lundi 28 décembre 2009

Entre deux réveillons


Françoise SAGAN, Toxique, illustrations de Bernard BUFFET, Stock, Paris, 2009 (première édition en 1964).

Le journal, bref, d'une cure de désintoxication. La légèreté de la plume dissimule à peine la douleur de cette semaine pour apprendre à vivre « sans ». Je retourne toujours avec joie vers Sagan, surtout quand, comme ces jours-ci, la frénésie s'empare de chacun.

dimanche 20 décembre 2009

Du grain à moudre

Titre de l'émission : Le darwinisme va-t-il phagocyter les sciences sociales ?
En podcast sur France Culture

France Culture


jeudi 17 décembre 2009

Cycle MODIANO




Patrick MODIANO, La place de l'Étoile, Gallimard, Paris, 1968 (Collection Blanche et Folio).

Quatrième de couverture :
En exergue de cet étonnant récit, une histoire juive : « Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : " Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Etoile ? " Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine. » Voici, annoncé en quelques lignes, ce qui anime le roman : l'inguérissable blessure raciale.
Le narrateur, Rapphaël Schlemilovitch, est un héros hallucinatoire. A travers lui, en trajets délirants, mille existences qui pourraient être les siennes passent et repassent dans une émouvante fantasmagorie. Mille identités contradictoires le soumettent au mouvement de la folie verbale où le juif est tantôt roi, tantôt martyr et où la tragédie la plus douloureuse se dissimule sous une énorme et pudique bouffonnerie.
Ainsi voyons-nous défiler des personnages réels ou fictifs qui appartiennent à la mythologie personnelle de l'auteur : Maurice Sachs et Otto Abetz, Lévy-Vendôme et le docteur Louis-Ferdinand Bardamu, Brasillach et Drieu la Rochelle, Marcel Proust et les tueurs de la Gestapo française, le capitaine Dreyfus et les amiraux pétainistes, Freud, Rebecca, Hitler, Eva Braun et tant d'autres, comparables à des figures de carrousels tournant follement dans l'espace et le temps. Mais la place de l'Etoile, le livre refermé, s'inscrit au centre exact de la « capitale de la douleur ».
Bruno BLANCKEMAN, Lire Patrick Modiano, Armand Colin, Paris, 2009 (190 pages).
Ouvrage récemment publié, et que la BN a reçu, dont le Magazine littéraire vante la qualité. Je me lance concurremment dans la lecture de l'essai et des romans. J'ai abordé MODIANO dans les années quatre-vingt, une fois ma longue et stupide adolescence -- mon Moyen Âge -- terminée, sans doute avec De si braves garçons ou Quartier perdu, et sans doute encore à la suite d'une critique du Nouvel Observateur, qui m'a ouvert les yeux sur le monde et, plus particulièrement la littérature. Je me suis aussitôt accordé avec cet auteur, que j'ai vu vers la même époque dans l'émission Apostrophes. Je ne l'ai pas lâché depuis, et, dans les années quatre-vingt-dix, suis remonté vers les origines, remplaçant mes Folio par des Blanche, et lisant les titres que je n'avais pas encore lus. Ainsi, une note, dans mon exemplaire du premier roman de MODIANO, précise que je l'ai relu en septembre 1993. Je n'ai aucun souvenir de ma première lecture. Mais déjà je soulignais certains passages. Notamment un, mentionné dans mon commentaire du livre de Gilles HEURÉ, « En effet, la marquise sort chaque jours à cinq heures... ». J'ai donc, à cette époque, dû lire le roman de Claude MAURIAC, La marquise sortit à cinq heures, et je me souviens que c'était dans l'édition Folio, donc après 1984. J'avais aussi entrepris la lecture du journal de ce dernier, Le temps immobile, dont je me suis, toutefois, vite lassé. Il faut dire que ce MAURIAC est assez tôt entré au purgatoire : « on » ne le lisait plus...

Merci Foglia

J'aurais bien mis « M. », mais cela aurait dissipé l'idée de connivence entre lecteurs que j'aurais avec ce brillant chroniqueur. Normalement j'évite les adjectifs, mais en l'instance, « brillant » s'impose. Des œufs à la neige, en effet, un don de l'homme (et pas du ciel). Qui réchauffe le cœur en ce fretissime matin de décembre, où même le soleil glace la vitre.

Vive Gracq, vive Roussel, et tant pis pour les connes littéraires.

Pierre Foglia : Des oeufs à la neige | Pierre Foglia


samedi 12 décembre 2009

Bibliothèque

Les aléas du quotidien ont mis à mal ma résolution de tenir ce carnet avec plus d'assiduité : un déménagement, et la corvée de réaménagement qui en découle. La joie devant l'arrivée au foyer de l'être cher et son installation « chez nous » m'a en effet distrait de la lecture et de l'écriture. Je reviens à l'une et à l'autre.

Les dames virtuelles de la bibliothèque m'y aident m'ayant laissé un message de la disponibilité de deux titres réservés : Un cœur intelligent d'Alain FINKIELKRAUT et Lire Patrick Modiano de Bruno BLANCKEMAN, lesquels devraient me tenir compagnie jusqu'à l'an prochain.

jeudi 3 décembre 2009

L'homme de cinq heures - fin

Après en avoir dit pis que pendre, du style et de la structure, je vais conclure cette tétralogie en allant par où on commence normalement, le sujet.

L'homme de cinq heures, ce serait l'histoire des cinq heures dans la littérature. Ce qui nous vaut un bon lot de citations que nous proposent tant l'« homme de cinq heures » le pseudo-Paul Valéry, dit Monsieur V. -- le V n'est-il pas le 5 romain ? que Paul Béhaine, le « héros », qui, à l'ouverture du roman, travaille à la Bibliothèque nationale (aussi connue sous l'acronyme de BN, vous saisissez ?), l'ancienne, celle au centre de Paris.

Passant de l'agacement à la curiosité, Béhaine s'intéresse de plus en plus à ce bavard érudit qui se passionne pour la cinquième heure et la littérature et a des idées bien précises sur celle-ci, qu'il nourrit, non sans une certaine cuistrerie, de citations multiples. Béhaine sera même convié -- une sorte de défi -- à tenir une conférence à l'assemblée des cinq-heuristes improvisant sur ses propres cinq-heures après laquelle, Monsieur V. ayant disparu, il se lancera à sa recherche, faisant au passage d'autres rencontres, et le retrouvera à Sète, la ville du cimetière marin.

Je ne reviens pas sur mes réserves sur ce roman : le style a, pour moi, gâché le sujet. Faites-vous votre propre idée.

Par ailleurs, j'ai entrepris le cycle Modiano évoqué il y a quelques semaines avec La place de l'Étoile. J'avais déjà lu ce roman en septembre 1993 dans un exemplaire d'occasion de la collection Blanche, qui remplaçait mon exemplaire Folio acquis dans les années soixante-dix. M'étant mis sérieusement à Modiano, je recherchais les « vrais » livres, que je préfère, pour les garder, aux volumes en format de poche.

J'avais souligné, alors, le passage suivant :
« En effet, la marquise sort chaque jour à cinq heures pour monter Bayard, son cheval favori. »
Clin d'oeil à Valéry, et post scriptum fort à propos à mon petit bavardage du jour.

« Et c'est ainsi qu'Allah est grand » aurait conclu Vialatte en son temps, déjà si lointain.

mercredi 2 décembre 2009

L'homme de cinq heures - ter

Gilles HEURÉ, L'homme de cinq heures, Viviane Hamy, Paris, 2009 (286 pages).

Broutilles me direz-vous, je pinaille. Parlez-nous de l'histoire.

Eh bien justement. Il me semble que le ton -- le style -- doit un tant soit peu correspondre au propos -- le sujet. Surgit un vieux monsieur qui affirme être Paul Valéry. Lequel ne pratiquait pas une prose négligée, ni brouillonne. S'imagine-t-on l'entendre nous dire, comme n'importe quel animateur à la télévision « J'ai plein de... » ?

Or tout le roman est écrit dans un style « La marquise sortit à cinq heures » que dénonçait Valéry, téléphoné comme on dit pour un film. Et grammaticalement, c'est n'importe quoi :

« Il [le héros]s'interrompit en entendant quelqu'un marcher dans l'allée. On gravissait les escaliers. L'espace d'un moment, Paul [c'est le nom du héros] ressentit une crainte lourde. Puis il aperçut la silhouette du Dr Caeiro au seuil de la porte.
- Nous allons en venir au fait.
Il se leva, étreignit affectueusement la femme et se rassit. Celle-ci avança un autre fauteuil qu'elle installa devant celui de Paul et le [?] salua d'un sourire. »
Or, ce n'est pas Paul qui parle, c'est son interlocuteur, lequel se lève, alors que grammaticalement le texte laisse entendre que c'est Paul qui se lève. Et on se demande bien pourquoi le docteur Caeiro sourit à un fauteuil.

Tout le livre est de cette eau.

vendredi 27 novembre 2009

L'homme de cinq heures - bis

Gilles HEURÉ, L'homme de cinq heures, Viviane Hamy, Paris, 2009 (286 pages).

De la déception, je passai à l'agacement. Tomberai-je dans l'irritation ?

