Lors d'un dîner samedi dernier, alors que chacun y allait de conseils de lectures, le roman de RAHIMI a été mentionné, et je me suis souvenu que je l'avais commenté lors de sa parution en 2000. Il a depuis été réédité chez le même éditeur.
Atiq RAHIMI, Terre et cendres, traduit du persan (Afghanistan) par Sbrina NOURI, P.O.L., Paris, 2005 (93 pages) – Titre original Khâkestar-o-khak, Éditions Kharavan, Vincennes, 1999. DASTAGUIR a pris la route. Il est accompagné de son petit-fils, YASSIN. Il va voir son fils MOURAD qui travaille, là-bas, à la mine. Là-bas, loin du village. DASTAGUIR est porteur d’une nouvelle pour son fils : comment la lui annoncer est l’histoire de ce bref et douloureux roman.
YASSIM dit : « La bombe était très forte. Elle a tout fait taire. Les tanks ont pris la voix des gens et sont repartis. Ils ont même emporté la voix de grand-père. Grand-père ne peut plus parler, il ne peut plus me gronder... ». YASSIM n’entend plus.
Rude et sobre, le style d’Atiq RAHIMI, exilé en France depuis 1985, pour dire la guerre ; mais la guerre n’est pas dite, non, elle est ressentie par les personnages, différemment selon qu’ils sont enfants, adultes ou vieillards. La prose vit la guerre avec eux, et nous prend dans l’attente de DASTAGUIR sur le bord du chemin, près du pont. Avec le message qu’il faut transmettre à MOURAD.
Il est cruel de penser que l’exil et la guerre peuvent être nécessaires à l’écrivain – HUGO à Guernesey devant la mer – pour transcender un fait divers : la condition humaine. On aura compris, même si les mots pour l’évoquer ne coulent pas de source, tout le bonheur que la lecture de ce roman procure.
Rappelons que l'auteur a lui-même adapté ce roman au cinéma.
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