Un peu plus tard, le jour étant venu, je termine à la terrasse d'un café du centre-ville, que mon imagination peine à transporter sur la Croisette, la lecture du narré de la version intime des douze jours de la version 2006 du Festival de Cannes.
Lequel me semble bien plus réussi que le précédent La mauvaise vie, que j'avais néanmoins recommandé à mes amis. Où l'on suit les jours et les nuits, les premiers se passant pour l'essentiel à la seule lumière des projections, l'auteur en « satellite mineur » d'une constellation de vraies et de fausses étoiles qui nous ouvre, comme autant de poupées russes, sa boite à souvenirs de cinéphile et d'amoureux perpétuellement déçu.
De projections en soirées, de strass en paillettes, « Vous ne trouvez pas qu'ils sont tous effroyablement vulgaires ? », c'est un monde à la fois illusoire et cruel qui nous est dévoilé, Mitterrand n'épargnant pas Frédéric, avec une perversité qui, à la longue, m'a paru un peu complaisante, mais tellement élégante, que j'hésite devant les passages à citer.
Élégance dans la cruauté qui lui fait prêter à un tiers -- son fils pourtant -- un coup de griffe à Gérard Depardieu pour sa prestation dans Quand j'étais chanteur, lequel n'est plus « qu'un gros bateleur qui s'agite sur l'écran en déplaçant des volutes de poussière ».
Et c'est avec lucidité qu'il constate que de tous ses bagages, c'est sans doute la valise à regrets qui, au bout du compte, importe le plus quand s'éteint le dernier projecteur.
Pour moi, c'est le retour au pesantes et si mal nommées Bienveillantes...
Frédéric MITTERRAND, Le Festival de Cannes, Robert Laffont, Paris, 2007 (257 pages)
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