Je ne sourcille plus qu'à peine devant les « il entra et sortit de la pièce », solécisme semble-t-il passé dans l'usage, mais je ne puis accepter le si anglais, si administratif « et/ou » : « ... des rideaux jaune et/ou bleu qui devaient avoir été découpés dans un drapeau confédéré de la guerre de Sécession. » Encore qu'on voit mal d'où vient le jaune, les drapeaux successifs des États confédérés ayant été bleu, blanc et rouge, l'usage du pluriel ou du singulier aurait marqué la nuance que suggère l'auteur, des rideaux ayant du jaune et du bleu, ou étant à la fois jaune et bleu.

Détails, certes. Purisme ? je ne crois pas. Sinon, à quoi bon la grammaire ?

Et toujours des adjectifs, des adverbes...

Encore un exemple d'un sujet qui a mal tourné !

mercredi 25 novembre 2009

L'homme de cinq heures


Gilles HEURÉ, L'homme de cinq heures, Viviane Hamy, Paris, 2009 (286 pages).

Encore une fois, je suis déçu, pourtant les critiques étaient bonnes, et j'aime les romans sur les écrivains, les livres, la littérature. Que d'adjectifs, que d'adverbes, quelle prose convenue. Las. J'y reviendrai une fois le livre terminé.

lundi 23 novembre 2009

L'homme de cinq heures

Gilles HEURÉ, L'homme de cinq heures, Viviane Hamy, Paris, 2009 (286 pages).

Avant de me lancer dans ma relecture de MODIANO, ce roman vivement recommandé par la critique.

Présentation de l'éditeur

« Le fleuve tirait languissamment les dernières lueurs de cette fin d'après-midi d'automne et, là-haut, les nuages se livraient à d'étranges joutes avec le vent capricieux. Paul Béhaine songea à des tableaux impressionnistes, saluant mentalement l'Apollinaire, jadis flâneur des deux rives. L'esprit libre, il ne prêta attention au personnage qui s'approcha de lui que quand il entendit ces mots, plus chuchotés sur le mode de la confidence que proclamés : - Ne les écoutez pas ceux qui le disent et le répètent ! [...] On m'a fait dire qu'on ne pourrait plus commencer un roman par "la marquise sortit à cinq heures". [...] j'avoue que j'ai été agacé de lire dans le Premier Manifeste du surréalisme que Breton m'avait attribué cette affirmation dont personne, au demeurant, n'a jamais pu vérifier la véracité. J'ai beau être le fantôme de moi-même, je sais encore ce que je dis et me souviens parfaitement de ce que je n'ai pas écrit. Malgré mon grand âge, le mécanisme de mon cerveau n'est pas grippé au point de ne plus pouvoir fonctionner. - Puis-je savoir qui vous êtes monsieur ? demanda Paul. - Je m'appelle Paul Valéry. Mettons. " Pourquoi notre narrateur décide-t-il de partager le destin de cet homme rencontré une fin d'après-midi ? C'est en dénouant le mystère des Cinq heures du soir qu'il résoudra celui de l'étrange Monsieur V, l'inconnu de la Bibliothèque nationale qui disait se nommer Paul Valéry, poète et académicien mort en 1945, " donc physiologiquement inapte à discuter sur un pont enjambant la Seine dans ces années du XXe siècle finissant. »


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vendredi 20 novembre 2009

Hasard ?

sommaire n°490 - Le Magazine-Litteraire

Donnant un coup de plumeau sur les rayons de la bibliothèque, une nouvelle étape des travaux de rénovation de l'appartement s'accompagnant d'un inévitable nuage de poussière, il n'y a pas que l'homme qui est poussière, je constatai bien du désordre à la lettre M. Malraux, Millet, Modiano, Musil tous confondus.

Modiano. Je les ai, romans, tous, et décidai donc, la poussière retombée, de les placer en ordre de publication. Quatrième de couverture, quelques pages feuilletées, lecture des critiques ou interviews découpées dans des journaux ou magazines lors de leur publication. Les ai-je tous lus ? Pour les années récentes, aucun doute, mais avant ? Peut-être pas : aucun souvenir de Rue des boutiques obscures, son Goncourt.

Modiano, c'est aussi le temps. L'Occupation, un « musique » -- inévitable cliché, comme pour la Sagan. Or, ne suis-je pas avec Leiris plongé dans un travail sur le temps ? Et un formidable style ? Comme j'aurai terminé Biffures sous quelques jours, je décide de reprendre Modiano depuis le début. Mais ne suis-je pas un habitué des résolutions oubliées, de la procrastination ?

Quelques jours plus tard, revenant de faire quelques emplettes, je m'arrête pile devant la vitrine de la Maison de la Presse : la une du dernier numéro du Magazine littéraire consacre sa une à Modiano. J'achète et, toute affaire cessante, entre au café. Tout un cahier spécial sur mon deuxième auteur favori, après Proust. Petit bonheur.

Bonheur augmenté par les références que je trouve au fil de ces pages, notamment à une page web, fort bien documentée, je le découvrirai plus tard, et à quelques essais récemment publiés. Voilà de quoi me conforter dans ma résolution.

La plupart des articles lus et revenu à la maison, il faut bien y revenir, je plonge dans le site Modiano, et trouve un lien qui ouvre l'émission Un siècle d'écrivains, archivée sur YouTube. Une autre heure de bonheur.

J'aurai donc une fin novembre Modiano...




mardi 17 novembre 2009

Bifur - Biffures

Je termine la lecture de Biffures, le premier livre de La règle du jeu de Michel LEIRIS. Quel plaisir.

Le mot « bifur » n'est pas attesté dans les dictionnaires. C'est sur des panneaux des chemins de fer que Leiris a vu cette abréviation de « bifurcation ». Leiris l'utilise en parallèle avec biffures pour expliquer sa démarche autobiographique. Bifur vise l'action de dévier que fait la pensée « emportée par les rails du langage » et biffures le travail « d'éliminations successives de valeurs illusoires » de sa vie. Pour faire une œuvre.

Bifur : hier soir, je bavardai -- clavardai -- avec un jeune dramaturge qui m'invita à assister à une représentation de sa prochaine pièce en janvier. Dramaturge, comédien, metteur en scène et romancier. Je le flattai en évoquant, avec un certain sourire, Cocteau. Biffures : le contexte de notre conversation virtuelle. Bifur : apprenant le sujet de la pièce -- la perte de la voix d'un chanteur à la mue -- j'évoquai Pascal Quignard, dont je me rappelai qu'il avait traité de la question. Corneau et Quignard, Tous les matins du monde. Biffures : ce que je fais pendant et après la conversation, le chat incessant en ligne, comme une ivresse mâle. Bifur : je trouve le livre dans ma bibliothèque, La leçon de musique; je feuillette, et trouve de très belles pages. L'auteur, à ma question de la source de son inspiration, me répond qu'il s'agit pour l'essentiel d'auto-fiction. Biffures : le jour même, dans un article du Magazine littéraire sur Patrick Modiano, quelques mots sur la pratique de ce genre. Sévère. Modiano, ou la mémoire. Bifur : ce matin, à l'émission Les nouveaux chemins de la connaissance, le sujet : le temps.

Ceci est un exercice. Pourrai-je écrire ainsi ? Il faudrait travailler. Et du temps.

vendredi 13 novembre 2009

Lire comme Barak : Netherland

Joseph O'NEILL, Netherland, Éditions de l'Olivier, traduit de l'anglais par Anne WICKE, Éditions de l'Olivier, Paris, 2009 (297 pages).

Que penser de ce roman ? L'histoire court de septembre 2001, tout juste après la destruction des tours du Word Trade Center, jusqu'à nos jours, le héros,Hans, néerlandais, passant des Pays-Bas à Londres puis à New York pour revenir in fine à Londres. Il y a aussi son épouse, et une séparation qu'il a de la difficulté à vivre, réfugié qu'il est au célèbre Chelsea Hotel. Il y a surtout le personnage de Chuck Ramkissoon, mystérieux trinidadien et grand amateur de cricket, ce non moins mystérieux sport et dont le corps est, au début du roman, repêché des eaux de la rivière Hudson.

Tout cela se lit bien, mais j'avoue que la métaphore de ce sport, si populaire non seulement au Royaume Uni mais encore dans tout le Commonwealth, au point, même, qu'on puisse dire que tous ces peuples de l'ex-Empire britannique, se le seront approprié, et qui aurait été, bien avant le base-ball, version édulcorée de celui-ci, le premier sport des États-Unis originaux, m'a échappé. Et qu'il n'y aurait rien de plus urgent que de l'y réintroduire.

Personnalité hors du commun que ce Chuck, qui semble être le porte-parole de l'auteur, dans un difficile dialogue avec Hans. Activités vraisemblablement maffieuses, et passion du cricket. Amour sans bornes de son pays d'adoption. Et, finalement, j'imagine, une vision des États-Unis par ces nouveaux Américains. Mais quoi ? Voilà, je n'ai pas vraiment compris.

mardi 10 novembre 2009

Lire comme Barak


Joseph O'NEILL, Netherland, Éditions de l'Olivier, traduit de l'anglais par Anne WICKE, Éditions de l'Olivier, Paris, 2009 (297 pages).

