lundi 28 décembre 2009

Entre deux réveillons


Françoise SAGAN, Toxique, illustrations de Bernard BUFFET, Stock, Paris, 2009 (première édition en 1964).

Le journal, bref, d'une cure de désintoxication. La légèreté de la plume dissimule à peine la douleur de cette semaine pour apprendre à vivre « sans ». Je retourne toujours avec joie vers Sagan, surtout quand, comme ces jours-ci, la frénésie s'empare de chacun.

dimanche 20 décembre 2009

Du grain à moudre

Titre de l'émission : Le darwinisme va-t-il phagocyter les sciences sociales ?
En podcast sur France Culture

France Culture


jeudi 17 décembre 2009

Cycle MODIANO




Patrick MODIANO, La place de l'Étoile, Gallimard, Paris, 1968 (Collection Blanche et Folio).

Quatrième de couverture :
En exergue de cet étonnant récit, une histoire juive : « Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : " Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Etoile ? " Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine. » Voici, annoncé en quelques lignes, ce qui anime le roman : l'inguérissable blessure raciale.
Le narrateur, Rapphaël Schlemilovitch, est un héros hallucinatoire. A travers lui, en trajets délirants, mille existences qui pourraient être les siennes passent et repassent dans une émouvante fantasmagorie. Mille identités contradictoires le soumettent au mouvement de la folie verbale où le juif est tantôt roi, tantôt martyr et où la tragédie la plus douloureuse se dissimule sous une énorme et pudique bouffonnerie.
Ainsi voyons-nous défiler des personnages réels ou fictifs qui appartiennent à la mythologie personnelle de l'auteur : Maurice Sachs et Otto Abetz, Lévy-Vendôme et le docteur Louis-Ferdinand Bardamu, Brasillach et Drieu la Rochelle, Marcel Proust et les tueurs de la Gestapo française, le capitaine Dreyfus et les amiraux pétainistes, Freud, Rebecca, Hitler, Eva Braun et tant d'autres, comparables à des figures de carrousels tournant follement dans l'espace et le temps. Mais la place de l'Etoile, le livre refermé, s'inscrit au centre exact de la « capitale de la douleur ».
Bruno BLANCKEMAN, Lire Patrick Modiano, Armand Colin, Paris, 2009 (190 pages).
Ouvrage récemment publié, et que la BN a reçu, dont le Magazine littéraire vante la qualité. Je me lance concurremment dans la lecture de l'essai et des romans. J'ai abordé MODIANO dans les années quatre-vingt, une fois ma longue et stupide adolescence -- mon Moyen Âge -- terminée, sans doute avec De si braves garçons ou Quartier perdu, et sans doute encore à la suite d'une critique du Nouvel Observateur, qui m'a ouvert les yeux sur le monde et, plus particulièrement la littérature. Je me suis aussitôt accordé avec cet auteur, que j'ai vu vers la même époque dans l'émission Apostrophes. Je ne l'ai pas lâché depuis, et, dans les années quatre-vingt-dix, suis remonté vers les origines, remplaçant mes Folio par des Blanche, et lisant les titres que je n'avais pas encore lus. Ainsi, une note, dans mon exemplaire du premier roman de MODIANO, précise que je l'ai relu en septembre 1993. Je n'ai aucun souvenir de ma première lecture. Mais déjà je soulignais certains passages. Notamment un, mentionné dans mon commentaire du livre de Gilles HEURÉ, « En effet, la marquise sort chaque jours à cinq heures... ». J'ai donc, à cette époque, dû lire le roman de Claude MAURIAC, La marquise sortit à cinq heures, et je me souviens que c'était dans l'édition Folio, donc après 1984. J'avais aussi entrepris la lecture du journal de ce dernier, Le temps immobile, dont je me suis, toutefois, vite lassé. Il faut dire que ce MAURIAC est assez tôt entré au purgatoire : « on » ne le lisait plus...

Merci Foglia

J'aurais bien mis « M. », mais cela aurait dissipé l'idée de connivence entre lecteurs que j'aurais avec ce brillant chroniqueur. Normalement j'évite les adjectifs, mais en l'instance, « brillant » s'impose. Des œufs à la neige, en effet, un don de l'homme (et pas du ciel). Qui réchauffe le cœur en ce fretissime matin de décembre, où même le soleil glace la vitre.

Vive Gracq, vive Roussel, et tant pis pour les connes littéraires.

