samedi 28 août 2010

Dans un état critique

Angelo RINALDI, Dans un état critique, La découverte, Paris, 26 août 2010 (407 pages).

On ne sait trop, ne l'ayant pas lu, qui ou quoi est dans un tel état critique : la littérature peut-être, point l'auteur espérons-le. RINALDI est certes un de mes romanciers favoris, mais aussi celui qui m'a servi de modèle, et qui m'inspire encore pour peu que je veuille soigner, et prendre le temps de le bien faire, le texte de mes commentaires -- je n'ose prétendre au nom de critique. Je garde en constamment à l'esprit ce conseil que lui ont donné Françoise GIROUD et Jean-François REVEL :  « Vous avez une minute pour retenir le lecteur sur un sujet qui a priori ne l'intéresse pas. »  Il m'a surtout permis de découvrir des auteurs, je songe en particulier à Jean RHYS, cette vieille dame indigne des lettres anglaises, Elizabeth TAYLOR ou Flannery O'CONNOR. Je vais donc attendre comme d'aucuns le messie l'arrivée de ce recueil de critiques parues dans le Nouvel Observateur.

Présentation de l'éditeur

« Rien d'important dans la vie littéraire et intellectuelle n'a échappé au regard critique d'Angelo Rinaldi pendant les vingt-huit ans qu'il a passés à L'Express, puis au Nouvel Observateur et enfin au Figaro. Avant d'être « critique », Angelo Rinaldi est un écrivain ; mais il a mis aussi son talent à faire aimer la littérature. Il n'y a donc pas deux oeuvres : c'est en écrivain que Rinaldi pratique la critique littéraire. Il a toujours accompli cette tâche sans aucune complaisance. « Galimatias, chichis, poses, métaphores boiteuses » sont l'objet de son humour ravageur. Angelo Rinaldi, version soude caustique, a fait du décapant l'un des beaux-arts. On rit en effet beaucoup en lisant Rinaldi. Il est aussi cruel avec les puissants quand ils sont médiocres, que généreux avec de jeunes auteurs quand ils sont venus de rien. Son style est salué même par ses ennemis. Angelo Rinaldi ferait aimer les livres à qui n'a jamais lu. En même temps qu'il rend le plus émouvant hommage à tous ces écrivains faits parias par l'ordre établi, aux autres assassinés par les dictatures, et à ceux, brisés par les souffrances de la vie, poursuivant leur oeuvre envers et contre tout. Grâce à la littérature, Rinaldi observe de manière féroce le monde qui nous entoure : « La nausée est une sensation que chacun éprouve à vivre l'époque, quelque bord qu'il appartienne ». Dans ce parcours à travers la littérature, qui s'étend sur des chroniques publiées entre 1998 et 2003, on croisera des auteurs aussi variés que Marcel Aymé, Montherlant, Neal Cassady, Paul Léautaud, Flaubert, Gabriel Garcia Márquez … Ce livre est surtout un véritable guide de lecture. »
 Un clic sur le titre de l'article vous ouvre le site des éditions de La découverte.

vendredi 27 août 2010

C'est parti pour la rentrée

Une rentrée littéraire littéraire - L'EXPRESS

Voici de que nous dit François BUSNEL de l'Express de la rentrée 2010 en France. À suivre, ou à éviter, comme d'habitude. J'avais fait l'impasse sur le dernier HOUELLEBECQ, que je suis depuis ses débuts (avant même sa gloire), je crois bien que je vais lui revenir.

Voilà, c'est fait, j'ai obtenu une réservation à la bibliothèque, je suis respectivement troisième pour le HOUELLEBECQ et quatrième pour le NOTHOMB sur la liste. On y reviendra cet automne

mercredi 25 août 2010

Toujours FRANK

Un long passage sur DIDEROT, notamment Le neveu de Rameau, nous donnant successivement envie de le lire, puis nous en décourageant presque. Et je tombe sur cette citation :
« Personne n'a autant d'humeur, pas même une jolie femme qui se lève avec un bouton sur le nez, qu'un auteur menacé de survivre à sa réputation, témoin Marivaux... »
On se demande qui, en Nouvelle-France, pourrait être visé : Michel TREMBLAY, Michel-Marc BOUCHARD ?