Je n'ai décidément pas le blogue constant sollicité ces jours-ci par ce qui agite les médias -- mais ne le sont-ils toujours pas --, et qu'on appelle l'actualité : grippe, mort de Lévi-Straus -- très intéressants podcasts sur France Culture laquelle, il n'y a pas à dire, sait faire, si vous me pardonnez cette tournure -- et, tous y étaient évidemment, la commémoration du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Tout cela, rien que cela. Or, comme il fait très beau depuis quelques jours -- un été des Indiens en novembre ? je me promène beaucoup, profitant du redoux, dans le parc Lafontaine. Le bassin vidé, les feuilles mortes, quelques canards attardés. Je croise souvent la cohorte des mamans à poussette faisant leur gymnastique derrière leur vocifératrice de monitrice : qu'en pensent les marmots ainsi véhiculés ? D'ailleurs j'en venu à penser qu'elles habitent, telles des fantômes diurnes, dans le parc, agitant leur corps puerpéral à la recherche non du repos éternel mais du corps parfait.

Longue digression pour en arriver au roman sur lequel l'Amérique s'est jetée ayant appris que le candidat OBAMA le recommandait, -- après OPRAH, le club OBAMA ? -- que je viens de terminer au soleil ponant et dans la perplexité. Je médite un peu là dessus, et vous reviens.

lundi 2 novembre 2009

Rouge Gueule, d’Étienne LEPAGE, à l’Espace GO

« Un de mes moteurs d'inspiration, c'est la provocation. » Une chance que ce courriel de l'auteur, cité dans le programme de la « pièce » Rouge Gueule d'Étienne Lepage présentée à l'Espace Go, nous renseigne sur son intention, encore que l'objet de cette provocation demeure incertain. Chose certaine, pour moi et mes compagnons, il n'a provoqué qu'un ennui certain, et pour le reste de l'audience quelques gloussements. Pour une provocation, c'est donc raté. Témoin : le bon public montréalais, si prompt d'habitude à bondir de son siège les projecteurs à peine éteints, n'y est allé samedi que d'une demi-ovation. Rassurez-vous bonnes gens, le sang ne coulera pas dans et devant le théâtre : il n'y aura pas une nouvelle bataille d'Hernani rue Saint-Laurent.

Les personnages, petits cols blancs et femmes sapées et entalonnées rue Laurier (genre), nous présentent un catalogue de leurs fantasmes de petits bourgeois bien blancs et bien urbains. On souffre pour les comédiens qui passent de la vocifération au râle en s'agitant beaucoup devant nous pour essayer de les incarner : comment le pourraient-ils ? Ils n'ont rien à dire. Il y a longtemps que le recours à un langage ordurier ou au tout-à-l'égout sexuel ne choque plus – exception faite sans doute de Mlle Bombardier – en cette époque où, comme l'a signalé naguère, Michel Foucault, le sexe est partout affiché. Ce n'est pas la répétition à l'infini du mot « sodomie » ou de l'expression « fuck you » qui va provoquer la mort de la société de consommation. Si, encore, il y avait passage à l'acte, il y aurait-là une esquisse de provocation ! Mais non : tout cela n'est que « paroles, paroles », comme dans la chanson de Dalida (autre grande provocatrice, c'est bien connu…).

S'agissant de provocateurs, n'est pas Baudelaire ou Rimbaud qui veut, mais, pour moi, je provoquerais bien l'auteur à visiter, par exemple, Céline, expert ès provocations s'il en est, et à inventer une langue au lieu de nous ressasser ces petites injures et vulgarités et de se draper dans une pseudo marginalité toute adolescente. Il aurait pu, ainsi, créer une œuvre. Sans doute est-il plus facile pour lui de solliciter la gloire médiatique en singeant le mimétisme ambiant – à l'évidence, au vu de la critique, il a réussi – que d'écrire.

J'espère bien, sans grande illusion, provoquer sa réflexion, mais en conclusion, samedi, ce ne fut pas le Grand Soir, tout juste une bien petite soirée.

vendredi 30 octobre 2009

Biffures - encore


À l'heure où le monde (lire l'Occident) s'agite autour de la grippe A H1N1, je me sens un peu à l'écart de l'action souffrant d'un banal rhume. Papiers mouchoir et bouillon de poulet, mais peu de lecture, hormis celle des journaux en ligne. Je poursuis Biffures, ou plutôt, ce livre ne m'abandonne pas tant il me plait. Mais je lui ai été infidèle, à quelques reprises, pour La révolte des élites et la trahison de la démocratie, l'ultime livre de Christopher LASH, un des penseurs les plus vifs, selon moi, de la fin du siècle dernier (il est mort en 1994).

Présentation de l'éditeur

“ Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l’ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c’était la Révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie”. Dans ce livre-testament, Christopher Lasch a tenu à placer sa critique des nouvelles élites du capitalisme avancé sous le signe du “populisme”, c’est-à-dire conformément au sens historique du mot, d’un combat radical pour la liberté et l’égalité mené au nom des vertus populaires.

Des copains et des prix

Tous pourris, je te dis, Roger - Pierre Jourde

Qu'en penser, que faire ? Jourde explique bien la difficulté de la situation, mais cette réflexion beaucoup d'entre nous, simples mortels, nous l'avons faite. Cela nous pousse-t-il du côté du cynisme ?


lundi 19 octobre 2009

La règle du jeu


Michel LEIRIS, Biffures, in La règle du jeu, Gallimard.

Voici un livre, je me répète, que je savoure avec lenteur. Voici un ouvrage qui nous change du narcissisme si fréquent dans l'autobiographie (égo-biographie ?)

Si PROUST a sa petite madeleine, ses pavés inégaux, le bruit d'une petite cuiller comme élément déclencheur de la mémoire involontaire et, partant, de son récit, LEIRIS, lui, par des mots et des de certaines locutions (Il était une fois, Du temps que les bêtes parlaient) pour réactiver un passé toujours vivant et nous faire partager sa vie. Un mot évoque une sonorité, en appelle une autre : Billancourt s'entent pour l'enfant LEIRIS « habillé-en-cour ». Gramophone et graphophone évoquent Perséphone.

J'ai, à cet égard, eu mon propre moment proustien avec ces deux mots de gramophone et graphophone. Il y avait au chalet de ma grand-mère paternelle un de ces appareils désuets -- on ne s'en débarrasse pas, ils quittent la ville, qui ne connaît plus le grenier, pour un exil définitif à la campagne -- et je jouais à écouter ces lourds disques restituer une voix passée dans son gros tube. Une de mes grand-tantes, soeur de mon grand-père, appelait l'appareil graphophone, que le reste de la famille désignait comme gramophone, ce dont je me moquais, l'appelant, par moquerie, tante graphophone. Et voici que, cinquante ans plus tard, j'apprends qu'il s'agissant en effet de deux appareils différents et que, pendant un temps, l'un et l'autre avaient coexisté.

Ne cherchez pas graphophone dans le dictionnaire, ni même dans Wikipedia, lisez plutôt LEIRIS...


mercredi 14 octobre 2009

Libéralisme

CHACUN SA CHIMÈRE


Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.

Chacun d’eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu’un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d’un fantassin romain.

Mais la monstrueuse bête n’était pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l’homme de ses muscles élastiques et puissants ; elle s’agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture ; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l’homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l’ennemi.

Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.

Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n’avait l’air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos ; on eût dit qu’il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d’aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d’un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours.

Et le cortège passa à côté de moi et s’enfonça dans l’atmosphère de l’horizon, à l’endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.

Et pendant quelques instants je m’obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l’irrésistible Indifférence s’abattit sur moi, et j’en fus plus lourdement accablé qu’ils ne l’étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.

Charles BAUDELAIRE, Le Spleen de Paris

Entendu ce poème au cours de l'émission Les nouveaux chemins de la connaissance du mardi 13 octobre sur Karl MARX.

mardi 13 octobre 2009

Croyez-vous ?

Croyez-vous entendre un politique, y compris un issu de notre bien pensante go-gauche, répondre à ces questions, voire seulement les poser ? Plus, lire ces questions dans tel journal de « l'élite » d'ici ?






André Tosel
Un monde en abîme ? : Essai sur la mondialisation capitaliste
novembre 2008


Comment comprendre la mondialisation qui est désormais le référent de toute pensée responsable ?
S'agit-il d'un événement sans précédent qui contraint à repenser l'espace et le temps de l'action humaine et la construction de notre monde ?
Est-elle plutôt une nouvelle période dans l'histoire de l'économie-monde régi par le mode de production capitaliste qui se reproduit ainsi selon son impératif systémique, mais sous des formes nouvelles ? Quelles sont ces formes économiques, sociales, politiques, culturelles ?
Comment penser le rapport entre l'hégémonie exercée par la direction stratégique des entreprises transnationales et les réformes du procès de travail par la nouvelle technologie sociale des communications ?
Quelles sont les conséquences de la financiarisation d'une économie qui fait de la force de travail internationalisée non pas tant un salariat qu'un précariat ?
Que faire de la production d'un apartheid mondial qui transforme des masses d'hommes en humanité superflue ?
Comment interpréter la généralisation d'une culture de l'infini d'une consommation solvable radicalisant le désir de consommer et effaçant la citoyenneté ?
La démocratie représentative peut-elle surmonter sa crise qui en fait un régime autoréférentiel excluant la prise en compte des besoins et des aspirations à la transformation ?
La promesse d'une démocratie cosmopolitique est-elle tenable ?
Que devient l'Etat-Nation et quelles sont ses fonctions nouvelles ?
La guerre globale imposée par l'Empire américain qui s'érige en peuple élu est-elle un destin ouvrant sur un conflit des civilisations ?
Comment penser les rapports entre un universalisme qui est menacé de devenir impérial et des différences socio-culturelles qui sont menacées de s'enfermer dans leur propre exclusivisme ?
Ces questions culminent dans une interrogation cruciale : le monde de la mondialisation est-il encore un monde abritant la possibilité ontologique de l'être en commun, d'un sens commun, d'une volonté commune, d'un bien commun qui ne peut se réduire au partage de règles de procédures ? N'est-il pas menacé par sa propre dynamique de production pour la production de s'abîmer dans le non monde ? Les promesses du néo-libéralisme comme celles du libéralisme social sont démenties cruellement. La philosophie est mise au défi de la nouvelle question cosmologique qui est tout à la fois ontologique et éthico-politique. Les catégories d'Histoire, de Monde, d'Action sont à repenser depuis ce point de vue qui est aussi celui des masses désassimilées et ségrégées par le moloch du capitalisme mondialisé.

jeudi 8 octobre 2009

Je lis Leiris

Michel LEIRIS, La règle du jeu, Gallimard - La Pléiade, 2003.

