares de la rentrée littéraire en France. Les nouveaux HOUELLEBECQ et NOTHOMB. Et un court délai de trois semaines. Le premier comptant plus de 400 pages, j'ai décidé de commencer par lui. Je compte aussi profiter des trois heures du trajet en train de Montréal à Québec, où je me rends pour quelques jours, pour bien l'avancer.

Je puis vous dire, déjà, qu'après une cinquantaine de pages so far, so good. Comme dirait Marguerite DURAS.

La mort d'Edgar

Franz BERTELT, La mort d'Edgar, Gallimard, Paris, 11 mars 2010 (227 pages).

Présentation de l'éditeur :
« On retrouve dans ces neuf nouvelles la verve tour à tour truculente, sarcastique ou philosophique de Bartelt, son attention très fine aux êtres et à leurs misères. On y danse sur des musiques tristes La Samba des otaries ou le Quadrille des déménageurs trapus, on se suicide comme on plaisante, on rêve qu'on est ressuscité mais on meurt en se réveillant... Une fille parfaitement chaste a une réputation de lubricité qui enflamme tous les mâles du pays, un romancier se met à l'épreuve du réel en livrant sa femme à la débauche pour écrire un roman érotique (elle y prendra goût, hélas)... L'univers de Bartelt puise sa force dans un style remarquable d'inventivité roublarde, avec un sens exceptionnel de la formule et du dialogue comique. »

Il y a, chez BARTELT, auteur que j'avais découvert en 2005, sur la recommandation de mon libraire d'Ottawa -- qu'il en soit encore remercié, il était un de ceux qui s'intéressent à connaître leur pratique et les goûts de celle-ci et non un marchand sujet aux coups de cœur --, avec le recueil de nouvelles Le bar des habitudes, puis avec Pleut-il -- que je ne retrouve pas, l'aurais-je prêté, c'est à dire perdu ? et que je fréquente depuis, un souci de ceux que l'on appelle dans les média les anonymes, les tout un chacun de la vie contemporaine, sans autre signe distinctif que leurs petits secrets, dont la vie, que l'on dit sans histoire, ne sera jamais consignée dans une biographie.
« C'était une jeune fille chaste qui aimait la lecture des grands succès de librairie. Elle avait un penchant pour la musique populaire, pour les chanteurs à la mode, mais cela ne se devinait pas sur son visage. »
« Personne n'aimait François Boadec, mais personne n'avait de vraies raisons de lui en vouloir. Il se tenait à l'écart, c'est tout ce qu'on pouvait lui reprocher. »
« De l'avis général, [Vincent Harlot] écrivait d'une manière plutôt convenue, enfonçant les portes ouvertes avec des phrases sans clef. »

« Sa volonté de bien faire s'appliquait aux choses de la vie en général, sans distinction d'importance. S'il devait s'asseoir, il s'arrangeait pour bien s'asseoir. Le simple fait de s'asseoir demande, en effet, une certaine attention. Des calculs assez millimétriques, Un enchaînement de gestes et de postures qui ne dépendent ni du  hasard ni de l'instinct. »
Bref, en apparence, des gens comme vous et moi. Mais pourquoi diantre, dès lors, s'y intéresserait-on ? En raison de l'art de l'auteur, lequel métamorphose la banalité du quotidien en littérature.

C'est, au demeurant, qu'elles ne sont pas si banales qu'il n'y parait les vies des héros des nouvelles de BARTELT, qui sait les ciseler au burin en respectant les conventions du genre : je vous mets au défi de prévoir la chute de chacune d'entre elles.

Et on y reconnaît bien des travers de notre époque. Une de mes préférées, Histoire de l'art, peint le parcours artistique du héros, Mamoh Grelock  -- soulignons au passage l'inventivité onomastique de l'auteur -- « un artiste de l'attente. Un conceptuel. Un moderne. » Dont « une des œuvres les plus fortes fut son attente au guichet de la Poste. » Tableau savoureux des précieux ridicules de l'art contemporain.

Et cette autre, Le puits où l'un des personnages, le camarade Mouillu, passe sa vie à essayer de se suicider et l'autre, Fernand Biroche, son inséparable ami, à le sauver de la mort. J'ose vous révéler que le premier finira par se réussir, mais c'est à vous de découvrir comment, et le raffinement de la cruauté de son geste.

Vous aurez compris que j'ai beaucoup aimé le nouveau recueil de nouvelles de Franz BARTELT et que je vous le recommande vivement. Et je vais me précipiter sur son Petit éloge de la vie de tous les jours, qui est passé en 2009, comme on dit, sous mon écran radar.


Franz Bartelt, un balcon à Nouzon
envoyé par Mosaique-Films. - Découvrez plus de vidéos créatives.

lundi 4 octobre 2010

Proust et Sagan, aller-retour

Françoise SAGAN, De très bons livres, L'Herne, Paris, 2008 (102 pages).

Quelques dizaines de pages d'Un amour de Swann ont eu, pour moi, le même effet qu'une défragmentation pour un ordinateur. La métaphore informatique ne surprendra pas ceux qui ont suivi mes récents déboires.  De PROUST à SAGAN, qui emprunta son pseudonyme à un personnage de la Recherche, il n'y a qu'un pas à faire, d'autant plus facilement que ce petit recueil m'attendait chez mon libraire, avec quelques autres titres de la même collection.
Une lettre à Jean-Paul SARTRE, un article sur FITZGERALD, le questionnaire de PROUST, justement, puis ce paragraphe :
« Je viens de quitter quelqu'un dans un café, nous ne nous sommes pas compris. Je m'assied dans un fauteuil, je regarde mes mains. Je ramasse un livre sur la table, j'ouvre au hasard : " ... dit la Duchesse. Et Dieu sait ce qu'il a pu être ennuyeux. Il ne serait pas plus stupide qu'un autre, s'il avait eu, comme tant de gens du monde, l'intelligence de savoir rester bête..." Je me mets à rire, je me laisse aller dans mon fauteuil, je suis Marcel Proust à la trace, je suis consolée. »
C'est ça le plaisir de lire. Sachons en profiter.
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