Parlons FRANK

Petite visite dans Internet, où j'ai trouvé ce papier  de Pierre ASSOULINE du Monde qui donne un portrait de l'auteur. Au passage on me pardonnera, je l'espère, le calembour du titre, assez dans la mouvance Libération.


Pour saluer Bernard Frank - La république des livres - Blog LeMonde.fr

Solde

Bernard FRANK, Solde un feuilleton, préface de Jean-Paul KAUFMANN, Flammarion, Paris, 3 avril 2010; édition originale 1981, (407 pages).


Je n'aurai malheureusement pas le temps de finir ce fort divertissant livre de Bernard FRANK. Paru au début des années 80 du siècle dernier, il vient de faire l'objet d'une réédition. J'en lis quelques pages tous les jours depuis une petite semaine, ce qui n'est pas toujours aisé, car il a le paragraphe assez long, mais, quel style.

Hier, pour bien profiter de la belle journée, je me suis rendu au parc Lafontaine où, le sol étant encore trop humide des averses récentes, je me suis installé sur un banc près de l'étang du bas.  J'aime bien lire au parc, mais il m'arrive d'être distrait par l'animation qui y règne, et j'ai bientôt vécu un petit moment proustien à contempler la belle jeunesse qui se prélassait sur l'herbe.

Ciel ! quel nombreux essaim d'innocentes beautés
S'offre à mes yeux en foule et sort de tous côtés !
Cette citation de la pièce Esther de Racine est tirée de Sodome et Gomorrhe (page 64 du tome III de l'édition courante de la Pléiade), vous pourrez bien deviner de quoi il en retourne. Hier, mon attention fut définitivement mise en déroute par la voix de clarinette d'une jeune dame qui, sans même sans apercevoir, entretenait le parc tout entier de ses déboires amoureux. Fin de la digression. Digressions, par ailleurs, qui abondent chez FRANK, le lecteur devant donc être assez attentif.


Je le recommande vivement, ce livre, même si je dois vous mettre en garde su un point : un de ces textes pourra rebuter ceux qui ne sont pas familiers avec la politique française de la Cinquième République et les diverses personnalités politiques qui y ont tenu les devants de la scène. On pourrait aussi le trouver un peu daté; pour moi, je l'ai lu un peu comme on lit les mémoire de SAINT-SIMON ou du cardinal de RETZ. Le texte Tant que j'y pense, commentaire savoureux sur le Tableau de la littérature française du XIXe siècle et des recueils LAGARDE et MICHARD,  traite, certes, du XIXe siècle, mais visite aussi les grands auteurs du siècle dernier, le monde de l'édition, l'auteur y égratignant volontiers ses quelques têtes de turc, donc l'ancien Secrétaire perpétuel de l'Académie française et ci-devant ministre de la Culture sous POMPIDOU, dont il nous dit pis que pendre, avec tant d'esprit -- amateurs de l'auteur des Rois maudits, vous êtes prévenus. L'auteur exprime quels repentirs pour les propos tenus sur BEAUVOIR et CAMUS, mais surtout nous parle de littérature comme pas un. J'aimerais vous donner quelques citations pour vous donner une idée du style, mais je ne sais par où commencer.

J'attaque aujourd'hui la troisième partie, mais doute de pouvoir terminer, d'autant plus que j'éprouve un bon nombre de contrariétés informatiques, distraction dont on se passerait volontiers.



La suite dans quelques semaines, sans doute. En attendant, jetez un coup d'oeil à la biographie de Bernard FRANK

dimanche 22 août 2010

Répliques : FINKIELKRAUTreçoit LUCHINI

Alain FINKIELKRAUT, Le rire libérateur de Philippe MURAY, France Culture, diffusée (en reprise) le samedi 22 août 2010.

Sans doute la moins banale des émissions de cette saison de Répliques. On ne connaît sans doute que très peu Philippe MURAY (1945-2006) essayiste et romancier français, il n'a jamais, en effet, été abonné à quelque Top ou Coup de cœur du Tout Culturel. Écoutez-le, lu par LUCHINI, et commenté par FINKIELKRAUT. Puis jetez un coup d'œil, sur le site qui lui est consacré,  à quelques citations de ses ouvrages. Vous m'en direz des nouvelles.