Ignorance de ma part ? sans doute. Une vie couvrant le XXe sièce, 1901-1990. Écrivain dont j'avais appris l'existence, ainsi va la vie, pour la première fois à sa mort, déjà dans le Monde des livres et, sans doute, L'Obs. Il ne faisait pas partie du programme obligatoire au collège, n'était pas habitué aux Top 50. Une quinzaine d'années plus tard, « sa » Pléiade me tombe entre les mains chez un bouquiniste. J'achète, après avoir feuilleté quelques pages. Il y a quelques semaines, je le prends dans ma bibliothèque, voisin de La Fontaine, dont Fabrice LUCHINI avait lu une fable à la fin de son one man show. Recherche dans mes ouvrages de référence, Dictionnaire des écrivains de langue française et Histoire de la littérature française et détour inévitable par Google et Wikipedia. C'est une pointure.

Je lis un peu moins ces jours-ci : effet de la maladie, manque de concentration. Et plus lentement. Mais j'avais envie d'une lecture « de qualité » et ce n'est sûrement pas sur les présentoirs des Renobric-à-brac et autre souks à PKP que j'aurais pu la trouver. Une pointure donc, une œuvre de conséquence semble-t-il. J'ouvre. Cela commence au début : enfance. Pas une séduction immédiate, mais je constate un grand amour des mots, de la langue. Un style. C'est fin, c'est jouissif : je tombe dedans. Une autobiographie ? rien à voir avec l'égo-fiction en vogue. L'invention d'une vie par un travail sur la langue, grâce à la langue.

Premier titre de ce quatuor que constitue La règle du jeu : Biffures.

J'y suis bien.

mardi 6 octobre 2009

Lecture du Monde des livres

Citation glanée :
« L'écriture blanche, un peu à la Duras, me semble aujourd'hui complètement épuisée. Écrire des phrases courtes qui disent insidieusement au lecteur " je n'en pense pas moins ", cela correspond à une impasse. » Alain FLEISCHER

lundi 5 octobre 2009

Lectures

Entré après le cinéma dans une librairie d'occasion, je fais mon tour habituel de mes auteurs favoris. Un Daniel BOULANGER que je n'avais qu'en poche Connaissez-vous Maronne ? Je recommande à chacun de mes amis cet auteur subtil -- romans et nouvelles, sans parler de ses Retouches -- et, las, fort méconnu, même s'il a jusqu'à tout récemment siégé aux Goncourts. Lisez seulement l'incipit :
Pour Edouard Clamerand, assis dans le bureau du commissaire de police, le bruit de la machine à écrire que sert une demoiselle un peu trop peinte et sur le retour lui rappelle le cliquetis d'une bataille de soldats de plomb, quand tous les fantassins tombaient sous l'obus qu'il leur lançait de l'autre bout de la chambre.
Le décor est brossé, la phrase file en souplesse, vous entendez le cliquetis.

Cela date de 1981, ne compte que 114 pages. Il est des plaisirs brefs de concision qui valent bien des pavés de rentrée.

mardi 22 septembre 2009

Écrire et relire

Le paragraphe suivant est tiré d'un article du Monde du 22 septembre et intitulé « Aucune démocratie n'est à l'abri d'une poussée autoritaire, même en Europe ».

La Russie est-elle un régime autoritaire ou une démocratie, quand on sait que la liberté y est restreinte et que les choix politiques ne sont pas totalement libres ? Le Venezuela est-il un régime autoritaire alors que le président Chavez a été élu et qu'il a même accepté sa défaite devant un référendum où le "non" était majoritaire ? Israël apparaît comme une démocratie parfaite si l'on tient compte de la libre compétition pour le pouvoir, mais les Arabes israéliens sont des citoyens de seconde zone qui entachent ainsi gravement la qualité de démocratie de ce régime.

On comprend ce que veut dire l'auteur -- du moins faut-il l'espérer, mais ce n'est pas ce que les mots signifient.

D'où l'importance de la relecture, mais il semble bien que bien peu de journaux s'en soucient désormais.

lundi 21 septembre 2009

Fragments d'un discours amoureux

Roland BARTHES, Frangments d'un discours amoureux, Éditions du Seuil, Colllection « Tel Quel », Paris, 1977 (285 pages).

Bien sûr, il y a eu LUCHINI -- je me demande d'ailleurs, pour l'immense succès qu'il rencontre, s'il fait lire dont il extrait ses lectures -- qui, avec « Un petit point du nez », où il est question de « l'altération », changement dans la perception de l'être aimé, a enchanté son public et m'a fait me précipiter sur ce livre que j'avais lu en 1981, sans rien connaître de l'auteur -- j'étais à Moncton alors, et encore fort jeune.

Je le reprends donc, avec les yeux de la cinquantaine, et un certain bagage. J'avais été ébloui, mais n'avais certes pas tout compris, ni tout senti. Il faut dire que ce livre, fort étrange dans sa présentation, surprendra plusieurs, il est pourtant d'une lecture plus aisée que bien d'autres des essais de BARTHES. Et il faut ne pas décourager par l'introduction « Comment est fait ce livre » qui fera l'effet d'une haute muraille ceignant quelque jardin interdit. Passé cet obstacle, le plaisir de lire, et du texte, commence. Pour le moment, j'ai filé directement au texte lu par LUCHINI.

vendredi 18 septembre 2009

Le rouge et le noir

STENDHAL, Le Rouge et le Noir, in Œuvres romanesques complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris.

Je n'ai pas beaucoup alimenté cette chronique ces dernières semaines, mais je n'en ai pas moins lu. Si, tout de même, un peu moins. Des travaux de rénovation ont beaucoup sollicité mon attention et mon énergie. Quoiqu'il en soit, je suis vraiment en marge de la rentrée : la rentrée, j'en sors ! D'autant plus que je n'ai pas encore lu ceux de la dernière...

Échappant à ce tapage, j'ai décidé de retourner aux Anciens et de reprendre Le Rouge et le Noir. Pendant de nombreuses années, j'étais plutôt du côté de FLAUBERT, mais je crois bien que j'aurai changé de camp.

J'y reviendrai.

mardi 15 septembre 2009

Sic transit...

Je vais, semble-t-il avoir une autre quotidien que Le Devoir pour vérifier orthographe et grammaire : le Monde.

En effet, la guerre intestine que se sont livrés par le passé les deux jurys, avait amenée celui du Goncourt a ne jamais primé un livre ayant obtenu le prix Femina.
Les lecteurs dudit journal sont furieux.

lundi 7 septembre 2009

Rentrée

Bref moment d'angoisse : comment aborder la rentrée littéraire 2009 alors que je n'ai même pas terminé la lecture des principaux romans de celle de 2008 ? Solution : je me mets en réserve de la rentrée ! Il y aura bien une ou deux exceptions, par exemple le dernier Pascal QUIGNARD, mais je me tiendrai à l'écard de l'agitation.

Je compte bien, par ailleurs, continuer à fréquenter le site Facebook La vie est trop courte pour lire de mauvais livres...

L'inconnue de l'écluse


Philippe BOUIN, L'inconnue de l'écluse, Édtions du masque, Paris, 2002 (320 pages).

Lecture d'été, suggérée par un ami. Roman policier de facture classique, très à la Agatha Christie, avec cadavre flottant, détective et confrontation finale entre les protagonistes. Ici, curiosité, le détective est une religieuse, soeur Blandine. Et l'action se passe dans le Charollais, ce qui permet à l'auteur d'utiliser force régionalisme qui renvoient le lecteur au dictionnaire.

Quelque heures de bon temps.

jeudi 27 août 2009

La peste et l'orgie

Giulano da EMPOLI, La peste et l'orgie, traduit de l'italien par Alain SARRABAYROUSE, Grasset, Paris, 2007 (154 pages).

Ayant entendu l'auteur lors d'un débat sur notre époque dans le cadre de l'émission de France Culture Le grain à moudre, j'ai eu envie de mieux connaître son point de vue -- pas banal -- sur le Brésil comme métaphore de notre civilisation. La peste, la guerre de tous contre tous et l'insécurité perpétuelle, appelant l'orgie, la fuite dans le carnaval.