Pierre Foglia : Des oeufs à la neige | Pierre Foglia


samedi 12 décembre 2009

Bibliothèque

Les aléas du quotidien ont mis à mal ma résolution de tenir ce carnet avec plus d'assiduité : un déménagement, et la corvée de réaménagement qui en découle. La joie devant l'arrivée au foyer de l'être cher et son installation « chez nous » m'a en effet distrait de la lecture et de l'écriture. Je reviens à l'une et à l'autre.

Les dames virtuelles de la bibliothèque m'y aident m'ayant laissé un message de la disponibilité de deux titres réservés : Un cœur intelligent d'Alain FINKIELKRAUT et Lire Patrick Modiano de Bruno BLANCKEMAN, lesquels devraient me tenir compagnie jusqu'à l'an prochain.

jeudi 3 décembre 2009

L'homme de cinq heures - fin

Après en avoir dit pis que pendre, du style et de la structure, je vais conclure cette tétralogie en allant par où on commence normalement, le sujet.

L'homme de cinq heures, ce serait l'histoire des cinq heures dans la littérature. Ce qui nous vaut un bon lot de citations que nous proposent tant l'« homme de cinq heures » le pseudo-Paul Valéry, dit Monsieur V. -- le V n'est-il pas le 5 romain ? que Paul Béhaine, le « héros », qui, à l'ouverture du roman, travaille à la Bibliothèque nationale (aussi connue sous l'acronyme de BN, vous saisissez ?), l'ancienne, celle au centre de Paris.

Passant de l'agacement à la curiosité, Béhaine s'intéresse de plus en plus à ce bavard érudit qui se passionne pour la cinquième heure et la littérature et a des idées bien précises sur celle-ci, qu'il nourrit, non sans une certaine cuistrerie, de citations multiples. Béhaine sera même convié -- une sorte de défi -- à tenir une conférence à l'assemblée des cinq-heuristes improvisant sur ses propres cinq-heures après laquelle, Monsieur V. ayant disparu, il se lancera à sa recherche, faisant au passage d'autres rencontres, et le retrouvera à Sète, la ville du cimetière marin.

Je ne reviens pas sur mes réserves sur ce roman : le style a, pour moi, gâché le sujet. Faites-vous votre propre idée.

Par ailleurs, j'ai entrepris le cycle Modiano évoqué il y a quelques semaines avec La place de l'Étoile. J'avais déjà lu ce roman en septembre 1993 dans un exemplaire d'occasion de la collection Blanche, qui remplaçait mon exemplaire Folio acquis dans les années soixante-dix. M'étant mis sérieusement à Modiano, je recherchais les « vrais » livres, que je préfère, pour les garder, aux volumes en format de poche.

J'avais souligné, alors, le passage suivant :
« En effet, la marquise sort chaque jour à cinq heures pour monter Bayard, son cheval favori. »
Clin d'oeil à Valéry, et post scriptum fort à propos à mon petit bavardage du jour.

« Et c'est ainsi qu'Allah est grand » aurait conclu Vialatte en son temps, déjà si lointain.

mercredi 2 décembre 2009

L'homme de cinq heures - ter

Gilles HEURÉ, L'homme de cinq heures, Viviane Hamy, Paris, 2009 (286 pages).

Broutilles me direz-vous, je pinaille. Parlez-nous de l'histoire.

Eh bien justement. Il me semble que le ton -- le style -- doit un tant soit peu correspondre au propos -- le sujet. Surgit un vieux monsieur qui affirme être Paul Valéry. Lequel ne pratiquait pas une prose négligée, ni brouillonne. S'imagine-t-on l'entendre nous dire, comme n'importe quel animateur à la télévision « J'ai plein de... » ?

Or tout le roman est écrit dans un style « La marquise sortit à cinq heures » que dénonçait Valéry, téléphoné comme on dit pour un film. Et grammaticalement, c'est n'importe quoi :

« Il [le héros]s'interrompit en entendant quelqu'un marcher dans l'allée. On gravissait les escaliers. L'espace d'un moment, Paul [c'est le nom du héros] ressentit une crainte lourde. Puis il aperçut la silhouette du Dr Caeiro au seuil de la porte.
- Nous allons en venir au fait.
Il se leva, étreignit affectueusement la femme et se rassit. Celle-ci avança un autre fauteuil qu'elle installa devant celui de Paul et le [?] salua d'un sourire. »
Or, ce n'est pas Paul qui parle, c'est son interlocuteur, lequel se lève, alors que grammaticalement le texte laisse entendre que c'est Paul qui se lève. Et on se demande bien pourquoi le docteur Caeiro sourit à un fauteuil.

Tout le livre est de cette eau.