vendredi 16 septembre 2011

L'Écume des flammes

Richard BURGIN, L'Écume des flammes, traduit par Guillaume Rebillon, 13e note éditions, Paris, février 2011 (352 pages). 

Ce recueil regroupe des nouvelles parues dans diverses publications, on y trouve aussi le texte d'un entretien avec Jorge Luis BORGES et quelques autres textes. Il comporte en outre une préface de l'auteur pour l'édition française et une postface d'Eric Miles WILLIAMSON.

Pour qui suit ces pages, ma dilection pour la nouvelle, mes auteurs favoris étant, pour la France, Daniel BOULANGER, Roger GRENIER et Marcel AYMÉ. L’Amérique compte aussi bon nombre de très grands « nouvellistes », Henry James au premier rang. Angelo RINALDI, mon modèle en critique -- si tant est que je fasse de la critique --, tient que le genre, pour la France, s'est éteint avec GOBINEAU, exception faite, concède-t-il de Paul MORAND, les autres donnant dans le récit, ce qui, selon lui, est tout autre chose : « La nouvelle est à la photographie d'un moment de crise, vers lequel chaque phrase nous achemine sans traîner ni prétendre, en route, épuiser tout ou partie du mystère des personnages, à l'inverse du roman. (1) »

En l'espèce, il n'y a aucun doute que les textes de Richard BURGIN sont bel et bien des nouvelles, et d'un vérisme sans concession. Pas de joliesse dans ces personnages, pas de délicatesse dans l'histoire, on est, à la limite du sordide : « La race humaine refuse généralement de reconnaître à quel point elle est effrayée et tourmentée », nous dit l'auteur. On est dans le tunnel, pas de sortie, partant, pas de lueur en vue; pourtant j'ai été tenu et, onze fois, surpris par la chute -- de la nouvelle. J'ai éprouvé avec ce recueil cette coupable délectation que l'on a quand on s'abandonne à quelque péché délicieux, comme la gourmandise, qui nous fait manger, contre toute raison, un bol complet de cerises ou tout une boîte de petits-beurre. Mais, pour moi, je finis toujours par m’accommoder de ce genre de culpabilité.

À lire d'une traite, donc. Ou avec retenue, au choix.

Un reproche toutefois : ce livre n'est pas un très bel objet, j'entends qu'il n'est pas d'une très belle facture. Et rien ne m'agace plus que de trouver un point d'interrogation au début d'une ligne. 


Présentation de l'éditeur :
« Richard Burgin est un conteur né. Grâce à sa science du « détail qui fait mouche », à une narration solide et sans fioritures, sans gymnastique avant-gardiste mais avec une grande finesse, Burgin est le chef d’orchestre sobre et magistral d’un opéra mettant en scène des personnages déçus et abîmés par la vie, en quête désespérée de sentiments réels. Suggérant des abîmes de perversité, distillant une angoisse d’autant plus intense que subtile, il sonde les profondeurs de la psyché américaine et nous révèle l’ampleur du désastre. Des récits sertis dans une prose singulière et élégante, par l’un des meilleurs storytellers contemporains.»
(1) Angelo RINALDI, Service de presse, p. 522.

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