Présentation de l'éditeur

Terrorisme, mondialisation, effondrements en tout genre et tous azimuts. On s'alarme, on déplore, on se complaît, on se complaint - et l'on ne sait plus regarder le monde qu'à travers le prisme de nos " passions tristes "...

Déclin de toutes les valeurs ? Non, affirme l'auteur de ce livre : rééquilibrage entre les forces apollinienne et dionysiaque chères à Nietzsche. Agonie des animaux humains que nous sommes, malades de la peste ? Ou avènement du " carnaval " païen ? Cet essai salutaire, plein d'humour et d'élégance, nous invite donc à congédier les jérémiades, à connaître et à célébrer notre modernité pour ce qu'elle est : contradictoire, schizophrénique, sublime et fangeuse à la fois.
Alors, " américanisé ", le monde ? Brésilianisé, plutôt. Le Brésil, proverbiale terre de contrastes, est le miroir allégorique de notre culture, oscillant entre aspirations religieuses et violence, où la mort et le sexe, le faste et la misère se côtoient. Il est temps de rouvrir les yeux et de redécouvrir, dans toute sa puissance, l'esthétique joyeuse et morale de l'orgie - c'est-à-dire de la liberté.

mercredi 19 août 2009

Une petite pilule ?

Christopher LANE, Comment la psychiatrie et l'industrie pharmaceutisque ont médicalisé nos émotions, Bibliothèque des savoirs Flammarion, Paris, 2009 (380 pages).

Moins austère que ne le laisse entendre le titre français, le titre original pouvant se traduire La timidité ou comment un état normal est devenu une maladie. En quelques mots, il s'agit, dans une perspective américaine, d'un nouveau chapitre de la lutte centenaire entre la psychanalyse et la psychiatrie, écrit, dans les années 70, lors de l'établissement d'une nouvelle édition du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders).

Il ne s'agit pas, rassurez-vous, d'un livre souffrant du travers de la « complotite », mais d'une enquête fort bien documentée sur ce conflit, lequel, comme tout conflit a laissé derrière lui, un nombre important de victimes, et permis à d'autres de s'enrichir. En cette époque de cupidité...

Déprimés de tous pays, unissez vous !

Histoire de la pensée

Lucien JERPHANON, Histoire de la pensée -- d'Homère à Jeanne d'Arc, Tallandier, Paris, 2009 (575 pages).

Lecture d'été, pas aussi lourde qu'il n'y paraît, grâce à la prose réjouie de JERPHAGNON. Pour moi, sous un autre éclairage, un retour sur mes années de collège. Et, en quelques mots, réfléchir à ce que l'on pense, pourquoi l'on pense ainsi et d'où vient notre pensée.

vendredi 31 juillet 2009

L'économie en question

Entretien avec Paul JORION sur la crise économique actuelle. À noter que ses ouvrages récents, dont Vers la crise du capitalisme américain ?, constituent des outils essentiels à qui veut comprendre ce qui s'est passé, et se passe. L'auteur tient, en outre, un blog sur la question.

France Culture


lundi 13 juillet 2009

Pourquoi je ne lis plus guère les quotidiens

« Un bon journaliste est d'abord un homme qui réussit à se faire lire […]. C'est celui qui retient le lecteur malgré lui, qui le raccroche en quelque sorte, qui l'oblige à reprendre depuis le début un article dont il n'avait d'abord parcouru que le premier et dernier paragraphe […]. Il ne faut pas que l'article soit un soliloque, un remâchement, un ruminement de ses propres idées, il faut que le journaliste tienne par le bouton de la veste un interlocuteur invisible et s'efforce de le convaincre. Le bon journalisme relève du dialogue. »

François MAURIAC… en des temps révolus. Le copier-coller, le tséveudirisme, la disparition de la trinité « introduction, développement, conclusion », sans parler de l'obsession de la rentabilité, ont rendu obsolètes ces notions pourtant élémentaires.

Tiré de Les miens de Jean DANIEL, Grasset, Paris, 2009.

dimanche 12 juillet 2009

Pierre Jourde - Le blog

Le blog de Pierre JOURDE, dont je viens de terminer le JOURDE & NOLLEAU. Il y tient des propos fort justes sur la critique, mais surtout sur un très fâcheux travers de notre époque : le respect, comme caution de la médiocrité.

Respectons un peu l’écrivain, bon sang - Pierre Jourde


jeudi 9 juillet 2009

Mouawad à Avignon

Citation

« C'est une chose curieuse comme l'humanité, à mesure qu'elle se fait autolâtre, devient stupide. Les inepties qui excitent maintenant son enthousiasme compensent par leur quantité le peu d'inepties sérieuses, devant lesquelles elle se prosternait jadis […]. L'adoration de l'humanité pour elle-même et par elle-même, ce culte du ventre engendre du vent ».

Réflexion d'un téléspectateur face au culte naissant du nouveau saint du jour, Michael Jackson ? Non, une lettre de Gustave FLAUBERT à Louise COLET datée du 27 mai 1853. Et il n'avait même pas la télévision !

Le petit livre noir du roman contemporain

Pierre JOURDE et Éric NAULLEAU, Le Jourde & Naulleau : Précis de littérature du XXIe siècle, Mango, Paris, 2009 (280 pages).

Ceux d'un certain âge -- ceux-là même dont l'âge est très certain, mais qui aiment à entretenir un doute quand à celui-ci -- se souviennent du manuel de littérature Lagarde et Michard. JOURDE et NAULLEAU ont décidé, en cette dixième année du XXIe siècle, de nous offrir leur manuel de la littérature du siècle, avec devoirs et corrigés à la clef. Vous pourrez ainsi écrire comme les ANGOT, BESSON, DARRIEUSECQ, GAVALDA, JARDIN, LAURENS, BHL, LABRO, LÉVY et SOLLERS. Une version québécoise comprendrait sans l'ombre d'un doute la demoiselle de Grande Vertu du Devoir...

Lisez ce livre, et cela vous donnera une idée très claire de la grande littérature d'aujourd'hui, au pire de sa nullité, au mieux de sa sottise. Vous épargnerez ainsi beaucoup de sous, disposant dans un même ouvrage d'un florilège -- il ne s'agit pas d'un pastiche -- des œuvres de ces auteurs.

Oui, « les textes qui figurent dans ce recueil, aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd'hui, ont bel et bien été écrits, relus, publiés et vendus. »

Ajoutez à votre collection le Pierre BAYARD, Comment parler des livres que l'on a pas lus ?, et vous serez formidablement équipés, et pourrez, l'âme en paix, lire de véritables auteurs...

mardi 7 juillet 2009

« Google rend-il "stoopide" ? »

À défaut d'écouter cet épisode de l'émission de France Culture Du grain à moudre, lisez la page du site de l'émission, et jetez un coup d'oeil aux sources qui y sont mentionnées.

France Culture


lundi 6 juillet 2009

Remontant l'allée des souvenirs

c
On me pardonnera la facilité du titre, traduction de l'anglais. Le second verre de touraine et le film que je regarde y sont pour quelque chose. Alice, de Woody ALLEN. 1990 !

J'ai vu, samedi, son plus récent, le cru 2009, Whatever Works; s'il est vrai, comme l'affirme le critique britannique Mark KERMODE qu'ALLEN refait toujours le même film, celui-ci est un fantôme de son oeuvre précédente; c'est à peine s'il peut retenir de véritables comédiens : Larry DAVID est, pour lui, un comedian, une des créateurs de la série Seinfeld. Peut-il seulement jouer ? Quoiqu'il en soit, un ALLEN est toujours agréable à regarder, on y rigole un peu. Et je continue de me faire ma rétrospective. Ce soir, donc, Alice (je suis entre les deux côtés du Laserdisc : pour les jeunes générations, le film était réparti sur les deux côtés d'un disque, un peu comme les oeuvres musicales sur les deux faces d'un 33 tours...). Quelle finesse : le cinéma est magique, et avec ALLEN il est magie.

J'y retourne.

dimanche 28 juin 2009

Citation

Entendu à la fin de l'émission L'esprit public de Philippe MEYER (podcast de France Culture) ce commentaire sur Frédéric MITTERRAND, nouveau ministre de la Culture en France : « Il a fait un très beau film, il y a très longtemps, cela s'appelait Lettre d'amour en Somalie; après quoi il a consacré le reste de son existence à trouver un masculin au mot "midinette". »

Ah, l'esprit français !