Minimum Respect

mercredi 18 août 2010

Culture d'en haut, culture d'en bas

Lawrence W. LEVINE, Culture d'en  haut, culture d'en bas -- L'émergence des hiérarchies culturelles aux États-Unis, traduit de l'anglais par Marianne Wollven et Olivier Vanhée, préface de Roger CHARTIER, titre original Highbrow/Lowbrow. The Emergence of Cultural Hierarchy In America (1988), Éditions La Découverte, Paris, avril 2010 (336 pages).

Le 15 mai dernier, Roger CHARTIER présentait cet essai, que par ailleurs, il préface, dans le cadre de l'émission de France Culture Les lundis de l'histoire. Puis, le 11 juin, le Monde en faisait le commentaire. Sans attendre, je l'ai réservé à la bibliothèque, il est arrivé vendredi. Reste à le lire...

lundi 16 août 2010

Déluge

Henry BAUCHAU, Déluge, Actes Sud, Arles, mars 2010 (150 pages).

Décrire une peinture n'est pas chose facile, peu y arrivent, et rarement à réellement donner à voir l'œuvre. Plus difficile encore, suggérer au lecteur la création en cours de réalisation, tant de la toile en devenir depuis sa genèse jusqu'à son achèvement. Dominique FERNANDEZ y était, selon moi, parvenu dans son roman sur le CARAVAGE, La course à l'abîme, (Grasset 2003). BAUCHAU y arrive aussi dans ce roman aussi bref que tragique, et pourtant somptueux.
O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits
Pour un cœur qui s'ennuie
O le chant de la pluie 
 Les deux premiers vers de ce poème seront le point de départ d'une vaste œuvre picturale  qui intégrera le début et la fin d'un monde -- le déluge -- et qui donnera son titre au roman, mais dont le titre sera -- n'est-ce pas le nom de notre vie -- L'œuvre infinie.

Florence, universitaire atteinte d'un cancer, sans doute en phase terminale, rencontre Florian, peintre que tous s'accordent à dire fou, il joue avec le feu -- aussi bien en réalité que métaphoriquement -- en proie à une peur originelle et incontrôlable. Florence, qui jusque là « a vécu la vie que sa mère avait voulu avoir » se découvre peintre, Florian l'amenant  à faire cette découverte. Leur vie en sera changée.

Il me semble inutile -- et vain -- de résumer « l'histoire », et préfère insister sur la force de l'évocation et le souffle d'imagination qui se dégagent du roman. J'allais écrire « en dépit » d'une grande sobriété d'écriture, car on se serait volontiers attendu à des effets de plume; point : la phrase est brève, l'image est forte. Autre réussite du roman : le traitement du temps, celui des trois personnages principaux, ceux qui sont dans la création, se dilatant en parallèle de celui de la « réalité » : les autres personnages vieillissent normalement, les peintre sont comme en état de suspension temporelle. Même la maladie de Florence semble suspendue.

Quelle belle réussite, car c'est le lecteur qui voit le temps suspendu, invité à entrer dans celui de la littérature.

dimanche 8 août 2010

Les enfants de la veuve

Paula FOX, Les enfants de la veuve, titre original Widow's Children traduit de l'anglais par Marie-Hélène Dumas, Joëlle Losfeld, Paris, 2010 (215 pages).


Un dîner de famille pour souligner un départ en croisière. New York, les années 70. Il pleut. Pour l'action, un déroulement très classiques, unité de lieu et de temps. Mais c'est dans leurs souvenirs que les personnages, les enfants de la veuve, voyageront, le présent n'était que la mince surface des profondeurs de la mémoire. Ces enfants sont ceux d'Alma Maldonata -- mal donnée ? Enfants qui tournent autour de Laura, maîtresse femme, celle qui part en croisière. Le point de départ : Laura apprend la mort de sa mère, reléguée depuis un moment dans un hospice. Nouvelle dont l'annonce risque de mettre en cause le départ, ce à quoi Laura ne veut pas se résoudre. Laura, experte en dissimulation, n'avoue-t-elle pas « Oui, j'ai toujours su me maquiller ».

