Jean-Claude MICHÉA, La double pensée - Retour sur la question libérale, Champs Essais, Paris, 2008 (277 pages)
Pascal BRUCKNER, Jean-Claude MICHÉA, Alain FINKIELKRAUT, Répliques « Les valeurs de l'homme contemporain », Éditions du Tricorne, Genève, 2001 (63 pages)
Le petit recueil de MICHÉA constitue, en quelque sorte, une suite à son essai de 2007 L'Empire du moindre mal, ouvrage que chacun qui s'intéresse à une pensée originale sur la société libérale devrait lire. C'est aussi grâce à MICHÉA que j'ai découvert le philosophe américain Christopher LASCH, un des penseurs anti-libéraux les plus originaux de la fin du siècle dernier, et dont l'oeuvre, en français du moins, commence à être connue.
Ce recueil se compose de sept textes d'une longueur variable, pour certains déjà parus, ou constituant, pour l'un, la retranscription d'une émission de radio -- c'est dans celle-ci que l'on en apprend le plus sur le parcours de MICHÉA --, les autres étant inédits.
Ils apportent, pour l'essentiel, quelques clarifications aux thèses de l'auteur sur le libéralisme et ses deux piliers, le marché et l'État de droit. Clarifications également sur les origines historiques du libéralismes, ainsi que sur ses dérives contemporaines, qu'elles soient de droit ou de gauche.
Selon l'auteur, il est désespérant de constater que la gauche, et même l'extrême gauche (il parle de la France, le Canada n'a pas de « gauche » hormis quelques groupuscules) est pour l'essentiel inféodée à l'idéologie libérale; tout au plus souhaite-t-elle une répartition plus équitable des « fruits de la croissance », assaisonnée d'un zeste de démocratie participative. Il cite Rosa LUXEMBOURG : « L'essentiel, ce n'est pas que les esclaves soient mieux nourris; c'est d'abord qu'il n'y ait plus d'esclaves ». On est bien loin, en effet, du programme tout gentil des mouvements tels Québec solidaire...
«... aucun démontage cohérent du mécanisme libéral ne pourra être sérieusement envisagé tant que l'on refusera de remettre en question l'ensemble des manières de vivre aliénées qui sont structurellement liées à l'imaginaire capitaliste d'une croissance et d'une consommation illimitées. »Et, qui s'en douterait, c'est du côté de George ORWELL que pourrait se trouver la solution...
L'autre livre est la transcription de l'émission Répliques où Alain FINKIELKRAUT recevait, outre MICHÉA, Pascal BRUCKNER pour son livre L'euphorie perpétuelle : Essais sur le devoir de bonheur. Vivifiante discussion.
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