samedi 27 juin 2009

Un film vingt ou trente ans plus tard




Étrange journée que ce samedi de fin juin, lourd d'orages qui n'auront été qu'annoncés, et de cette chaleur humide qui rend hébété. Songeant à m'en débarrasser, il ne s'en fait plus, et, sauf peut-être aux États-Unis, il n'y en a guère eu, ce support n'ayant jamais eu beaucoup de succès, faisant la transition entre la cassette vidéo et le dvd, j'ai commencé hier soir, vendredi déjà fort chaud, à faire le tri dans ma collection de Laser Discs, m'arrêtant aux Woody Allen, de Interiors à Mighty Aphrodite. J'en ai mis un dans le lecteur, autre vestige des années 90, après l'avoir branché sur le téléviseur, Interiors, justement, dont mon ancien patron m'avait parlé il y a deux ou trois jours, qui l'avait vu à la télévision, capable qu'il est de citer des pans complets du dialogue, et qui m'avait marqué à sa sortie, – je ne connaissais pas le premier Woody Allen, le comique – et d'ailleurs je faisais au milieu des années 70 mon initiation cinématographique, des amis se chargeant de me sortir de mon inculture, et, après quelques hoquets l'appareil a bien voulu fonctionner et j'ai regardé le film – un assez mauvais transfert, analogique, et en version plein écran. Puis, il n'était pas encore très tard, Purple Rose of Cairo, qui m'a toujours semblé être le plus fin des Allen. J'ai terminé la soirée dans un livre, comme il se doit, un livre d'entretiens avec Allen datant de la fin des années 90 et j'ai lu le chapitre sur Interiors, puis, au hasard, celui sur September, que je voulais regarder ce soir, ne l'ayant vu qu'une ou deux fois, mais j'ai finalement choisi Another Woman, de 1986, un des films qui m'a le plus marqué – les moments forts de mon analyse --, et avec le personnage principal duquel, interprété par Gena Rowlands, je me suis toujours identifié. Elle atteignait la cinquantaine, j'en avais alors à peine 33, j'en ai maintenant 55. Ce n'était pas à l'âge que je m'identifiais, c'est évident, mais à la carence affective de cette femme : toute raison, et rien dans le cœur. Oui, maintenant, je comprends, qui encore fort cérébral, ai appris à ne plus laisser mon « cœur en hiver » ou, pour être plus précis, à qui celui qui est maintenant dans ma vie, même s'il n'est pas encore dans mon quotidien, a révélé l'importance, la grande importance, des sentiments. Les pochettes sont éparpillées sur la moquette, est-ce que je me laisse aller à la sentimentalité ? J'ai 55 ans et j'aime. L'analyse a pris fin, le thérapeute – et moi aussi – a pris sa retraite. Cet homme de 33 ans…celui de 55 ans : et demain ?

Stig BJÖRKMAN, Woody et moi, Cahiers du Cinéma, 1993

lundi 22 juin 2009

Le bateau libre - émission littéraire

Le Bateau Libre .:. Emission du 21 juin 2009

L'internet a libéré Frédéric Ferney : et nous profitons de cette liberté. Tout d'abord le blog, maintenant l'émission. Et sans réclame.

Vivement recommandé : pour lire libéré.


Bookaholics ?

Résidence des étoiles


Angelo RINALDI, Résidence des Étoiles, Fayard, Paris, 2009 (321 pages).

Me voici bien entré dans le nouveau roman de l'académicien – certains diraient académique – RINALDI, ci-devant critique littéraire, et me voici, encore cette fois pris sous le charme de cette écriture ample. On compare celle-ci à celle de PROUST, elle en a, certes, le souffle, mais, pour moi, je la comparerais davantage à l'effervescence du champagne dont les bulles montent innombrables du fond de la coupe jusqu'à la surface; ainsi les souvenirs du passé atteignent le présent, celui du personnage principal, Antoine, et de ceux qui revivent, avec lui, dans cette impasse du XVIIe arrondissement où il revient.

Et pourtant, hasard de la bibliothèque, me revient l'essai Le moment fraternité de Régis DEBRAY, que j'avais dû rapporter sans l'avoir terminé; il semble bien que celui qui l'aura emprunté après moi ou bien aura pratiqué la lecture rapide, ou bien ne l'aura pas aimé, car c'est le même exemplaire que je tiens aujourd'hui et reprends là où je l'avais abandonné. Je vais donc alterner de l'un à l'autre.

Je serai auparavant, encore une fois par jeu du hasard, revenu au XVIIe siècle et à la Phèdre de RACINE, dont je verrai jeudi, au cinéma, la représentation. Eh oui ! c'est désormais au cinéma que l'on voit du théâtre. Et si je n'aurai pas la joie d'imaginer la BERMA, j'aurai celle de voir la MIRREN interpréter le rôle de la reine incestueuse et adultère. Une production du National Theatre de Londres. Il est encore temps de vérifier s'il reste des billets… J'avoue avoir eu un grand plaisir à relire ce texte, depuis longtemps enfoui dans les souvenirs de collège, et d'une lointaine représentation au Théâtre du Nouveau Monde, mais également l'appareil critique qui l'accompagne dans l'édition de la Pléiade.

Mot de l'éditeur :

« Une vie, ça se raconte comment, quand on a le ridicule d'y consentir ? Avec un ramasse-miettes ? N'est-ce pas aussi vain que d'affronter à contresens l'escalier mécanique du métro ? »

Marc-Antoine, juriste, célibataire, doit consulter un chirurgien. Son rendez-vous le ramène dans ce quartier du 17e arrondissement de Paris où il a vécu, plus jeune, dans une de ces impasses appelées «villas», enserrées entre des immeubles haussmanniens où s'est désormais installé un mouroir pour vieillards fortunés, la résidence des Étoiles.

Sa déambulation, du bar-tabac du coin transformé depuis lors en supérette jusqu'au logement en rez-de-chaussée de l'ex-gérante sur le départ, est l'occasion d'un kaléidoscope de souvenirs à la chronologie bouleversée, tournoyante, dans un quartier où de la proximité des êtres et des choses naît un romanesque aussi quotidien qu'exacerbé, aliment d'une mémoire en spirale, en forme de «trou noir».

Magicien des détails auxquels il sait faire un sort, Angelo Rinaldi embarque son lecteur sur un manège dont on s'extrait étourdi, éberlué par tant de maîtrise et de virtuosité.

mardi 16 juin 2009

Le vertige du visible

Je viens de terminer la lecture de Vies minuscules; juin est encore doux, hésitant encore, dans une lumière calme, à s'engager dans les chaleurs de l'été; la cour de l'école retentit encore de la sonnerie de la récréation et des cris des enfants; les nuages suivent lentement le cours du fleuve. Une tasse de thé de Chine, le théorbe de de Visée, le chat sur son coussin.

« Avançons dans la genèse de mes prétentions. »

J'ai déjà évoqué la vive émotion que m'a donnée la lecture de ce récit de huit vies minuscules, que je mettrai en écho avec le récit Les disparus de Daniel MENDELSOHN, dans un tout autre registre, certes, mais l'un et l'autre en mode mineur. Mélancolie, douce mélancolie. Se tenant loin de l'autofiction, Pierre MICHON, le narrateur innommé caché sous le « je » de la mémoire, donne une vie posthume à ces vies enfouies de personnages de sa famille et de ses proches, et, à travers cette résurrection, la douloureuse naissance de l'écriture.

« Loin des jeux serviles, je découvrais qu'on peut ne pas mimer le monde, n'y intervenir point, du coin de l'œil le regarder se faire et se défaire, et dans une douleur réversible en plaisir, s'extasier de ne participer pas : à l'intersection de d'espace et des livres, naissait un corps immobile qui était encore moi et qui tremblait sans fin dans l'impossible vœu d'ajuster ce qu'on lit au vertige du visible. Les choses du passé sont vertigineuses comme l'espace, et leur trace dans la mémoire est déficiente comme les mots : je découvrais qu'on se souvient. »

J'ai rarement trouvé une lecture aussi bien ajustée à la saison, au combat des commencements.

J'attends maintenant le plus récent ouvrage de MICHON, réservé à la bibliothèque, Les onze, et, pour tout de suite, toujours à ma mélancolie, j'entre dans La Résidence des Étoiles, d'Angelo RINALDI, un autre des enchanteurs de mémoire.

lundi 15 juin 2009

Feu la grammaire

Tiré de La Presse du lundi 15 juin :

« Dimanche soir, vers 19h15, la victime discutait avec une quinzaine de jeunes, angle des rues Duquesne et Allée des pruches, quand un homme s'est approché et a fait feu. Le décès a été constaté à son arrivée à l'hôpital. »

Si l'on fait l'analyse grammaticale de la seconde phrase (pratique reléguée, avec la culture générale, aux oubliettes de l'histoire), l'antécédent de l'article possessif « son » est le mot « décès ». Ce qui n'a aucun sens. On écrira plutôt « Le décès de celle-ci (sous-entendre « la victime ») a été constaté...». Chacun comprend, m'opposerez-vous; certes, mais, je tiens que le respect de la grammaire marque le respect de la langue et, partant, celui des autres. Souvenez-vous du « Bien parler c'est se respecter ».

Un peu comme le respect des arrêts et des feux de circulation...

dimanche 14 juin 2009

Accord

Poursuivant la lecture de Vies minuscules de Pierre MICHON, je crois avoir trouvé l'équivalent, pour la lecture, de l'accord plat-vin : William BYRD et My Ladye Nevells Booke interprété au virginal par Christopher HOGWOOD.

jeudi 11 juin 2009

Le corps et l'esprit

Tiraillements ces jours en ma maison. Je me suis, après quarante ans, remis à la bicyclette, et me prends à aimer me promener dans les rues, réputées dangereuse, de Montréal. Adrénaline et petite vitesse. Mais pendant ce temps, si le corps s'éjouit, l'esprit jeune, et la pile d'à lire, sur ma table, ne diminue pas. Comment faites-vous, beaux esprits, pour joindre les deux bouts ?

mercredi 10 juin 2009

Transition



La lecture du livre de Junot DIAZ – dans son horrible traduction – m'ayant épuisé, je me suis lancé dans un livre, assez agréable bien qu'un peu vieille France, ce qui n'est pas a priori désagréable, de Renaud CAMUS, Répertoire des délicatesses du français contemporain : Charmes et difficultés de la langue du jour (Poche), sur les heurs et malheurs du français actuel, tel qu'on le parle, accompagné de quelques réflexions, fort sages, sur la grammaire et l'importance, fort dommageable, de l'usage.

