mardi 21 avril 2009
Post politique
Mathieu LAINE, Post politique, JC Lattès, Paris, 2009 (286 pages).
Voici un petit essai d'économie qui veut réformer le politique. On sent à la lecture la fougue de l'auteur, jeune avocat, maître de conférences de droit et de philosophie politique à Science-Po, et ressend son envie d'en découdre avec les idées reçues dont on nous -- oi polloi -- rebat les oreilles. Et avec toutes les prétendues « ruptures » promises par les politiques à chaque campagne électorale. Je l'ai découvert en écoutant l'émission de France Culture, Du grain à moudre, en février dernier, et son ouvrage n'a pas pris trop de temps à franchir la Grande Mare atlantique.
N'étant pas très versé dans la « science » économique, j'ai apprécié son analyse de l'hypercrise et sa critique de la réaction du politique, dont il redoute qu'il ne soit davantage incendiaire que pompier. Et que ce ne seraient pas les banques qu'il faudrait pointer du doigt, ni l'absence de régulation, comme véritables responsables de la crise. Il est du côté du libéralisme, certes, mais pas du libéralisme bêtifiant affiché par certains politiques. Il cite même Keynes : « La difficulté n'est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées anciennes ». Le lecteur canadien sera, au passage, surpris de l'hommage rendu à l'ancien Premier ministre Jean CHRÉTIEN...
Fort intéressant également, le chapitre qui résume les « mythes fondateurs du monde "politique" » : socialisme, marxisme et droite réactionnaire. Selon lui, il est impératif de passer outre ces mythes car il n'est de solution ni du côté du dirigisme étatique, ni du côté du laisser-faire. L'État providence est à bout de souffle et, surtout, de ressources et nous conduit à la faillite; il importe donc de « réinventer l'interventionnisme » et repenser le rôle de l'État, certes, mais aussi celui des citoyens si nous voulons vraiment vivre dans une société libre et démocratique. C'est, selon l'auteur, du côté des États-Unis, avec les « nudges » de THALER et SUNSTEIN qu'il faudrait regarder.
Cela étant, le vieux bougon que je suis aurait aimé que quelqu'un du côté de l'éditeur relise l'ouvrage et polisse la prose un peu « brut de décoffrage », son plaisir en eut été, ainsi, plus complet.
J'ai, à ces quelques réserves près, l'impression d'avoir fort bien utilisé ces quelques heures de lecture, ne serait-ce que pour avoir rafraîchi quelques notions d'économie et de politique.
Pour d'autres détails sur l'auteur et un extrait du livre, jetez un coup d'oeil à cette page web : http://www.postpolitique.com/
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