samedi 4 juin 2011

Écrivains en robe de chambre


François BOTT, Écrivains en robe de chambre : histoires littéraires, La Table ronde (poche), Paris, mars 2010 (280 pages).

Égaré sur les tablettes des nouveautés Langue et littérature de la bibliothèque, il est arrivé avec lenteur ce recueil d'histoires littéraires de François BOTT, un des mes plus ou moins confidentiels auteurs préférés, et qui ne rajeunissent pas -- il est né en 1935, ce qui en fait presque une jeunesse si on le compare à mes autres favoris qui sont tous, eux, nonagénaires --, ce qui ne laisse pas de m'inquiéter, moi qui suis enclin à l'inquiétude, car qui donc leur succédera ?

En robe de chambre donc : ne vous attendez toutefois pas à des récits « pipole », ça n'est pas le genre de la maison, mais à autant de croquis presque chuchotés sur une petite quarantaine d'écrivains du XXe siècle, français pour la plupart. On voit que l'auteur aime la légèreté chez ses écrivains, quoiqu'il y en a quelques uns, CIORAN et GENÊT notamment, qui sont dans la catégorie poids lourds, mais tous ont, lui au premier titre, un amour de la langue française -- de sa grammaire -- et de sa clarté, telle qu'elle rayonnait dans la première moitié de ce siècle douloureux. Oui, chaque croquis est comme une petite nouvelle qui nous donne à voir non pas l'intimité personnelle de ces écrivains, fors certains repères biographiques, mais leur intimité d'auteur, leur style.

Le drame, pour moi, est que cet exercice si agréable de lecture qui me fait découvrir des auteurs et des titres peu ou mal connus, ajoute à ma liste déjà nombreuse de « à lire »; devrais-je quitter le monde ? Pis, je voudrais les avoir tous déjà lus, tant ils me semblent, sous la plume joyeuse de BOTT, à la fois indispensables et importants.

Chose certaine, ma vieillesse ne sera pas oisive, mais sans nul doute délicieuse.

Présentation de l'éditeur :

« Il a traversé le siècle avec son éternel mégot, et son fantôme déambule encore dans Paris, faisant l’éloge des passions de jeunesse ou le procès (narquois) des empêcheurs de vivre. Avec une antipathie particulière pour les amiraux, et beaucoup d’affection à l’égard des plombiers-zingueurs… »

Ces deux phrases, merveilleuses de précision et de concision, ressuscitent Prévert. Il en va de même pour la quarantaine d’écrivains réunis dans ce recueil de portraits et de chroniques : les voici croqués sur le vif, de Marcel Aymé à Léon Werth, en passant par Raymon Chandler, Joseph Kessel ou Boris Vian. Entrer dans leur intimité, les découvrir « en robe de chambre », ne retire rien à leur œuvre, bien au contraire : comme l’écrit François Bott dans sa préface, « sous l’influence de leurs écrits, la vie des auteurs revêt, en effet, les apparences et les couleurs d’une mythologie ».

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