J'ai, par ailleurs, dû rapporter à la bibliothèque, où quelqu'un l'avait réservé, l'essai de Régis DEBRAY, que j'avais un peu mis de côté. Je devrai donc attendre quelques semaines avant d'en terminer la lecture.

Pour le moment, je suis absolument sous le charme des Vies minuscules (Folio) de Pierre MICHON, dont j'attends le nouveau Les onze (Éditions Verdier). Comment n'ai-je pas entendu parler plus tôt de cet auteur ? En tout état de cause, je suis en état de choc.

mardi 9 juin 2009

Vies minuscules

Pierre MICHON, Vies minuscules, Gallimard Folio, Paris, 1984 (250 pages).

Ce livre est du genre qui vous arrête de stupeur tant est belle l'écriture, et qu'on s'en veut de n'avoir pas plus tôt découvert. Ces vies dites petites, mais qu'on les envie d'être passées sous la loupe de l'auteur, qui les magnifie en les faisant entrer dans la littérature. On les envie, car nos jours ;a nous, si petits, filent avec pour seul espoir littéraire l'inscription sur un pierre.

dimanche 7 juin 2009

Branchitude


Junot DIAZ, La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao, Plon – Feux croisés, Paris 2009 (295 pages); traduit de l'anglais (É-U) par Laurence Viallet; titre original : The Brief Wondrous Life of Oscar Wao.

Je n'ai pas pu. Ou bien je le lirai en anglais. La traduction en français mi verlan mi branché. Sans doute, cela passe en version originale, mais je trouve cela tout à fait insupportable en « français ». C'est comme entendre, au cinéma, Humphrey Bogart avec la voix de Jean Gabin...

Dommage, cela semblait, si je me fie à la critique, prometteur.


mardi 2 juin 2009

Un homme très recherché


John Le Carré, Un homme très recherché, Seuil, Paris, 2008 (361 pages). Traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle PERRIN, titre original A Most Wanted Man, 2008.

Un aveu (pas besoin d'avoir recours aux grands moyens pour me l'extorquer), je viens de terminer mon premier Le Carré. Je l'avais ramassé à la bibliothèque, littéralement car l'exemplaire était tombé par terre de son présentoir des nouveautés, et me suis dit, me rappelant la bonne critique entendue à la radio, « mais pourquoi pas ? ». J'avais bien envie d'un roman qui me changerait de mes essais, le Régis DEBRAY est fort intéressant, mais reprend un peu des idées déjà développées dans ses essais précédents, mais ne pouvais me résoudre à entreprendre le RINALDI.

Voici la quatrième de couverture :

Présentation de l'éditeur
Issa, jeune musulman russe affamé, arrive clandestinement à Hambourg en pleine nuit, avec autour du cou une bourse renfermant une somme substantielle d'argent liquide et les reliques d'un passé mystérieux. Annabel, jeune avocate idéaliste travaillant pour une association d'aide aux immigrés, se jure de sauver Issa de l'expulsion, au point de faire passer la survie de son client avant sa propre carrière. Tommy Brue, patron sexagénaire d'une banque anglaise en perdition sise à Hambourg, détient les clefs de l'héritage interlope du père d'Issa. Ces trois âmes innocentes forment un triangle amoureux désespéré, sur lequel vont fondre les espions de trois nations différentes, tous résolus à marquer des points pour leur camp dans la guerre avouée contre le terrorisme et la guerre inavouable entre leurs services respectifs. Peuplé de personnages inoubliables, Un homme très recherché fait la part belle à un humour caustique, tout en entretenant une tension croissante jusqu'à une scène finale poignante. Cette œuvre pleine d'une profonde humanité, ancrée dans les turbulences de notre époque où des forces en constante mutation se percutent partout dans le monde, révèle une vision d'ensemble réfléchie, sombre, impressionnante de logique et d'acuité.

À suivre donc.

lundi 1 juin 2009

En transition

Je continue à lire, mais n'arrive pas à transcrire sur ces pages mes commentaires. J'ai d'ailleurs l'esprit vagabond. Patience donc, lecteur.

samedi 16 mai 2009

Le plagiat par anticipation


Pierre BAYARD, Le plagiat par anticipation, Les Éditions de Minuit, Paris, 2009 (155 pages).

Voici un essai éblouissant, que je viens de terminer. Et me demande comment vous le présenter, ni même le résumer. Soyez patients, j'ai trois brouillons d'articles en réserve, et dont je suis loin d'avoir fini la mise au net (ou la mise au Net...). C'est que, la tendinite soulagée, la vie privée, et un heureux événement, ont fort sollicité mes jours et mes nuits. Moins de temps de lecture, moins de temps d'écriture. La semaine qui s'annonce semble, en revanche, prometteuse : sera-t-elle laborieuse ? Je file, un nouveau titre m'attend à la bibliothèque, le nouvel essai de Régis DEBRAY.

Les premières pages (sur le site de d'éditeur ) :
http://www.leseditionsdeminuit.eu/images/3/extrait_2600.pdf

vendredi 1 mai 2009

mercredi 29 avril 2009

« Je suis charette »

24 heures Philo: "Je suis charrette", une expression disséquée

Article tiré du blog de François NOUDELMANN, l'animateur des Vendredis de la philosophie. J'apprends cette expression, et c'est le coup de foudre. Surtout qu'elle me fait penser à l'animatrice éponyme de l'émission de Radio-Canada (l'agitée de la matinée...).

J'adopte.


La langue comme art de vivre

France Culture

Passionnante émission des Vendredis de la philosophie, avec, entre autres, le non moins passionnant Claude HAGÈGE. On y parle, au détour d'une parenthèse, de la langue d'ici...

Pour moi, j'attends le livre de William MARX, Vie du lettré, chez Minuit, dont voici la présentation qu'en fait l'éditeur :

«  Ils lisent des textes, les rassemblent, les éditent, les commentent, les transmettent aux générations futures, produisent à leur tour d'autres textes : ce sont les lettrés, apparus parmi nous voici déjà quelques millénaires. Voués à l'écrit, ils forment le socle d'une civilisation, en garantissent la continuité, mais participent aussi à sa contestation. Le plus souvent invisibles ou méconnus, ils composent une communauté secrète, reliée à travers les temps et les lieux par des rites partagés, des habitudes analogues, des affinités mystérieuses.

» Qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Où habitent-ils ? Que mangent-ils ? À quelles amours s'adonnent-ils ? Comment naissent-ils et meurent-ils ? À toutes ces questions et à bien d'autres, ce livre apporte des réponses précises et concrètes. Il peut se lire comme la description d'un mythe fondateur des civilisations à écriture, de Confucius à Barthes, en passant par Cicéron, Pétrarque et Freud. Mais peut-être vaut-il mieux le prendre comme une invitation à se détacher de l'existence ordinaire, pour entrer dans un autre rapport au monde et au temps. C'est un manuel de savoir-vivre. Ou de savoir-livre.
»




mardi 28 avril 2009

Le poids de la culture

Je serai bref, ne pouvant guère taper en raison d'une tendinite à la main droite. Je me la suis faite en déménageant mes livres dans une nouvelle bibliothèque que j'ai commandée à un artisan qui travaille -- merveilleusement -- l'acier pour loger mes Pléiades. Voilà ce que c'est que de vieillir.

mardi 21 avril 2009

Post politique


Mathieu LAINE, Post politique, JC Lattès, Paris, 2009 (286 pages).

Voici un petit essai d'économie qui veut réformer le politique. On sent à la lecture la fougue de l'auteur, jeune avocat, maître de conférences de droit et de philosophie politique à Science-Po, et ressend son envie d'en découdre avec les idées reçues dont on nous -- oi polloi -- rebat les oreilles. Et avec toutes les prétendues « ruptures » promises par les politiques à chaque campagne électorale. Je l'ai découvert en écoutant l'émission de France Culture, Du grain à moudre, en février dernier, et son ouvrage n'a pas pris trop de temps à franchir la Grande Mare atlantique.

N'étant pas très versé dans la « science » économique, j'ai apprécié son analyse de l'hypercrise et sa critique de la réaction du politique, dont il redoute qu'il ne soit davantage incendiaire que pompier. Et que ce ne seraient pas les banques qu'il faudrait pointer du doigt, ni l'absence de régulation, comme véritables responsables de la crise. Il est du côté du libéralisme, certes, mais pas du libéralisme bêtifiant affiché par certains politiques. Il cite même Keynes : « La difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées anciennes ». Le lecteur canadien sera, au passage, surpris de l'hommage rendu à l'ancien Premier ministre Jean CHRÉTIEN...

Fort intéressant également, le chapitre qui résume les « mythes fondateurs du monde "politique" » : socialisme, marxisme et droite réactionnaire. Selon lui, il est impératif de passer outre ces mythes car il n'est de solution ni du côté du dirigisme étatique, ni du côté du laisser-faire. L'État providence est à bout de souffle et, surtout, de ressources et nous conduit à la faillite; il importe donc de « réinventer l'interventionnisme » et repenser le rôle de l'État, certes, mais aussi celui des citoyens si nous voulons vraiment vivre dans une société libre et démocratique. C'est, selon l'auteur, du côté des États-Unis, avec les « nudges » de THALER et SUNSTEIN qu'il faudrait regarder.

