dimanche 3 décembre 2006

Peep Show de Marie Brassard

Les grands vins, et même de moins grands, ont presque tous leur second cru, ce qui permet aux consommateurs de se procurer un produit quand les premiers sont inabordables. À la scène, la nébuleuse Robert Lepage a engendré Marie Brassard.

Je demeure, pour ma part, étonné de la réception par la critique montréalaise de Peep Show, millésime 2006 de Marie Brassard, qui poursuit sur la lancée de Jimmy, créature de rêve et de La noirceur. Quoi ? Le propos, difficile de parler d'argument, est mince : variations circulaires sur le conte du Petit chaperon rouge et ses avatars contemporains de tous sexes et de toutes orientations. Il en résulte une suite de clichés et de lieux communs donnée sur tous les tons par une voix-machine. Le rendu de la relation homosexuelle est l'exemple le plus frappant ; on se croirait dans un sketch de bout de l'an produit naguère par la Grand Jaune. S'ennuie-t-on autant au théâtre dans le 514 ?

Le spectacle est toujours assujetti à la technique. Ainsi il est conseillé au spectateur de ne pas s'asseoir trop près car alors il entendra les deux voix, celle de Marie Brassard, et celle du personnage qu'elle veut suggérer, la voix de celle-ci étant une sorte de pré-écho qui, hélas, dissipe toute magie; dur, dur pour l'émotion.

Ne doutons pas des bonnes intentions de la créatrice, mais, sur scène comme au roman, celles-ci ne suffisent pas -- elle nuisent plutôt -- à engendrer une oeuvre. Mais l'époque aime le spectacle, et les images. Peep Show réussit tout au moins à faire de nous des voyeurs, car, tout comme celles vues à la dérobée dans de sombres stalles, les images offertes par Marie Brassard assouvissent, chez le spectateur un certain désir, avec une facilité certaine, mais l'assouvissement demeure triste.

En conclusion, on reste sans voix...

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