L'intérêt du roman, rendons grâce au talent de l'auteur, découle certes du récit de la soirée et de la nuit qui réunit les personnages, mais bien davantage du sous-texte : l'immigration, et l'intégration des immigrés dans la société américaine. En effet, les Maldonata sont originaires d'Espagne -- ils ont tous « le  nez de Cadiz » référence à de possibles origines juives, dont on ne parle pas -- et s'étaient un moment fixés à Cuba avant de venir s'installer à Cuba. Aléas financiers et déclassement économiques à la clef. N'oublions pas un constant fond de racisme, contre les Irlandais, les noirs.

Aucune esbroufe chez Paula FOX, ce qui constitue, pour moi, l'essentiel de son art; j'ai particulièrement aimé la façon dont chacun des personnages parle des autres, technique qui nous en apprend autant sur eux que sur les autres, et nous permet de nous faire une idée nous mêmes de leur vérité.

À certains égards, Paula FOX me rappelle un peu un autre écrivain qui a connu de son vivant une longue éclipse et un retour à une certaine notoriété, Jean RHYS, un de mes auteurs britanniques favoris.

jeudi 5 août 2010

Solde

Bernard FRANK, Solde -- un feuilleton, préface de Jean-Paul KAUFFMANN, Flammarion, Paris avril 2010 (407 pages).

Parlant SAGAN, je viens de rapporter de la bibliothèque ce livre de celui qui aura peut-être été son meilleur ami. Je vais avoir de la difficulté à gérer toutes mes lectures. Je crains fort que Oméga mineur soit la première victime.

Présentation de l'éditeur

« " J'ai l'indifférence méchante, agressive, j'écris parfois comme un roquet aboie. Ce n'est pas tout à fait exact. Ne pouvant pas supporter mon indifférence qui me fait peur, ce côté morne, passif de ma nature, je veux à tout prix passionner moments et rapports : que le temps bouge enfin.
»  Tour à tour chroniqueur politique, critique littéraire ou mémorialiste, Bernard Frank nous offre un recueil foisonnant, vif et enlevé. Il réunit, le temps d'un épisode ou d'une simple note, d'illustres personnages de tous les bords, de tous les temps : Stendhal, Hugo et Gautier croisent Pétain, de Gaulle et Lecanuet ; Sartre et Malraux côtoient Lautréamont et Montaigne ; Servan-Schreiber et Druon le disputent à Mérimée et Flaubert (ce qui nous vaut d'inoubliables pages sur Emma Bovary).
» Mais le lecteur est surtout frappé par le ton de Frank. Comme l'écrit Jean-Paul Kauffmann dans sa préface : " Frank commence toujours par le petit bout de la lorgnette, il affecte de n'apercevoir que l'accessoire ou le futile pour parvenir à l'essentiel, avec cet air de ne pas y toucher, comme s'il s'agissait d'une improvisation, qui est le comble de l'art frankien.  »

À la radio

La radio, l'été. Aller au parc et écouter la radio sous la ramure en laissant flotter son regard.

France Culture nous gâte cette semaine, nous lecteurs, avec sa série sur Françoise SAGAN, dans le cadre de l'émission Les grandes traversées qui se développe en trois volets, archives, documents et débats.


Les grandes traversées


Et aussi une série consacrée à Philippe SOLLERS : Un été avec...

Je ne suis jamais parvenu à aimer cet écrivain, en dépit de plusieurs tentatives de lecture, romans ou essais. En revanche j'aime bien le personnage SOLLERS. Or dans cette émission, il brille de tous ses feux.

dimanche 1 août 2010

Commentaire

Une lectrice fidèle m'a laissé savoir, par l'intermédiaire d'une amie commune, qu'elle aimerait que je cite le titre original des ouvrages que je commente. Je le faisais parfois, désormais, c'est entendu, je le ferai. J'ai d'ailleurs modifié les quelques derniers articles.

Que l'une et l'autre soient remerciées.