Certes, le style est vif, et le récit défile à bonne vitesse, mais les métaphores sont, non pas appuyées, mais comme soulignées. Ainsi, au début, on assiste, avec Hasselbank, un des deux protagonistes, à un visionnement d'un film finlandais où une voix dit :
Dans ce noir, je vous regarde, les uns et les autres, je vous observe. Et malgré l'obscurité, je vous vois tes que nous sommes, tous : nus, menteurs, mesquins, vivants et inquiets. Réfléchissez à tout cela et demandez-vous pourquoi nous vivons ainsi. Dans la peur de ce qui nous attend. Pourquoi ne connaissons-nous pas la paix ? Pourquoi sommes-nous toujours plus petits que nous mêmes ? Pourquoi le Mal est-il à ce point ancré en nous ?Nous voici avertis. Et pour être certain que nous allons comprendre, un autre visionnement nous décrit, dans Aguirre ou la colère de Dieu, le massacre à coup de flèches et de lances des soldats de Klaus Kinski-Aguirre, pendant que notre Hasselbank de héros se fait branler.
Comme il est atteint d'une grave maladie dégénérative, il a souvent recours à des injections. Seringue, aiguilles.
Si un auteur insiste sur un accessoire -- ici les arcs et les flèches, c'est qu'avant la fin du dernier acte, quelqu'un va s'en servir. Au roman comme au théâtre.
Nous sommes donc prévenus dès les tout premiers chapitres de l'inéluctable dénouement. C'est cette insistance, et chacun des indices qui font du récit un parcours fléché, qui ont diminué le plaisir de lire; ce n'est pas tant de connaître la fin qui agace, mais la faiblesse du développement par excès de précision. Ainsi cette scène très violente de lutte extrême, qui semble une attraction fort répandue dans les villes moyennes de l'Amérique et du Canada profonds. Flèches et sang.
Et pour bien enfoncer le clou : Robertson, l'autre protagoniste, s'est fait greffer le coeur d'un meurtrier; comme chacun sait, le coeur est ce qui marque l'identité de la personne... dont acte. Il est chasseur, opérant, comme il se doit, à l'arc et au couteau. Noblesse de l'animal, destin inéluctable.
Il y aura évidemment confrontation dans le cadre d'un huis clos provoqué par une violente tempête de neige, puis le dénouement arrivera, rouge sur blanc.
En conclusion, l'affaire est bien menée, et le roman mérite qu'on le lise, mais ce ne sera qu'un petit plaisir de lecture.
Jean-Paul DUBOIS, Hommes entre eux, Éditions de l'Olivier, Paris,2007 (232 pages).
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