Cela étant, le vieux bougon que je suis aurait aimé que quelqu'un du côté de l'éditeur relise l'ouvrage et polisse la prose un peu « brut de décoffrage », son plaisir en eut été, ainsi, plus complet.

J'ai, à ces quelques réserves près, l'impression d'avoir fort bien utilisé ces quelques heures de lecture, ne serait-ce que pour avoir rafraîchi quelques notions d'économie et de politique.

Pour d'autres détails sur l'auteur et un extrait du livre, jetez un coup d'oeil à cette page web : http://www.postpolitique.com/

samedi 18 avril 2009

Lecture en cours

Un horaire assez chargé, encore et toujours des travaux chez moi, a ralenti sinon ma lecture, du moins la rédaction du blog. Piètre excuse, on a toujours devant soi quelques minutes à grappiller, surtout quand il s'agit de perdre son temps.

Bref, je suis revenu aux essais :

Mathieu LAINE, Post politique, JC Lattès, Paris, 2009, (286 pages).

Pour plus de renseignements, voir la page web de l'auteur : http://www.postpolitique.com/
La prose est emportée, ce qui est normal vu la jeunesse de l'auteur, mais j'aime la façon dont il dresse le bilan de l'État providence et appelle une renaissance du politique.

Lucien JERPHAGNON, Les dieux ne sont jamais loin, Hachette Pluriel, Paris, 2006 (223 pages).

Présentation de l'éditeur

« Le présent essai revisite, de façon extrêmement vive et plaisante, les mythes de l’Antiquité (biblique, gréco-romaine et paléo-chrétienne). A travers cet inventaire, c’est une approche de la pensée mythique qu’il propose, allant de pair avec le constat de sa cruelle absence aujourd’hui.

» Les Anciens allaient et venaient du mythe à la philosophie, de la légende à l’histoire – et tout se passe comme si ces deux pôles antithétiques se nourrissaient l’un l’autre. Mais avec l’avènement du monothéisme judéo-chrétien, puis de l’islam, ce va-et-vient souple s’est, au fil des siècles, durci en deux pôles antithétiques, prétendant à la vérité de manière exclusive : la religion et la science. Partant, c’est l’intelligibilité même de la pensée antique qui nous a peu à peu échappé.

» L’auteur, spécialiste éminent de saint Augustin (pour qui « la vraie philosophie, c’est la vraie religion »), n’hésite donc pas à reprendre, avec humour et érudition, le chemin des mythes. Il nousinvite à entendre autrement ces légendes qui, au détour d’une histoire de déluge ou de métamorphose, nous plongent au cœur de l’homme. »

mardi 14 avril 2009

Un pays à l'aube - fin

Dennis LEHANE, Un pays à l'aube, traduit de l'anglais (É.-U.) par Isabelle MAILLET, Titre original The Given Day, Rivages/Thriller, Paris, 2009 (759 pages).

J'avoue avoir fait l'impasse sur une bonne centaine de page pour me rendre directement au dernier chapitre et à sa prévisible apocalypse. Je n'avais pas le choix, je devais rapporter le livre à la bibliothèque. Sans l'ombre d'un doute, cela fera un assez bon film pour peu qu'un SCORSESE s'y mette. Tous les personnages nécessaires à une fresque américaine sont là : Irlandais, Italiens, Blancs, Noirs, possédants, opprimés, terroristes, gangsters, et tous les ingrédients : amour, sexe, alcool, argent, violence, honneur et corruption.

Pour ce qui est du roman en tant qu'œuvre littéraire, j'avoue aussi que je me suis laissé prendre, même si l'omniprésence des dialogues m'a fort ennuyé. C'est écrit, mais y a-t-il du style ?

Bref, à voir si vous le pouvez, à lire si vous y tenez.

samedi 11 avril 2009

Citation

« Quand tous les calculs se révèlent faux, quand les philosophes eux-mêmes [et les économistes] n'ont plus rien à nous dire, il est excusable de se tourner vers le babillage fortuit des oiseaux, ou vers le lointain contrepoids des astres. »

Marguerite YOURCENAR, Mémoires d'Hadrien.

mardi 7 avril 2009

Un pays à l'aube

Dennis LEHANE, Un pays à l'aube, traduit de l'anglais (É.-U.) par Isabelle MAILLET, Titre original The Given Day, Rivages/Thriller, Paris, 2009 (759 pages).


Je poursuis la lecture du pavé de LEHANE sans grande conviction, mais avec un peu plus d'iintérêt. On sent les éléments de l'action se préciser : conflits entre noirs et blancs; conflits ouvriers; manipulation de l'information par les pouvoirs en place : obsession d'un complot anarchiste et communiste pour renverser la démocratie.

Mais tous ces dialogues me pèsent.

lundi 6 avril 2009

Déjà au cinéma


Dennis LEHANE, Un pays à l'aube, traduit de l'anglais (É.-U.) par Isabelle MAILLET, Titre original The Given Day, Rivages/Thriller, Paris, 2009 (759 pages).

On me dit, c'est un reproche à peine voilé, que mes lectures sont toujours « dans la tête » ou pis encore « intellectuelles ». Il est vrai que je ne ressens pas le besoin de commenter les « produits » dont les médias font déjà une abondante réclame.

Il m'arrive donc de lire des livres de pur divertissement. Et de les aimer.

Témoin le nouveau roman de Dennis LEHANE, déjà fort encensé notamment pour ses précédents Mystic River et Gone Baby Gone, adaptés par la suite au cinéma.

J'en suis rendu à peu près au tiers de cette fresque bostonnienne qui commence à la fin de la Grande Guerre et déjà je devine la version cinématographique -- et même la distribution. Pour tout dire, tout en apréciant l'intrigue, j'ai la fâcheuse impression de lire un scénario bien plus qu'un roman. Tout y est, les plans et les dialogues.

Donc un certain plaisir, mais « ça ne décolle pas » : à suivre dans quelques jours.

mercredi 1 avril 2009

Il faut bien en rire

Patrick RAMBAUD, Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier, Grasset, Paris, 2009 (180 pages).

Pour me reposer de ces récentes et fort sérieuses lectures, à l'heure même où le le Très Précieux de la France s'agite devant les micros à Londres avec des mines de diafoirus au chevet du capitalisme, je vais me te vous la lire cette deuxième chronique de son règne.

Rapportant le livre de la bibliothèque, je me disais in petto qu'ils sont bien chanceux, les cousins Français, d'avoir un tel sire. Les nôtre, de sires, sont bien tristes, et n'attirent guère les chroniqueurs et n'inspirent aucun pastiche. À peine les caricaturistes, il faut bien remplir sa case quotidienne.

mardi 31 mars 2009

Retour sur la question libérale



Jean-Claude MICHÉA, La double pensée - Retour sur la question libérale, Champs Essais, Paris, 2008 (277 pages)

Pascal BRUCKNER, Jean-Claude MICHÉA, Alain FINKIELKRAUT, Répliques « Les valeurs de l'homme contemporain », Éditions du Tricorne, Genève, 2001 (63 pages)

Le petit recueil de MICHÉA constitue, en quelque sorte, une suite à son essai de 2007 L'Empire du moindre mal, ouvrage que chacun qui s'intéresse à une pensée originale sur la société libérale devrait lire. C'est aussi grâce à MICHÉA que j'ai découvert le philosophe américain Christopher LASCH, un des penseurs anti-libéraux les plus originaux de la fin du siècle dernier, et dont l'oeuvre, en français du moins, commence à être connue.

Ce recueil se compose de sept textes d'une longueur variable, pour certains déjà parus, ou constituant, pour l'un, la retranscription d'une émission de radio -- c'est dans celle-ci que l'on en apprend le plus sur le parcours de MICHÉA --, les autres étant inédits.

Ils apportent, pour l'essentiel, quelques clarifications aux thèses de l'auteur sur le libéralisme et ses deux piliers, le marché et l'État de droit. Clarifications également sur les origines historiques du libéralismes, ainsi que sur ses dérives contemporaines, qu'elles soient de droit ou de gauche.

Selon l'auteur, il est désespérant de constater que la gauche, et même l'extrême gauche (il parle de la France, le Canada n'a pas de « gauche » hormis quelques groupuscules) est pour l'essentiel inféodée à l'idéologie libérale; tout au plus souhaite-t-elle une répartition plus équitable des « fruits de la croissance », assaisonnée d'un zeste de démocratie participative. Il cite Rosa LUXEMBOURG : « L'essentiel, ce n'est pas que les esclaves soient mieux nourris; c'est d'abord qu'il n'y ait plus d'esclaves ». On est bien loin, en effet, du programme tout gentil des mouvements tels Québec solidaire...
«... aucun démontage cohérent du mécanisme libéral ne pourra être sérieusement envisagé tant que l'on refusera de remettre en question l'ensemble des manières de vivre aliénées qui sont structurellement liées à l'imaginaire capitaliste d'une croissance et d'une consommation illimitées. »
Et, qui s'en douterait, c'est du côté de George ORWELL que pourrait se trouver la solution...

L'autre livre est la transcription de l'émission Répliques où Alain FINKIELKRAUT recevait, outre MICHÉA, Pascal BRUCKNER pour son livre L'euphorie perpétuelle : Essais sur le devoir de bonheur. Vivifiante discussion.