vendredi 16 novembre 2012

Prendre le large

André MAJOR, Prendre le large - Carnets 1995-2000, Boréal, Montréal, 2012 (229 pages).

« Dans les pages qui suivent, il y a des lectures, beaucoup même -- car pour moi "lire c'est vivre"...»

Voilà une phrase tirée du Prélude qui ouvre le livre qui m'aura séduite, tant j'y adhère, mes propres pages virtuelles étant en quelque sorte mon propre billet pour le large. Lequel livre prendra place parmi la pile de ma table de nuit, avec notamment les Chroniques de la Montagne de Vialatte. Que l'on fréquente à petites pages, comme le sentier sans nécessité d'allonger le pas, tant il est vrai qu'avec de tels compagnons, jamais ne pèsera la solitude nocturne tant redoutée du célibataire -- j'entends la solitude que lui prête qui craint de ne pouvoir se supporter et se précipite dans la solitude à deux.
« Certains jours, je trouve si peu à dire que je dois ouvrir un livre pour émerger d'un quotidien exsangue et me replonger dans le vivifiant courant d'une pensée. Si j'ai bien choisi mon livre, je retrouve une sorte d'équilibre et le goût de vivre. »
Bienvenue chez moi, beau voyageur.

Présentation de l'éditeur :
« Comme tout un chacun, je ne suis pas un homme comme les autres », écrit André Major en présentant ce nouveau volume composé à partir des carnets personnels qu’il a tenus entre 1995 et 2000. Ne pas être tout à fait comme les autres et ressembler à tout un chacun : si paradoxale qu’elle paraisse, n’est-ce pas là, au fond, la définition la plus exacte de l’écrivain, individu absolument et radicalement singulier, mais qui se sait porteur de la condition la plus commune, celle de l’humanité vivant, souffrant, jouissant et mourant au milieu d’un monde qui est à la fois sa patrie et son exil ?

Chez André Major, c’est avant tout aux lectures (des romanciers nordiques, en particulier), aux paysages (collines, forêts et lacs des Laurentides) et aux êtres proches (ses vieux parents, notamment) qu'appartient le privilège d’ordonner la suite des jours et d’en faire cette œuvre la plus humble et la plus belle qui soit : une simple vie humaine.

Au début de ces carnets, l’auteur arrive au milieu de la cinquantaine. C’est l’âge du détachement et de l’ouverture. Détachement de soi-même et des ambitions de jadis ; retraite à l’écart de la comédie sociale; repli sur l’essentiel; conscience de la fin qui approche. Mais ouverture, en même temps, à la beauté préservée de la nature, des êtres et des livres, d’autant plus proche et précieuse qu’elle représente tout ce qui importe désormais pour celui qui s’est éloigné, pour le déserteur qui ne demande plus qu’à « prendre le large ».

Écrit dans une prose aussi limpide que dépouillée, d’une modestie et d’une justesse incomparables, cette chronique d’un homme « pas comme les autres » est en même temps le roman de « tout un chacun » d’entre nous, ses semblables, ses frères. »

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