jeudi 9 septembre 2010

Reprise : La dent dure

Jean-Paul CARMINATI, La concordance des dents, Points Virgule n° 15, Paris, 2001 (158 pages).

Qui n’a pas, dans une salle d’attente vert aquarium, trituré un magazine désuet avec la photo de quelque Céline, Johnny ou autre GRIMALDI les doigts moites d’angoisse, l’oreille aux aguets et le cœur battant la breloque ? Chez le dentiste. Où l’on se dit que, tout compte fait, on aimerait mieux marcher sur des charbons ardents dans une ordalie que de sentir encore une fois la fraise – et pas de celles du printemps – contre sa dent.

Or voici que Jean-Paul BERGAMO, notre héros, qui n’a même pas vingt ans, se fait confirmer par son dentiste que sa bouche fout le camp. Dents, gencives, mâchoires, tout est de guingois et s’en va à vau-l’eau. Il sera condamné à brève échéance à sucer ses pâtes ALTEAF (à la tomate et au fromage), ce qui est un comble, et à avoir un profil à la Voltaire.

D’où la nécessité d’une chirurgie et de traitements d’orthodontie. Extractions, fils de fer, appareils de rétention, alimentation liquide, milk-shake au camembert et la valse, autour de sa bouche, et pourquoi pas de son nez, tant qu’à y être, de tous les spécialistes compétents.

« Ça fait mal, hein ? » dit l’assistante à chaque rendez-vous. De quoi vous décourager de siffler le premier mouvement de la partita pour flûte seule de Bach. Mais pas de lire ce court roman.
Présentation de l'éditeur
« "En me réveillant, vers 23h45, j'ai pensé comme ça : Bergamo, ta bouche fout le camp. " À l'origine, c'est une simple négligence : une dent en avant qu'on feint d'ignorer, des parents trop occupés pour prendre rendez-vous chez le dentiste. Quinze ans plus tard, c'est un cauchemar qui commence. Mais un cauchemar burlesque. Adieu spaghetti qu'on aspire et mélodies qu'on sifflote gaiement ! Livré pieds et poings liés aux mains du corps médical, le visage déformé par les appareils dentaires, Bergamo découvre à ses dépens que la vie ne tient parfois qu'à une dent... Des passages irrésistibles de drôlerie, d'autres poignants et inquiétants, une écriture très maîtrisée, maniant avec beaucoup d'élégance la distance et le second degré. Une surprenante exploration de la condition humaine par la face dentaire. »

Aucun commentaire: